La Pupille (1842)
Traduction par Sara de La Fizelière.
Hachette (p. 147-157).


CHAPITRE XIX.


Miss Martin Thorpe avait été en effet fort occupée ; car, tout en voulant meubler ses deux chambres le plus élégamment possible, elle cherchait tous les biais imaginables pour dépenser très-peu d’argent : aussi se voyait-elle, avec chagrin, obligée de prendre un sommelier et une autre servante. Quant à la laiterie, la cuisinière, assurait-elle, pouvait bien en prendre la direction, parce qu’elle ne voulait pas souffrir que sa maison fût remplie de domestiques. Aussi, quand mistress Barnes lui représenta que, pour une si grande famille, une laveuse à demeure était très-nécessaire, l’héritière répliqua-t-elle qu’au contraire, lorsque deux familles étaient réunies dans une habitation, il valait beaucoup mieux envoyer le linge à la blanchisseuse, afin que chacun payât le sien.

Quand toutes ces ennuyeuses nécessités furent enfin réglées, miss Martial Thorpe fit prier son notaire, M. Westley, de venir dîner avec elle, afin qu’elle pût lui parler d’une affaire très-importante.

M. Westley arriva à l’heure fixée par sa cliente, et s’étant mis à table, ils causèrent de choses insignifiantes jusqu’au moment où les domestiques ayant fini leur service, ils se retrouvèrent seuls et très-bien disposés par une excellente chère.

« Je vous ai fait appeler, monsieur, dit enfin Sophie, au sujet d’une petite maison qui se trouve dans mon parc, à une centaine de mètres de mon château. C’est une très-jolie habitation ; mais, si je ne puis rien en retirer, mon avis serait de la faire démolir et d’en vendre les matériaux.

— Mais je suppose que vous savez, miss Martin Thorpe, que vous n’avez pas le droit d’y toucher tant que le vieil Arthur Giles vivra ?

— Pas le droit de toucher à ce qui m’appartient ? reprit Sophie en fronçant les sourcils, comme elle le faisait toujours lorsqu’elle était mécontente.

— Je ne veux pas dire que vous ne puissiez pas y aller, vous y promener et même vous y asseoir ; mais j’entends que non-seulement vous ne pouvez pas la démolir, mais qu’il ne vous est même pas permis de la louer à un autre.

— Voilà qui est stupide ! Je ne comprends pas qu’on fasse des arrangements aussi insupportables pour ceux qui viennent après vous, reprit Sophie avec dépit ; cette maison est beaucoup trop jolie pour ce vieux valet ! Mais êtes-vous sûr qu’elle soit à lui sa vie durant ?

— L’acte est régulièrement enregistré, ainsi que celui qui lui assure une rente de cent guinées qui, de même que la maison, reviendrait à sa femme s’il mourait avant elle. Je crois qu’il serait difficile de vous en débarrasser.

— Je ne le demanderais pas s’il me donnait un joli loyer pour ma maison. Certainement, avec toutes mes charges, le soutien de la famille de mon tuteur pendant ma minorité, et l’obligation d’envoyer jusqu’à Londres chercher la moindre chose, car ce pays est vraiment des plus incommodes, je finirai par n’avoir plus rien pour vivre, et il me semble que si je recevais vingt guinées par an, ce qui ne serait vraiment pas la valeur de cette jolie maison, cela me ferait grand plaisir et m’aiderait un peu dans mes embarras.

— Tenez-vous tranquille, miss Martin Thorpe ; soyez sûre que vous pourrez vous tirer d’affaire sans difficultés : ce pays-ci est, au contraire, très-agréable, et je suis bien persuadé que mistress Barnes se chargera de vous procurer tout ce que vous voudrez, sans envoyer à Londres pour cela.

— Vous vous trompez, monsieur, mais là n’est point la question. Il est tard, et je craindrais d’abuser de votre complaisance : si vous prenez du café, vous en trouverez au salon. »

En parlant ainsi, Sophie s’était levée, et, après avoir aussi poliment renvoyé son invité, elle sortit sans s’occuper davantage de lui.

