La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924/La Peste Écarlate/2
II
AU TEMPS OÙ SAN FRANCISCO COMPTAIT
QUATRE MILLIONS D’HOMMES
Le bonhomme parut flatté de la demande. Il éclaircit sa gorge en toussant et commença :
— Il y a seulement vingt ou trente ans, on me demandait souvent de conter mon histoire. Aujourd’hui, la jeunesse se désintéresse de plus en plus du passé…
— Tâche seulement, observa Bec-de-Lièvre, de parler clairement, si tu veux que nous te comprenions. Pas de phrases compliquées et de mots savants !
Edwin poussa du coude Bec-de-Lièvre.
— Voyons, tais-toi, dit-il. Sinon grand-père va se fâcher. Il ne parlera pas et nous ne saurons rien. Ce n’est pas de sa faute s’il s’exprime mal.
Le vieux, en effet, était prêt déjà à s’irriter et à entreprendre un grand discours, tant sur le manque de respect des enfants actuels que sur le triste sort de l’humanité, retournée à la barbarie des premiers âges du monde.
— Vas-y, grand-père… insinua Hou-Hou, d’un ton conciliant.
Le vieux se décida.
— En ce temps-là, dit-il, le monde était très peuplé. Rien qu’à San Francisco, on comptait quatre millions d’habitants…
— Un million, qu’est-ce que c’est ? interrompit Edwin.
Le vieux le regarda de côté et expliqua, avec bonté :
— Tu ne sais pas compter plus loin que dix, je ne l’ignore pas. Mais je vais te faire comprendre. Lève en l’air tes deux mains. Sur les deux, tu as, en tout, dix doigts. Bon. Je ramasse maintenant ce grain de sable. Tends la main, Hou-Hou.
Il laissa tomber le grain de sable dans la paume de Hou-Hou et poursuivit :
— Ce grain de sable représente les dix doigts d’Edwin. J’y ajoute un autre grain. Voilà dix autres doigts en plus. Et j’ajoute encore un troisième, un quatrième, un cinquième grain, et ainsi de suite jusqu’à dix. Cela fait dix fois dix doigts d’Edwin. C’est ce que j’appelle une centaine. Tous trois, rappelez-vous bien ce mot : une centaine. Je prends maintenant ce petit caillou et je le mets dans la main de Bec-de-Lièvre. Il représente dix grains de sable ou dix dizaines de doigts, c’est-à-dire cent doigts. Je mets dix cailloux. Ils représentent mille doigts. Je continue et prends une coquille de moule, qui représente dix cailloux, c’est-à-dire cent grains de sable ou mille doigts…
Laborieusement, de la sorte, l’ancêtre, par répétitions successives, réussit tant bien que mal à édifier dans l’esprit des jeunes garçons une conception approximative des nombres. À mesure que les chiffres montaient, il mettait dans les mains des enfants des objets différents, qui les symbolisaient. Quand il en fut aux millions, il les figura par les dents arrachées aux squelettes. Puis il multiplia les dents par des carapaces de crabes, pour exprimer les milliards. Il s’arrêta là, car ses auditeurs donnaient manifestement des signes de fatigue.
Il reprit :
— Il y avait donc quatre millions d’hommes à San Francisco. Soit quatre dents…
Le regard des jeunes garçons se porta des dents aux cailloux, puis des cailloux aux grains de sable, et des grains de sable aux doigts levés d’Edwin. Après quoi, ils parcoururent en sens inverse la série ascendante des symboles, en s’efforçant de concevoir les sommes inouïes qu’ils représentaient.
— Quatre millions d’hommes, cela faisait un nombre considérable, hasarda enfin Edwin.
— Tu y es, mon enfant ! approuva le vieux. Tu peux faire encore une autre comparaison avec les grains de sable de ce rivage. Suppose que chacun de ces grains était un homme, une femme, ou un enfant. Voilà ! Ces quatre millions d’hommes vivaient à San Francisco, qui était une grande ville, sur cette même baie où nous sommes. Et les habitants s’étendaient au delà de la ville, sur tout le contour de la baie et au bord de la mer, et dans les terres, parmi plaines et collines. Cela faisait au total sept millions d’habitants. Sept dents !
De nouveau, les yeux des jeunes garçons coururent sur les dents, sur les cailloux, sur les grains de sable et sur les doigts levés.
— Le monde tout entier fourmillait d’hommes. Le grand recensement de l’an 2010 avait donné huit milliards pour la population de l’univers. Huit milliards ou huit coquilles de crabes… Ce temps ne ressemblait guère à celui où nous vivons. L’humanité était étonnamment experte à se procurer de la nourriture. Et plus elle avait à manger, plus elle croissait en nombre. Si bien que huit milliards d’hommes vivaient sur la terre quand la Mort Écarlate commença ses ravages. J’étais, à ce moment, un jeune homme. J’avais vingt-sept ans. J’habitais Berkeley, qui est sur la baie de San Francisco, du côté qui fait face à la ville. Tu te souviens, Edwin, de ces grandes maisons de pierre que nous avons rencontrées un jour, dans cette direction… Par là… Voilà où j’habitais, dans une de ces maisons de pierre. J’étais professeur de littérature anglaise.
