La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 201-202).

NATURE DE NOVEMBRE

Au poète Édouard Grenier.



Nature de novembre et chère au chrysanthème,
Fleur de teinte adoucie et de moindre parfum ;
Nature de Toussaint et de tout deuil, je t’aime
Dans ta beauté fragile et ton éclat défunt.

Car tu te sens mourir et tu souris quand même ;
Et tes attraits, en vain, se fanent un par un,
Ton soleil te courtise avant l’adieu suprême
Et, d’obliques rayons, frange ton manteau brun.

Là-bas, sur les coteaux, s’enfuit vendémiaire,
Mais sur tes pampres veufs reste un peu de lumière ;
Et tes verts sont éteints, mais deviennent des ors,

Et tu tiens en réserve, ô très noble victime,
Pour le cœur des vivants une allégresse ultime,
Comme d’ultimes fleurs pour la tombe des morts.