Le fruit des méditations de l’héritière fut une visite au vieux serviteur Arthur Giles : c’était la seconde qu’elle lui faisait depuis son arrivée. La première s’était assez mal terminée ; mais cette fois-ci la jeune châtelaine souhaita très-gracieusement le bonjour aux deux vieillards en entrant chez eux, et leur dit de sa voix la plus douce :

« Je désirerais vous parler, monsieur Giles, à propos de la toiture de votre maison. On m’a dit qu’il y aurait des réparations à faire et que, du reste, la maison ne tenait plus du tout et menaçait ruine. Il vaudrait mieux pour vous la quitter dès à présent. Je consentirais volontiers à vous donner cinq cents guinées pour vous loger ailleurs dans le village. Si, au contraire, vous n’y consentiez pas, je serais obligée de faire réparer la maison de fond en comble, parce que, comme vous n’en êtes propriétaires que votre vie durant, et qu’à votre mort la maison me reviendra, je ne puis la laisser s’écrouler ; il est de mon devoir de la faire réparer.

— Il n’y a rien à faire faire à la maison, miss Martin Thorpe, répondit le vieillard, et, quant à la quitter, je n’en ai nulle envie, je vous assure. Lorsqu’on a ses habitudes quelque part, on n’aime pas à changer, surtout à mon âge. Cependant, pour les cinq cents guinées que vous m’offriez, je vous en suis aussi reconnaissant que si je les avais acceptées. »

Sophie, qui avait toujours ses réponses préparées à l’avance, ne sut pas néanmoins quoi dire à Arthur Giles ; elle sentait ses regards et ceux de sa femme fixés sur elle, et elle craignait qu’ils ne comprissent les raisons qui l’avaient poussée à dire que la gentille petite construction était prête à tomber en ruines : aussi, prenant le seul parti qui lui restât, sortit-elle au plus vite et sans ajouter une parole à la conversation que nous venons de répéter. Lorsque les deux vieillards furent bien sûrs qu’elle était déjà loin, ils se permirent d’éclater de rire.

« Je ne pense pas qu’elle mette le feu à la maison pour se débarrasser de nous, s’écria la vieille femme en riant.

— Je ne crois pas qu’elle le fasse, Molly ; car elle comprendra que cela ne l’avancerait pas beaucoup, » répondit Arthur Giles sans retenir sa gaieté et en embrassant affectueusement son excellente femme.

Environ une semaine après son échec, miss Martin Thorpe, ayant appris qu’il allait y avoir un grand bal à Hereford, où devait se réunir la plus brillante société des environs, se hâta d’écrire à son tuteur que la maison était préparée et qu’elle était disposée à le recevoir, ainsi que sa femme et ceux des enfants qui devaient venir avec eux. Le major répondit qu’il serait, avec sa femme, Florence et les deux petits garçons, prêt à partir le jour fixé par Sophie ; en recevant cette réponse définitive, l’héritière appela mistress Barnes et lui ordonna de préparer les chambres des Heathcote en lui annonçant le jour de leur arrivée.

« Désirez-vous monter voir de nouveau les appartements de vos tuteurs, madame ? demanda mistress Barnes avec les apparences du plus profond respect.

— Eh ! non, je mets ma confiance en vous, Barnes, » répondit l’héritière, en souriant à l’idée de quitter son élégant boudoir pour grimper dans les greniers, visiter les chambres de ses parents bien-aimés.

De son côté, mistress Barnes réprima un petit sourire dédaigneux et fier, et sortant aussitôt, elle alla retrouver sa nièce Nancy dans son appartement du rez-de-chaussée.

