La Princesse à l’aventure/La Conversation inattendue

& Charles Verrier
(p. 37-56).


IV. — LA CONVERSATION INATTENDUE


Quand le soir fut venu, on mena Clarisse à une petite soupente qui était séparée de la cuisine par une cloison de bois et où couchait jadis la fille disparue. Elle emporta avec elle son singe, sa pie et son accordéon.

On ferma la porte. Peu à peu tous les bruits cessérent dans le chaland. Les mariniers allèrent se coucher.

La chambre était étroite. Clarisse ouvrit la fenêtre, et la lumiére de la lune entra. Le lit était fait d’une planche et d’une paillasse de varech. Au mur était fixée, près du plafond, une tablette ou séchaient des noix et ou mûrissaient des pommes. Au dessous, pendaient à des clous les robes de l’autre Clarisse, des petites jupes de futaine, un béret de tricot, un cache-nez rouge et un caraco a fleurs usé. Le plancher sentait le moisi.

La petite fille regarda par la fenétre. La lune ronde brillait au-dessus des peupliers de la rive opposée et se reflétait dans l’eau. L’eau était immobile et luisante. Une buée tenace glissait entre les joncs de la rive et le long du bateau.

Alors, la petite Clarisse fut triste en pensant qu’elle n’avait pas encore trouvé ses sœurs et elle pleura. Mais l’accordéon se mit à jouer un air si gai, qu’elle s’endormit en riant.

Elle ne dormait pas depuis longtemps quand un bruit de voix l’éveilla,

Elle ouvrit les yeux. La lune avait tourné, et sa lumiére découpait un carré sur le mur et au pied de la couchette. Elle n’apercut ni son singe, ni sa pie, ni son accordéon, mais elle vit trois personnes qui parlaient devant la fenêtre : une était un petit montreur de marionnettes, une autre était une vieille négresse, la derniére était un chevalier errant.

Elle s’assit sur son lit, mit ses bras autour de ses genoux et regarda en écoutant.

Le montreur de marionnettes prit la parole. Il avait une jaquette de drap vert olive, un chapeau pointu et des espadrilles. Ses jambes étaient enveloppées de bandes de toile bleue.

HISTOIRE DU PETIT MONTREUR
DE MARIONNETTES

Je m’appelle Grulino. Je naquis près de Bergame ; mon père était comédien et ma mère loueuse de chaises au Jardin Public. Comme ils n’étaient pas riches, mes parents me vendirent a un ambulant qui allait de ville en ville en jouant de la harpe et en montrant des marionnettes sur un théatre.

Mon nouveau maître me donna un bâton et me mit sur le dos un sac dans lequel était le théatre. C’était une petite boîte carrée qui figurait une maison avec un toit de toile, des volets mobiles et une porte. On enlevait, au moment de la représentation, un des côtés de la boîte pour laisser voir la scène où jouaient les marionnettes.

Je devais étre nourri et recevoir un habit neuf à la fin de l’année.

Nous prîmes, en sortant de Bergame, une grande route droite et dallée qui menait aux montagnes. A peine étions-nous sortis de la ville que nous rencontrâmes une bande de vagabonds qui allaient dans la méme direction que nous. C’étaient des Egyptiens qui gagnaient leur vie en montrant un ours, un crocodile et le corps empaillée d’une femme à queue de poisson, sur les places des villages et dans toutes les fêtes publiques. Mon maître parlementa avec leur chef et nous décidâmes d’aller tous ensemble jusqu’à un certain pays situé derriére les montagnes, et ot l’on nous avait dit que l’on ne connaissait ni les ours, ni les crocodiles, ni les femmes à queue de poisson, ni les marionnettes.

