LES BARBES.


IL faut regarder dans la bouche ſi le Cheval ne boit point au deſſous de langue : s’il s’y trouve deux excroiſſances de chair attachées au palais d’en bas de la bouche, qui reſſemblent à deux petites nageoires. C’eſt une bagatelle qui ne paroît preſque rien, qui empêche cependant que le Cheval ne boive à ſon ordinaire ; & par conſequent ne beuvant pas bien, il en mange moins & dépérit de jour en jour, ſans que pluſieurs s’aperçoivent de ce dépériſſement ; le remede en eſt cependant très-facile, lorſqu’on a trouvé le mal : car il s’agit de faire ouvrir la bouche du Cheval, avec un eſpéce de fer que tous les Marechaux ont, ou doivent avoir, nommé Pas d’Ane, & enſuite avec les Cizeaux, couper ces deux petites nageoires ; qui eſt tout le remede. Pluſieurs leur lavent la bouche après leur avoir donné un coup de Corne, ce qu’il n’y a pas un petit Marêchal qui ne ſache, & enſuite avec l’Ail pilé, du Sel, & du Vinaigre, leur en bien froter la bouche ; cela ne peut que leur faire du bien & jamais de mal ; mais le principal eſt de leur couper les Barbes, avec des Cizeaux, comme il eſt maiqué ci-deſſus.