« Ah ! Nancy, s’écria-t-elle en riant de bon cœur, elle est bien trop grande dame pour aller voir les trous où elle veut empiler les pauvres Heathcote. Si je ne lui joue pas un tour de ma façon, puissé-je ne jamais toucher un sou de mes rentes ! Mais ne craignez rien, madame la surveillante, ajouta-t-elle en souriant, je ne vous compromettrai pas dans mon complot, afin que, s’il est déjoué, je sois seule punie. Allez, ma nièce, allez parler à madame : elle veut faire arranger le salon de l’Est, et, comme c’est celui que sa famille doit habiter tous les jours, elle est occupée à chercher le moyen de le rendre inhabitable. Le soleil ne lui coûtant rien, je pense qu’elle ne fera pas boucher les fenêtres et qu’elle laissera les chauds rayons entrer dans la chambre.

— Et quel est votre hardi projet ? demanda Nancy timidement.

— Vous rappelez-vous cette chambre enfumée qui est destinée au major et à sa femme ? Eh bien ! je veux être pendue s’ils l’habitent.

— Quoi, ma tante ! vous espérez les mettre au premier, sans que madame qui y couche s’en aperçoive ? s’écria Nancy avec effroi.

— Non, certes, mais je peux les arranger très-confortablement sans descendre au premier. Je mettrai le grand lit de la chambre verte dans la chambre au midi du second étage, où la cheminée est excellente ; puis, dans la grande pièce qu’elle destinait à son tuteur, j’installe deux lits pour les petits garçons, auprès desquels je ferai coucher Betty qui les lavera et les habillera : car, tant que je pourrai l’en dispenser, la nièce de mon pauvre maître, miss Florence, ne subira pas cette humiliation. Quant à la chambre où devait coucher la jolie miss Heathcote, j’en fais un cabinet de toilette pour le major et sa femme ; de cette façon, ils pourront avoir du feu dans les deux pièces et seront beaucoup mieux.

— Et où couchera miss Florence ? murmura Nancy avec inquiétude.

— Dans la chambre qu’elle a eue à Noël.

— Oh ! ma tante ! si cela se découvre, combien de temps croyez-vous rester encore ici ?

— Aussi longtemps que je l’aurai voulu, Nancy ; car je n’ai pas, comme vous, le désir de demeurer longtemps chez cette créature. Rappelez-vous, d’ailleurs, que cette différence entre nous deux suffira pour vous faire valoir auprès de la maîtresse de céans. Mais s’il vous arrivait un jour, ainsi qu’à moi, que vous ne pussiez la voir sans dégoût, je serai là, ma nièce, et auprès de moi vous trouverez toujours un appui solide et une sincère affection. »

Ce jour-là, mistress Barnes eut le loisir de se livrer aux déménagements qu’elle avait projetés : car l’héritière, suivie de son page, sortit pour aller, à travers ses bois, visiter ses nouveaux amis les Brandenberry. Elle marchait, indifférente et froide, dans ces allées séculaires, sans éprouver la moindre émotion à la vue de cette forêt merveilleuse, quand tout à coup elle s’arrêta devant un chêne gigantesque qui couvrait de ses bras touffus une vaste étendue, au milieu de laquelle on l’avait isolé sans doute, afin de lui laisser son incroyable développement.

Jem, l’ancien page de son oncle et maintenant le sien, murmura à part lui :

« Elle ne peut cependant pas passer devant ce vieil ami de notre pauvre maître sans l’admirer ; il est heureux qu’elle daigne y faire attention. »

Tandis que Jem lui prêtait un sentiment louable, Sophie pensait avec satisfaction à la valeur énorme de cet arbre, qu’elle projetait déjà de faire abattre, ainsi que tous ceux qui étaient de belle venue dans le bois, pour les vendre et s’en faire de l’argent. Sophie Martin Thorpe trouva son amie miss Brandenberry dans le salon de sa vieille maison avec sa mère. Celle-ci tricotait un bas tandis que Marguerite raccommodait les siens, mais, en entendant annoncer miss Martin Thorpe, elle les cacha vivement sous le coussin d’une bergère et s’écria :

