La Mystification fatale/Première Partie/I



LA


MYSTIFICATION FATALE


OU ÉLUCIDATION


D’UNE PAGE D’HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE


Un po’ più di luce.




PREMIÈRE PARTIE

ORIGINE DE L’INSERTION DU FILIOQUE




§ I. — Erreur du concile de Tolède qui croit se baser sur le symbole nicæno-constantinopolitain.


En l’an de grâce 589, se trouvait réuni dans la ville de Tolède en Espagne, un concile convoqué par le roi des Visigoths Récarède à peine converti avec ses sujets de l’arianisme à l’Orthodoxie. Ce fut le troisième de ceux qui ont été célébrés en cette ville. Les actes de ce concile rapportent, entre autres choses, qu’on y a récité en entier le symbole de la foi qui avait été promulgué à Nicée et à Constantinople. Cependant on y voit, en ce qui regarde la procession du St-Esprit, l’addition des mots fameux filioque, sans qu’il y ait eu discussion préalable, pas même la moindre mention, sur la convenance de cette addition, mais comme si ces mots s’y fussent trouvés compris dès le moment de sa promulgation.

Le deuxième canon de ce concile contient les paroles suivantes : « Que le symbole du concile de Constantinople, c’est-à-dire des cent quatre-vingt-dix évêques, soit récité dans toutes les églises d’Espagne et de Galice (par Galice on entend ici la Gaule Narbonnaise), d’après la forme des églises Orientales, afin que, après avoir rendu témoignage à la vraie foi, le peuple soit plus pur pour participer au mystère du corps et du sang de Jésus-christ. » L’anathème XI est lancé contre ceux qui professeraient une autre foi que celle décrétée dans les quatre premiers conciles œcuméniques, et l’anathème XXII contre ceux qui tenteraient de la dépraver, de la corrompre et de la changer. Néanmoins l’anathème III dit : « Quiconque ne croit pas au St-Esprit, ou qui ne croit pas qu’il procède du Père et du Fils, et qu’il leur est égal, qu’il soit anathème. » Ce qui est déjà altérer le symbole décrété à Constantinople. (Labbe et Cossart, Sacrosanct. concil. tom. V pag. 693—706.)