La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité/P2/Introduction

Gauthier-Villars et fils (1p. 101-102).
Introduction à la deuxième période (1830-1877)

DEUXIÈME PÉRIODE.

1830-1877


La deuxième période de notre étude commence aux grands travaux aréographiques de Beer et Mädler, aux premières observations continues qui aient permis à leurs auteurs de construire une carte géographique de la planète Mars. Avec ces observations, nous entrons dans la connaissance physique de ce monde voisin. Les difficultés, les incertitudes ne disparaissent pas ; mais la science prend corps, une base solide est offerte à l’examen, et la découverte définitive d’un nouveau monde se prépare.

Heureux fut Christophe Colomb d’être arrêté par le continent américain dans son voyage de circumnavigation vers l’Asie. Mars n’aura pas son Christophe Colomb. Ce que celui-ci a fait en une minute, en une seconde, par le seul acte de toucher l’Amérique, une phalange d’astronomes emploiera plus d’un siècle peut-être à le renouveler pour ce continent du ciel. Mais Beer et Mädler mériteront d’être inscrits les premiers sur la bannière des pionniers qui auront marché à la nouvelle conquête — précédés d’ailleurs par les éminents précurseurs que nous venons de voir passer devant nous, précurseurs parmi lesquels William Herschel et Schrœter méritent la première place. Beer et Mädler ont publié leurs observations de Mars dans les Astronomische Nachrichten de 1831, 1834, 1835, 1838 et 1839, et ont réuni ces études dans un ouvrage intitulé Fragments sur les corps célestes du système solaire, pour l’édition française (Paris, 1840) et Beitrage zur physischen Kenntniss der himmlischen Körper im Sonnensysteme, pour l’édition allemande (Weimar, 1841). Ces deux éditions sont identiques. Nous extrairons de l’édition française tous les documents et dessins importants.

L’instrument dont se sont servis ces observateurs, pour leur étude de Mars comme pour leur carte de la Lune, est encore une lunette de 4 pouces (108mm) analogue à celle que nous avons remarquée plus haut, lors des observations d’Arago. C’est un instrument relativement modeste, mais, construit par Fraunhofer, il était excellent et les observateurs étaient des plus habiles, des plus minutieux et des plus patients. On peut souvent dire que tant vaut l’homme, tant vaut l’instrument.