« Prévenez mon frère ! annoncez-lui l’honneur et le bonheur qui nous arrivent. Quelle joie, quelle félicité inespérée, chère amie ! que vous êtes aimable ! reprit la vieille fille en étouffant l’héritière dans ses bras. Vous déranger pour venir nous voir ! que vous êtes bonne ! Vous si mignonne et si élégante, mettre vos jolis petits pieds dans la crotte ! Ah ! Richard a bien raison de dire que, depuis votre arrivée dans ce pays, la grâce et le bon goût habitent à Thorpe-Combe. Mon pauvre frère, vous ne pouvez savoir comme il est changé depuis un mois ou six semaines ; il maigrit, il pâlit, et devient tellement distrait que la maison pourrait bien brûler sans qu’il s’en aperçût. »

Sophie, qui comprenait à merveille le but de toutes ces flatteries, mais qui ne les en recevait pas moins avec beaucoup de plaisir, répondit alors d’une voix attristée :

« Je regrette vivement que monsieur votre frère soit si souffrant, d’autant que je venais lui demander, ainsi qu’à vous, des renseignements sur le bal de Pâques, à Hereford.

— Vous ! Ah ! Richard deviendra fou de joie ! Il est si beau danseur ! À Paris même il était remarqué dans les bals les plus élégants ! Il est si comme il faut, si recherché dans ses manières et dans sa tenue ! Du reste, les jeunes gens issus de très-grande famille sont naturellement distingués, du moins Richard est ainsi, et cela est dans le sang.

— Mais ne pensez-vous pas qu’il soit trop souffrant pour aller à ce bal ? reprit impitoyablement Sophie.

— Oh ! grand Dieu, non ! l’idée seule de vous y rencontrer le fera mourir de joie. Richard est si passionné ! C’est un homme charmant, bon fils, bon frère ; assurément il sera…

— Je voulais vous demander des renseignements sur les moyens de me procurer une invitation, reprit vivement Sophie. Chez qui dois-je aller faire une démarche pour l’obtenir ? Je voudrais aussi, ajouta-t-elle avec un peu d’embarras, que l’on sût d’avance que j’irai à ce bal ; il me serait très-désagréable d’y arriver brusquement, sans être déjà connue ou du moins annoncée.

— Vous avez mille fois raison, et, si vous voulez suivre mon avis, miss Martin Thorpe, chargez Richard de cette commission. Il connaît tout le monde aux environs, et, en allant faire ses visites à cheval, il lui sera facile de glisser dans la conversation que miss Martin Thorpe fera, ce soir-là, son entrée dans le monde ; vous pouvez être sûre que toute la société élégante du pays sera désireuse de vous y voir, chère amie, et de vous y admirer, répondit Marguerite avec une véritable tendresse.

— Cela me conviendrait assez, reprit Sophie, et je serais fort obligée à votre frère s’il voulait prendre cette peine pour moi.

— Obligée ! de la peine ! S’il pouvait vous entendre, le pauvre garçon, quelle joie serait la sienne ! Hier encore, ce cher enthousiaste me répétait pour la centième fois qu’il n’avait jamais vu un aussi joli pied que… Mais je n’ai pas besoin de vous répéter ses pensées intimes, et je vous laisse à deviner de quel pied il parlait en ces termes chaleureux. »

Pendant cette conversation banale, en apparence du moins, M. Brandenberry échangeait sa vieille jaquette usée et sale contre un habit propre ; le fichu de coton fané qui lui serrait le cou contre une belle cravate de satin noir, dont il avait soin de dissimuler les éraillures dans des plis ingénieux ; ses gros souliers contre des bottines vernies ; et donnait enfin à ses cheveux un tour gracieux et séduisant. En ce moment il fit son entrée, et se prosternant devant Sophie, dont il avait saisi la main, il allait commencer sa litanie de compliments exagérés, quand sa sœur s’écria :

« Richard, vous rappelez-vous une conversation de date toute récente, sur certain petit pied ? »

Quoique le jeune homme ne comprît pas ce dont sa sœur voulait parler, il avait trop de confiance en son art de l’intrigue pour ne pas répondre avec un sentiment bien joué.

