La Muse gaillarde/Portraits à deviner

La Muse gaillardeAux éditions Rieder (p. 181-183).



PORTRAITS À DEVINER


Des yeux trop clairs, des yeux pervers,
Indéfinissables, gris, verts,
Peut-être bien en porcelaine,
La culotte pas beaucoup pleine ;
Quelque chose comme Pierrot
Serait assez son numéro.
Ce n’est pas la beauté qui flambe,
Mais… la jambe.

Jolie après tout et replète,
Mettons un peu trop — d’un kilo.
Hélas ! que n’est-elle incomplète
Comme la Vénus de Milo !


Celle-ci n’a pas d’oreilles…
Assurent des éléphants.
Le reste est une merveille.
Ça me suffit. Les enfants
Ne se font pas par l’oreille.

Cette autre, on mordrait dedans,
Comme on fait dans une pomme.
Quand elle sourit, ses dents
Vont l’illuminant, tout comme…
Elle est mariée, hélas !
Ménélas !

Élégante, faite au moule
Par quel sculpteur lascif,
Il serait vraiment excessif
Qu’elle eût des qualités en foule,
Aussi la dit-on un peu moule.

Laide ? serait beaucoup dire ?
Les yeux, le nez, tout en l’air.
En toute chose elle est pire.
Ce serait quand même un blair !
Agréable, mais — la bouche !
Oh ! les mouches !

Oh ! oh ! c’est une impératrice.
Plus que reine ! Talent coté
Mais un peu froid, comme la Suisse.
Avec ça des grains de beauté
Sur son visage réputé,


Qui, disons-le sans artifice,
Doivent se trouver répétés
Sur ses deux excellentes cuisses.

Celle-là, bizarre, clownesque,
Paroxiste, funambulesque,
Vive comme un tas de fourmis,
Grouille, s’agite, se démène ;
Semble dire en entrant en scène :
« Dieu merci ! le couvert est mis. »
Pour ce qui est de la… bêtise,
De la petite bêtise…
Lui ferait-on une façon ?
On hésiterait, quoi qu’on dise,
Car ce pourrait être un garçon.