Je regardai la ville où j’étais né et que je n’allais plus revoir. Les toits vernis de Bergame luisaient derriére moi. Les arbres bien taillés et tous semblables les uns aux autres, ne portaient pas d’ombre sur les prairies vertes et unies ou paissaient des moutons qui ne bougeaient pas. Le ciel était d’un bleu aussi vif que celui de l’habit barbeau de l’ours qui suivait en trottinant la roulotte, ot l’on avait entassé les femmes et les bagages.

C’était un char dont les roues pleines grinçaient en tournant sur un essieu de fer où elles étaient retenues par deux grosses chevilles de bois. Les femmes qui y étaient assises allaitaient des enfants noirs et maigres. Elles avaient des colliers de verre, etdes anneaux brimbalaient à leurs oreilles. Leurs pieds nus pendaient le long de la voiture, sous leurs jupes de laine rouge. L’une des plus vieilles se mit a siffler un air étourdissant. Derriére la voiture étaient accrochés des instruments cabossés dont le cuivre éclatait au soleil.

Le chef marchait devant nous. Il portait sur son dos une escopette et une gibecière dont les courroies se croisaient sur un mauvais pardessus de couleur puce, tout déchiré aux épaules et frangé dans le bas. Son fils, qui était beau et frisé, mâchait des feuilles et sculptait des têtes de cannes.

Le thédtre de marionnettes était bien lourd. De temps en temps, je le remontais sur mes épaules endolories, en fléchissant les jambes et en secouant le dos.

Nous approchions des montagnes. Elles étaient devant nous, bleues et rondes.

De maigres taillis d’épines bordaient la route escarpée. Il y pendait, çà et là, des grappes de prunelles gelées. Un vent glacé souffla et fit claquer les oripeaux qui pendaient autour de la charrette.

Les femmes ramenèrent leurs pieds sous leurs jupons et s’enveloppèrent de vieilles peaux et de morceaux de couvertures.

Mon maître marchait sans rien dire, les mains enfoncées dans les manches de son paletot, courbé sous la grande housse de toile ou était enfermée sa harpe. Son nez bleuissait. Des grains de grésils s’accrochaient à sa barbe. Il bourra une courte pipe de terre noire qu’il se mit à fumer réguliérement. Sa barbe, couverte de buée, ruissela.

ll prit dans la voiture un rideau dont il couvrit le sac que j’avais sur le dos, en disant que le froid détraquait les marionnettes ; puis il rejoignit le chef des vagabonds, qui s’était mis à l’abri, avec les femmes, sous la bâche de la roulotte.

Un rafale de neige nous enveloppa soudain. Le sculpteur de canne courut à la tête du cheval et je m’accrochai au brancard en fermant les yeux.

Je ne les rouvris qu’en sortant de ce mauvais passage.

Nous descendions un chemin plein de neige. Le soir tombait peu à peu. Le vent avait cessé. Le clocher d’un village apparaissait au bas de la côte. Il faisait nuit quand nous arrivâmes à une petite place ou il y avait une auge de pierre au près d’un puits.

Et nous nous endormîmes là tout d’un coup, atteint de ce profond sommeil que les gens du pays appellent le mal des montagnes.

Le lendemain matin, je fus éveillé par le cri de la chaîne du puits. Les filles du village venaient emplir leurs seaux. Les bohémiens et mon maître dormaient encore. L’ours grognait en tirant sur sa chaîne. La neige, amassée sur la bâche de la charrette, s’était gelée pendant la nuit et formait des chandelles de glace autour de la capote, sur les courroies et sur les essieux.

Les toits du village étaient blancs tout autour de moi. Le cabaretier, sur le seuil de sa maison, nous regardait, les mains dans son tablier. Il avait un chapeau tyrolien.

Le soleil chauffait les arbres de la place et le portail de la mairie. Des gouttes d’eau tombaient de feuille en feuille et résonnaient sur le pave, le long des gouttières.

