La Mort de notre chère France en Orient/38

Calmann-Lévy (p. 209-210).


XXXVIII

LETTRE DE M. KORN BLUM


Paris, 25 janvier 1920.
Monsieur,

À la suite de votre « lettre ouverte » parue dans l’Œuvre du 23 courant, permettez à un humble de vous exprimer son enthousiasment sa reconnaissance et de vous demander d’ajouter encore une unité à la grande masse de ceux que vous appelez vos amis.

Né à Varsovie en 1882, lors de la mort de mes parents j’avais douze ans. Battu, chassé du domicile détruit de mes pauvres parents, j’ai échoué à Stamboul et j’ai vécu là, pendant trois ans, dans la promiscuité de ce quartier du Bas Galata. J’entrai donc comme employé chez un Turc marchand de vieux habits et c’est là que j’ai pu apprendre et apprécier la douceur et la loyauté du peuple turc et voir le contraste avec tous leurs voisins : Arméniens, Grecs, Bulgares, Monténégrins et Juifs même.

C’est pourquoi, je suis un de vos admirateurs et vous bénis, Maître Loti, chaque fois que vous mettez votre plume au service de cette juste cause et de ce juste peuple. Remarquez que j’abrège ; il y a bien des traits et détails que je pourrais narrer, mais cela n’est pas la place dans une lettre et ne puis abuser de vos instants.

Agréez…

Signé : KORN BLUM.