La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 200).

LE « LAC D’AMOUR » À BRUGES

À Franz Raiwez.



Le « lac d’Amour » ! Ce nom me surprit tout d’abord ;
Car ici n’a pleuré nul immortel poète ;
Elvire, une autre plage a vu ta silhouette,
Ta lampe d’or, Héro, luit sur un autre bord.

Mais, vivant pour Dieu seul, et pour la terre mort,
Un placide couvent, tout près de l’eau quiète,
Brûlait d’une ferveur extatique et muette.
Ô flamma suavis, fortunatus amor !

Et lors, je compris tout. C’était le béguinage
Qui fit à cet endroit, mystique parrainage,
Si poétiquement baptiser le canal.

Les colombes du Christ, roucoulantes voisines,
D’invisibles baisers peuplent l’étang banal ;
Et le vrai lac d’Amour… c’est le cœur des béguines.