Une forte partie de ce discours dépassait l’entendement des gamins. Mais ils s’efforçaient à saisir, de leur mieux, quoique obscurément, ce récit du passé.
— Qu’est-ce que tu faisais, dans ces maisons ? questionna Bec-de-Lièvre.
— Ton père, tu t’en souviens, t’a appris un jour à nager…
Bec-de-Lièvre fit un signe affirmatif.
— Eh ! bien, à l’Université de Californie (c’est ainsi que s’appelaient ces maisons), on apprenait aux jeunes gens et aux jeunes filles toutes sortes de choses. On leur apprenait à penser et à s’instruire l’esprit. Tout comme je viens de vous enseigner, à l’aide du sable, des cailloux, des dents et des coquilles, à calculer combien d’habitants vivaient alors sur la terre. Il y avait beaucoup à enseigner. Les jeunes gens étaient appelés des « étudiants ». Il y avait de vastes salles, où moi et les autres professeurs, nous leur faisions la leçon. Je parlais, à la fois, à quarante ou cinquante auditeurs, tout comme je vous parle aujourd’hui, à vous trois. Je leur parlais des livres écrits par les hommes qui avaient vécu avant eux ; parfois aussi de ceux écrits à cette époque même.
— Et c’est là tout ce que tu faisais ? interrogea Hou-Hou. Parler, parler, parler, et rien d’autre. Qui donc chassait pour la viande ? Qui tirait le lait des chèvres ? Qui pêchait le poisson ?
— Bravo, Hou-Hou ! La question que tu me poses est tout à fait sensée. Eh bien, la nourriture, comme je te l’ai déjà dit, était pourtant très abondante. Car nous étions des hommes très sages. Quelques-uns s’occupaient spécialement de cette nourriture et les autres, pendant ce temps, vaquaient à d’autres occupations. Moi, je parlais, je parlais constamment. Et, en échange, on me donnait mon manger. Un manger copieux et délicat. Oh ! oui, délicat ! Jamais, depuis soixante ans, je n’en ai goûté de semblable, et sûrement je n’en goûterai jamais plus. J’ai souvent songé que l’œuvre la plus magnifique de notre ancienne civilisation était cette abondance de nourriture, sa variété infinie et son raffinement incroyable. Oh ! mes enfants ! La vie, oui, valait alors la peine d’être vécue, quand nous avions de si bonnes choses à manger !
Les gamins continuaient à écouter attentivement. Et tout ce qu’ils ne comprenaient pas ils le mettaient au compte du radotage sénile du vieillard.
— Nous appelions, en théorie, ceux qui produisaient la nourriture des hommes libres. Il n’en était rien et leur liberté n’était qu’un mot. La classe dirigeante possédait la terre et les machines. C’est pour elle que peinaient les producteurs, et du fruit de leur travail nous leur laissions juste assez pour qu’ils puissent travailler et produire toujours davantage.
— Quand j’ai été chercher de la nourriture dans la forêt, déclara Bec-de-Lièvre, si quelqu’un prétendait me l’enlever et se l’approprier, je le tuerais !
Le vieux éclata de rire,
— Mais puisque la terre, la forêt, les machines, tout nous appartenait, à nous qui étions la classe dirigeante, comment le travailleur aurait-il pu refuser de produire pour nous ? Il serait lui-même mort de faim. Voilà pourquoi il préférait besogner, assurer notre manger, nous faire nos vêtements et nous fournir mille et une coquilles de moules, Hou-Hou ! mille délices et plaisantes satisfactions. Ha ! ha ! ha ! Or donc, en ce temps, j’étais le professeur Smith – James Howard Smith. Mon cours était très fréquenté. Ce qui veut dire que beaucoup de jeunes gens, beaucoup de jeunes filles aimaient à m’entendre parler des livres écrits par d’autres hommes. J’étais très heureux. Ma nourriture était excellente. J’avais les mains douces, car elles ne se livraient à aucun dur travail. Mon corps était propre et bien entretenu, et mes habits on ne peut plus souples et agréables à porter.
Ici l’ancêtre laissa tomber sur sa peau de bique, toute galeuse, un regard de dégoût.
— Tels n’étaient point nos vêtements. Même nos travailleurs-esclaves en portaient de meilleurs. Et nos soins corporels étaient grands. Nous nous lavions la figure et les mains plusieurs fois par jour. Hein ? qu’en dites-vous, vous autres, qui ne vous lavez jamais, sinon quand vous tombez dans l’eau ou quand vous vous exercez à nager ?