« De grâce, Marguerite, tenez-vous tranquille ; pas un mot de plus sur ce sujet.

— Tranquille ! Ah ! Richard, nous verrons si vous apprendrez avec calme que miss Martin Thorpe a formé le projet d’assister au bal de Pâques.

— Serait-il vrai ? Ah ! charmante Sophie, ne laissez pas cette cruelle me tuer à petit feu : car, de tous les bonheurs imaginables, celui-là est en vérité le plus cher à mon cœur et le plus ardemment souhaité. De grâce, Marguerite a-t-elle dit vrai ?

— Oui, répondit Sophie. Depuis quelque temps j’avais le désir d’aller à ce bal, et j’étais venue ce matin pour vous demander plusieurs indications nécessaires.

— Est-il possible ? Venir jusqu’ici ! Grand Dieu ! Oh ! miss Martin Thorpe ! »

Et M. Brandenberry frappait ses mains l’une contre l’autre et ne savait plus que dire.

Mais Sophie, interrompant cet accès de folle joie, le pria, comme elle en était convenue avec miss Brandenberry, de lui faire obtenir des billets et de dire à ses amis et connaissances que la nouvelle propriétaire de Thorpe-Combe, miss Martin Thorpe, comptait assister à ce bal. M. Brandenberry reprit alors de sa voix la plus timide et la plus douce :

« Oserais-je espérer le don de votre main ? »

En ce moment, il fut obligé de s’appuyer contre la muraille ; ses jambes fléchissantes avaient peine à le soutenir, et sa voix, affaiblie ne pouvait plus se faire entendre. Cependant il parvint à ajouter, non sans de grands efforts : « Pour le premier quadrille. »

Sophie, qui avait parfaitement compris la comédie de son adorateur, lui répondit gracieusement :

« Avec le plus grand plaisir, monsieur Brandenberry. »

Puis, se levant, elle prit congé de ses nouveaux amis et consentit à accepter le bras de son admirateur jusqu’à la porte du parc. Mais, en sortant de la maison, M. Brandenberry mit adroitement la conversation sur la curiosité qu’éveillerait la première sortie de la jeune miss Martin Thorpe et sur l’effet qu’elle produirait au bal ; si bien que la conversation durait encore quand ils arrivèrent en vue du château.

« Ciel ! s’écria tout à coup M. Brandenberry, ai-je bien pu venir jusqu’ici ? Que faire, mon Dieu ! Moi qui devais être prêt de bonne heure pour aller dîner avec ma sœur chez nos plus riches voisins ! Que faire ! Il y a si loin d’ici chez nous par la grande route ! Oh ! miss Martin Thorpe, que vous seriez bonne de me prêter votre clef ; je rentrerais en traversant votre parc.

— Mon page va vous reconduire, monsieur, » répondit Sophie avec grâce : car elle pensa qu’il valait mieux ne pas se dessaisir de son passe-partout aussi légèrement.

Mais tout à coup une pensée traversa son esprit : elle mourait de faim, et, en se rappelant que Jem devrait faire le tour du bois avant de mettre le couvert, elle craignit de retarder l’heure du dîner. Se retournant alors vers M. Brandenberry qui s’éloignait suivi du page, elle s’écria en le rappelant :

« Je crois, mon cher monsieur Brandenberry, que vous feriez mieux, en effet, de prendre la clef pour vous en aller. Vous voudrez bien me la renvoyer ce soir. »

Le jeune homme de quarante ans lui envoya un sourire de reconnaissance, car elle venait de combler un de ses vœux les plus chers, et congédiant le page, il partit comme un trait à travers ces bois épais qu’il enviait tant à la jeune héritière. En les traversant, il les admirait encore et se disait que, malgré la laideur et la méchanceté de leur propriétaire, il était prêt à échanger par un contrat sa liberté, son respect et son obéissance, contre le bien-être dont elle jouissait.