Je n’avais pas froid. Je sentis quelque chose de tiède sous mon bras et le long de mon corps. Je soulevai mon manteau et je vis que toutes les marionnettes avaient quitté pendant la nuit le théâtre que j’avais posé à côté de moi et étaient venues se glisser sous ma veste. Mon maître se réveillait à ce moment. Il me vit les remettre une à une dans leur boîte.

Il ne me dit rien ; je n’osai pas l’interroger ; mais il me sembla qu’il souriait drôlement dans sa barbe noire.

Nous marchâmes encore pendant trois jours et nous arrivâmes dans une petite ville où y avait un jardin public.

Nous louâmes une baraque de planches et des bancs que nous transportâmes dans le jardin, près du kiosque à musique.

Mon maître s’installa avec sa harpe et nous commençâmes de donner une représentation.

Jusqu’alors mon maître ne m’avait pas appris ce que je devais faire. Il me dit de me tenir derrière les planches, tandis que lui-même commençait de jouer sur sa harpe un air nasillard et grêle que je connaissais bien pour l’avoir entendu dans les foires.

Il avait plu. Les enfants accouraient de tous les côtés du jardin, et soulevaient leurs petites robes pour s’asseoir sur les bancs mouillés. Tout en jouant, mon maître leur parlait en italien et leur souriait.

Nos bancs furent bientét remplis. Les petits garçons et les petites filles, assis à la file, croisaient leurs mains sur leurs genoux et leurs pieds ne touchaient pas par terre.

Ils se mirent à crier tous ensemble en demandant qu’on leur fît voir les marionnettes.

Mon maître se leva ; il passa entre les rangs ; chaque enfant lui remit un sou ; puis il recommença de jouer plus vite un air sautillant, aigre, presque faux et que je ne connaissais pas.

Je frappai trois coups avec mon baton et soulevai le rideau comme on me l’avait recommandé.

Je me demandais ce qui allait arriver. De l’endroit où j’étais, je regardais la scène avec ses rainures, ses cordes qui servaient à tirer les toiles, et ses décors de bois grossièrement peints. Dans le cadre du théatre j’apercevais un coin du jardin avec des arbres, et un dauphin de plomb qui jetait de l’eau dans un bassin, et, tout près, je voyais les tétes rondes des enfants pressées les unes contre les autres.

Mon maître battait la mesure avec son pied et terminait toutes les phrases de sa musique désordonnée par un cri bizarre et aigu.

Il avait un cache-nez gris autour du cou.

Ace moment j’entendis de petits bruits sur le théâtre.

Une à une les marionnettes parurent s’éveiller. Elles se levèrent doucement des coins où je les avais posées. Elles défripérent un moment leurs habits et rajustèrent leurs perruques. Puis elles passèrent devant le décor, en faisant la révérence à droite et à gauche, et commencèrent la représentation.

Il y avait sur la scène un rocher, une fontaine d’eau noire, un arbre et un banc. Une poupée frisée qu’on appelait Madame Fortuné s’assit sur le banc avec Lysandre, son amoureux, qui avait un catogan ciré et des bottes à la hongroise. Mais son jaloux Esprit Content veillait. Il était derrière l’arbre avec une canne et quand il se penchait pour regarder, on voyait son ombre à côté de l’ombre de l’arbre, près du bassin. Il s’élança soudain en criant et sa mâchoire faisait un bruit de casse-noisette. Les deux coupables s’enfuirent. La robe de Madame Fortuné était déchirée et l’on voyait son dos de bois. Lysandre tira son épée et tua aussitôt le jaloux. Alors Madame Fortuné fondit en larmes, dit à Lysandre qu’elle ne le reverrait plus jamais et sauta dans la fontaine.

Les enfants trépignaient de joie. Mon maître cessa sa musique et me fit signe de baisser le rideau pour la scène suivante.

Je m’accoutumai rapidement à mon métier. Les marionnettes savaient jouer un grand nombre de pièces. Elles donnaient cinq ou six représentations par jour et tous les enfants de la ville voulurent les voir.