— Toi non plus, tu ne te laves jamais ! riposta Hou-Hou.
— Je le sais, je le sais bien. Je suis aujourd’hui un vieux dégoûtant. Mais les temps sont changés. Personne ne se lave maintenant. On n’en a plus les moyens. Voici soixante ans que je n’ai vu un morceau de savon. Vous ne savez pas ce que c’est que du savon ? Je ne perdrai pas mon temps à vous l’apprendre, puisque c’est l’histoire de la Mort Écarlate que je suis en train de vous raconter… Vous connaissez ce qu’est une maladie. Autrefois on disait une « infection ». Il était admis que les maladies provenaient de germes malfaisants. J’ai dit « germe ». Retenez bien ce mot. Un germe est quelque chose de tout petit. De plus petit encore que les tiques qui s’accrochent, au printemps, au poil des chiens et à leur chair, lorsqu’ils courent dans la forêt. Oui, un germe est beaucoup plus petit, si petit qu’on ne peut le voir.
Hou-Hou s’esclaffa :
— Tu es drôle, grand-père, tu nous parles de choses que l’on ne peut pas voir. Mais alors comment sait-on qu’elles existent ? Ça n’a pas de bon sens.
— Bien, très bien ! Hou-Hou, excellente question que la tienne. Apprends donc que pour voir ces choses, et bien d’autres encore, nous possédions des instruments appelés « microscopes ». Microscopes, entends-tu bien ?… Microscopes et « ultramicroscopes ». Grâce à ces instruments que nous approchions de nos yeux, les objets nous apparaissaient plus grands qu’ils ne sont en réalité. Et nous percevions ainsi ceux même dont nous ignorions l’existence. Les meilleurs de ces ultramicroscopes grossissaient un germe quarante mille fois. Quarante mille, c’est-à-dire quarante coquilles de moules, qui représentent elles-mêmes mille doigts… Puis, à l’aide d’un second instrument que nous appelions le cinématographe, oui « ci-né-ma-to-gra-phe », ces germes, déjà grossis quarante mille fois, nous apparaissaient grandis des milliers et des milliers de fois encore. Prenez un grain de sable, mes enfants ! Partagez-le en dix. Puis prenez un de ces dix morceaux et brisez-le encore en dix. Puis un de ces dix partagés derechef en dix. Puis de ces dix en dix toujours. Continuez ainsi toute la journée et peut-être au coucher du soleil, aurez-vous atteint à la petitesse d’un de ces germes.
Les jeunes garçons paraissaient incrédules. Bec-de-Lièvre poussait des reniflements moqueurs et Hou-Hou ricanait sous cape. Edwin les fit taire et le vieux reprit :
— La tique des bois suce le sang des chiens. Mais le germe, grâce à sa petitesse extrême, pénètre discrètement dans le sang du corps et s’y multiplie à l’infini. Dans le corps d’un seul homme, il y avait, en ce temps-là, un milliard de germes. Un milliard… une carapace de crabes, s’il vous plaît ! Ces germes nous les appelions des microbes. Des « microbes ». Parfaitement. Et quand un homme en avait un milliard dans le sang, on disait qu’il était « infecté », qu’il était malade, si vous préférez. Ces microbes étaient de plusieurs espèces. Celles-ci étaient innombrables comme les grains de sable de ce rivage. Nous ne les connaissions pas toutes. Nous savions très peu de choses de ce monde invisible. Nous connaissions bien le bacillus anthracis et encore le micrococcus, le bacterium termo et le bacterium lactis. C’est celui-ci, soit dit en passant, qui continue à faire tourner le lait de chèvre, pour en faire du fromage. Tu me suis bien, Bec-de-Lièvre. Que dirai-je des schizomicètes, dont la famille n’en finit pas ? J’en passe et des meilleurs…
Ici le vieillard se noya dans une longue dissertation sur les germes et sur leur nature. Il se servait de mots d’une telle longueur et de phrases si compliquées que les gamins se regardèrent en faisant la grimace et que, reportant leurs yeux sur l’immense océan, ils laissèrent l’ex-professeur Smith pérorer tout à son aise.
À la fin, Edwin lui tira le bras et suggéra :
— Et la Mort Écarlate, grand-père ?
L’ancêtre sursauta et, de sa chaire de l’Université de Berkeley, où il s’imaginait pontifier encore, devant un tout autre auditoire, il revint brusquement à la réalité de sa situation présente.
