La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 199).

DEUX IMPÉRATRICES

élisabeth et eugénie
À Mademoiselle Blaze de Bury.



Au riant cap Martin les mornes souveraines
Venaient, sœurs de douleur et sœurs de cette mer ;
Car ainsi que ces flots elles furent sirènes,
Et leur cœur ainsi qu’eux est un abîme amer.

Leur manteau de joie à l’impériale traîne
Flamba, soudain touché d’une flamme d’enfer ;
Et, sous les bagues d’or, leur main si pâle égrène
Un rosaire de pleurs aux dizaines de fer.

Et maintenant, dressez une prompte civière,
Car un poignard guettant la rose de Bavière
Près d’un lac helvétique a tranché son destin.

Et l’autre, encor plus triste et dès lors sans compagne,
Ira s’effeuiller seule aux bords du lac latin,
Lamentable et fané chrysanthème d’Espagne !