Au bout d’une semaine, mon maître, qui ne m’adressait jamais la parole, ayant un beau matin remis sa harpe dans son sac, me fit signe de prendre la boîte des marionnettes sur mon dos et de le suivre.

Nous sortîmes de la ville par la grande porte. Nous nous retrouvâmes sur une longue route droite.

Près du fossé était assis un bouc qui cherchait à enlever un clou qu’il avait sous l’ongle du pied. Il me regarda d’un air bourru en me tendant sa patte. Et je tirai le clou.

Il ne me remercia pas ; il me dit :

— Prends trois poils de ma barbe, et s’il t’arrive malheur, souffle dessus en m’appelant : Délice du cœur.

Nous marchâmes pendant trois jours.

Nous couchions la nuit dans un fossé ou au creux d’une roche. Chaque matin à mon réveil je retrouvais les marionnettes sous mon paletot.

C’était la saison des pluies. Les arbres étaient dépouillés et les routes boueuses. Nos vêtements ruisselaient d’eau. Les feuilles du chemin se collaient à nos pieds alourdis.

Nous arrivâmes à une grande ville qui était bâtie sur le bord d’un fleuve et dont la porte était surmontée d’une logette ou un arbaletier jouait de la flûte.

Comme nous demandions à loger dans une auberge qui donnait sur l’eau, on nous offrit à coucher dans le hangar. Mon maître posa sa harpe sur un tas de foin et j’accrochai ma besace au mur à côté d’autres sacs qui étaient là. Ensuite nous allâmes souper.

Le grande salle était pleine de gens qui mangeaient sur leurs genoux. Ils parlaient haut. Ils se penchaient de temps en temps pour prendre leur verre posé entre leurs jambes. Ils riaient et plaisantaient une servante qui avait l’air doux et stupide. On nous dit que c’était une pauvre folle qui racontait à qui voulait l’entendre qu’elle était la fille d’un roi.

Nous étions harassés et nous allâmes nous coucher, mais je ne pus dormir. Il y avait là un vieux cheval qui mâchait sans cesse et une chèvre qui sautait continuellement dans la paille. Mon maître se mit à ronfler. J’entendis qu’on fermait la porte de l’auberge. Et la servante stupide traversa la cour et passa près de nous pour gagner sa chambre qui était, à côté du hangar.

La lune se leva. Elle était blanche et cornue. Je la voyais par la lucarne dont les carreaux cassés étaient pleins de toiles d’araignées. Sa lumiére passait à travers les tuiles de la toiture et brillait sur une faulx qui était accrochée au mur.

Tout à coup le vieux cheval cessa de mâcher et tourna la tête en soufflant, et la chèvre tira sur sa corde. J’entendis des chuchotements et le bruit que faisaient de petits graviers en tombant le long du mur.

Je tournai les yeux et je vis les marionnettes qui sortaient du sac et qui se suspendaient les unes aux autres pour descendre jusqu’à terre. Celle qui était restée la dernière sauta en pliant sur ses genoux. C’était Lysandre.

Il accourut vers moi et toutes les poupées le suivirent en se donnant la main.

Quand elles s’aperçurent que je ne dormais pas, elles s’arrêtérent et me dévisagèrent curieusement.

Puis elles se mirent à rire toutes ensemble en s’accroupissant, les mains sur les cuisses.

Le petit vieillard qui jouait les pères nobles mâchonnait un long fétu de paille dont le bout traînait par terre. La soubrette Chatillon ramassa un grain de blé et me le jeta à la tête ; et toutes recommencèrent de rire.

J’étais inquiet. J’aurais voulu appeler mon maître, car c’était la première fois que je les voyais faire ce manège. Mais je n’osais pas bouger.

Esprit Content sauta sur ma tête. Il ricanait et secouait son menton en faisant son bruit de casse-noisette. Le sergent Larapée grimpa sur une de mes bottes en gesticulant comme un homme ivre. Il avait un petit sabre, une giberne et un pantalon à raies bleues.

