La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 170-172).

PREMIÈRE COMMUNION

À ma filleule Isabelle H…



Laissez venir à moi tous ces petits enfants »,
Disait-Il autrefois, familial et tendre ;
Et de nos jours encor le Pasteur aime tendre
À ses chères brebis ses deux bras réchauffants.

Aux plus jeunes, aux plus craintives, aux plus frêles
Il fait surtout appel, et les prend sur son sein ;
Et, de son tabernacle, il sourit à l’essaim
Des jeunes filles, ses timides tourterelles.

Chaque année, au printemps, ineffable glaneur,
Il descend ici-bas pour faire ses cueillettes
De lys immaculés et de tendres fillettes,
Dans les pieux couvents, ces jardins du Seigneur.

Laisse-toi donc cueillir et réponds confiante,
Toi, l’enfant de la terre, à sa divine voix ;
Toi qui vêts ce matin pour la première fois,
La robe aux plis neigeux de la communiante.


Moi, je suis ton parrain ; mais ton époux, c’est Lui ;
À ta virginité le roi des cieux lui-même,
— Jour de noce plus beau que le jour de baptême ! —
Pour demain, pour toujours, se marie aujourd’hui.

Car tu n’étais qu’au seuil de sa maison sacrée…
Mais achevant le don et complétant l’hymen,
Avec dilection il te prend par la main
Et lui-même à sa table il te guide et t’agrée.

À l’immortel banquet de son peuple chrétien,
Il te donne une place, ô tremblante convive,
Car ainsi que le corps, il veut que l’âme vive…
Oh ! sois d’abord une âme, et le reste n’est rien.

Sois une âme avant tout, et par surcroît, le reste
À son heure viendra, lorsqu’en toi brilleront
Les grâces de l’esprit et les grâces du front,
Ces terrestres parfums de l’âme, fleur céleste.

Songe, petite amie, à cette fleur des cieux.
Fais plier au devoir sa tige obéissante ;
Et que Jésus aimant sa corolle innocente,
Descende y composer son miel délicieux.

Enrichis d’amour pur ses jeunes étamines ;
De suave candeur sache l’environner ;
Et laisse dans ton cœur jour à jour s’égrener
Le tendre chapelet des vertus féminines.


Sois la violette humble et douce — la douceur
C’est la vocation des femmes sur la terre —
Et qu’à l’eau de bonté qui seule désaltère
S’arrose ton calice et s’étanche ton cœur.