La Petite-Poste dévalisée/Lettre 29

Nicolas-Augustin Delalain, Louis Nicolas Frantin Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 141-142).


Au Comte de ***.


Je trouve assez bon que ce soit vous qui boudiez : il y a deux jours que vous n’avez passé à ma porte ; il est vrai que je me suis fâchée contre vous ; mais n’avois-je pas raison ? Vous êtes d’une effronterie… Laissons cela… Je vais à l’Opéra aujourd’hui ; c’est mon jour de loge : y viendrez-vous ? Mes chevaux ne peuvent venir me reprendre : aurez-vous les vôtres ? Il faut que j’aille au souper du Marais : vous êtes né prié dans cette maison là ; si vous y manquez, je croirai que vous faites quelque souper bien libertin, bien scélérat. Fi, mon cher Comte : vous vous laissez entraîner par l’exemple, & vous prenez la tournure d’un homme perdu pour la bonne compagnie. Voilà le P… qui entre : je lui demanderai ses chevaux à la premiere occasion, si je ne dispose pas ce soir des vôtres.