Alors Madame Fortuné, pinçant sa robe entre ses doigts, me fit une révérence sous le nez et me dit :

— Petit imbécile, ne sais-tu pas que ton maître est un voleur et un brigand qui nous a ensorcelés pour nous faire jouer la comédie ? Je suis une jeune fille de la société et ces messieurs sont du meilleur monde. Si tu ne te sauves pas avec nous demain de grand matin et si tu ne nous mets pas en liberté hors de la ville, nous te pincerons jusqu’au sang et nous t’arracherons les cheveux un par un.

Elle me tira la langue et fit une pirouette, tandis que les autres poupées criaient : « Hou, hou… » et me lançaient du sable dans les yeux.

Alors, le sergent Larapée, le petit vieillard, la soubrette Chatillon, Esprit Content, Lysandre, Madame Fortuné, tous, s’étant pris par la main, se mirent à courir autour de moi avec une telle vitesse que j’en fus étourdi et que je perdis le sens.

Je fus éveillé au bruit que fit la servante en sortant de sa chambre. Je me levai vivement ; je vis que mon maître dormait la bouche entr’ouverte ; je pris mon sac ; je sortis sans bruit, et, courant à la servante, je lui dis de m’ouvrir la porte. Elle me regarda d’un air niais et me fit sortir.

J’eus bientôt fait de quitter la ville et de gagner un champ de houblon qui bordait un bois.

Je pris mon sac par le fond et le secouai. Mais il n’en tomba que du foin. Je m’apercus que je m’étais trompé de sac. Comme il était encore lourd, je plongeai ma main dedans et j’en tirai un étre qui se débattait et qui me sauta au visage.

C’était un petit vieillard qui avait une barbe noire, une calotte de velours et des souliers à boucles. Il m’avait saisi à la gorge et essayait de m’étrangler. Je parvins à me dégager. Mais il se transforma en un sanglier tout hérissé d’épines de pore épic. J’arrachai un échalas dans la houblonniére et je voulus l’en frapper. Mais il se changea en un nuage de feu, de fumée et de soufre qui s’avança sur moi en m’enveloppant.

Alors je tirai de ma ceinture les trois poils du bouc et je soufflai dessus en appelant :

Délice du Cœur !

J’entendis aussitôt une terrible galopade et je vis le vieux bouc qui chargeait, les cornes basses, le nuage de feu et de fumée de soufre.

Je sentis une horrible odeur de chair brûlée. Le bouc bêlait et le nuage grondait furieusement. Le feu s’éteignit. La fumée se dissipa.

J’aperçus à côté d’un petit tas de cendre le bouc à demi brûlé qui me dit :

— Mon fils, je suis vaincu, car je meurs. Et toi-méme tu ne ressentiras que trop durement les effets de la colère de ce puissant génie que je viens de combattre.

Alors je fus saisi d’une telle peur que je me sauvai à toutes jambes sans regarder derrière moi. Et tout en courant, je m’apercus qu’un poil rude me poussait sur tout le corps. Quand je a m’arrêtai, j’étais un singe vert et j’avais un chapeau de feuillage.

Depuis, je cours le monde, je ne reprends ma forme naturelle qu’à minuit pour la perdre au chant du coq. Et je désespére de voir jamais cesser cet enchantement.

La petite Clarisse avait écouté sans bouger toute cette histoire. La lumière de la lune avait complètement disparu.

Elle voyait par la fenêtre le ciel qui blanchissait peu à peu. Un coq chanta. Un air vif fit bouger le long du mur les robes de l’autre Clarisse. Les figures des trois personnages semblèrent se dissoudre peu à peu dans les premières lueurs de l’aube. On entendit le bruit de la porte de l’écurie et les pas des mulets sur le pont.

La petite Princesse s’endormit d’un profond sommeil.