— Oui, oui, Edwin, dit-il, j’avais oublié. Parfois la mémoire du passé remonte en moi, si puissamment, que je me prends à oublier que je suis un très vieil homme sale, vêtu d’une peau de bique, errant avec mes petits-fils sauvages, eux-mêmes bergers dans un monde primitif et solitaire. « Le travail de l’homme est éphémère et s’évanouit comme l’écume de la mer… » Ainsi s’est évanouie notre grandiose et colossale civilisation. Et je suis aujourd’hui l’ancêtre, je suis un vieillard très las, j’appartiens à la tribu actuelle des Santa-Rosa. C’est dans cette tribu que je me suis marié. Mes fils et mes filles se sont mariés à leur tour, soit dans la Tribu des Chauffeurs, soit dans celle des Sacramentos, ou dans celle encore des Palo-Altos. Toi, Bec-de-Lièvre, tu appartiens aux Chauffeurs. Toi, Edwin, aux Sacramentos. Toi, Hou-Hou, aux Palo-Altos. Et vous êtes tous trois mes petits-fils… Mais je voulais vous parler de la Mort Écarlate. Où en étais-je donc de mon récit ?
— Tu nous parlais des germes, répondit vivement Edwin, de ces toutes petites choses que l’on ne peut voir et qui rendent les hommes malades.
— Oui, c’est bien là que j’en étais. Aux premiers âges du monde, lorsqu’il y avait très peu d’hommes sur la terre, il n’existait que peu de ces germes et, par suite, peu de maladies. Mais, à mesure que les hommes devenaient plus nombreux et se rassemblaient dans les grandes villes, pour y vivre tous ensemble, pressés et serrés, de nouvelles espèces de germes pénétraient dans leur corps, et des maladies inconnues apparurent, qui étaient de plus en plus terribles. C’est ainsi que, bien avant mon temps, à l’époque que l’on nomme le moyen âge, il y eut la Peste Noire qui balaya l’Europe. Puis vint la Tuberculose, la Peste Bubonique. En Afrique, il y eut la Maladie du Sommeil. Les bactériologistes s’attaquaient à toutes ces maladies et les détruisaient. Comme vous, enfants, vous éloignez les loups de vos chèvres ou écrasez les moustiques qui s’abattent sur vous. Les bactériologistes…
— Comment dis-tu, grand-père ?… interrompit Edwin.
— « Bac-té-rio-lo-gis-tes »… Ta tâche, Edwin, est de garder les chèvres. Tu les surveilles tout le jour et tu connais beaucoup de choses les concernant. Un bac-té-rio-lo-giste est celui qui surveille les germes, les étudie et, quand il le faut, se bat avec eux et les détruit, comme tu fais des loups. Mais, pas plus que toi, il ne réussissent toujours. C’est ainsi qu’il y avait un mal affreux, appelé la « Lèpre ». Un siècle — cent ans — avant ma naissance, les bactériologistes ont découvert le germe de la Lèpre. Ils le connaissaient tout à fait bien. Ils l’ont dessiné, et j’ai vu ces dessins. Ils n’ont pas trouvé pourtant le moyen de le tuer. En 1894, survint la Peste Pantoblast. Elle éclata dans un pays nommé le Brésil, et fit périr des milliers de gens. Les bactériologistes en découvrirent le germe, réussirent à le tuer, et la Peste Pantoblast n’alla pas plus loin. Ils fabriquèrent ce qu’on appelait un « sérum », un liquide qu’ils introduisaient dans le corps humain et qui détruisait le germe du pantoblast, sans tuer l’homme. En 1947, ç’avait été un mal étrange, qui s’attaquait aux enfants âgés de dix mois et au-dessous, et qui les rendait incapables de mouvoir leurs mains ni leurs pieds, de manger et de faire quoi que ce fût. Les bactériologistes furent onze ans avant de trouver ce germe bizarre, de le pouvoir tuer et de sauver les bébés. En dépit de ces maladies et de leurs ravages, le monde continuait à croître, et toujours davantage les hommes se massaient dans les grandes villes. Dès 1929, un illustre savant, nommé Soldervetzsky, avait annoncé qu’une grande maladie, mille fois plus mortelle que toutes celles qui l’avaient précédée, arriverait un jour, qui tuerait les hommes par milliers et par milliards. Car la fécondité des alliances, ainsi disait-il, est sans fin…
Ici Bec-de-Lièvre se mit sur ses pieds et, avec une moue méprisante, déclara :
— Tu radotes, grand-père ! Veux-tu, oui ou non, nous parler de la Mort Rouge ? Si tu ne veux pas, il faut le dire, et nous regagnerons le campement !
Le vieux, froissé de se voir ainsi interpellé, se remit à pleurer silencieusement. De grosses larmes roulèrent lentement dans les rides de ses joues. Sa mine douloureuse trahissait toute la décrépitude physique et morale de ses quatre-vingts ans.
— Voyons, Bec-de-Lièvre, rassieds-toi, dit Edwin. Grand-père parle bien. Et il va justement arriver à la Mort Écarlate. Il va tout de suite nous la raconter… N’est-ce pas grand père ? Un peu de patience, Bec-de-Lièvre.