La Mort de notre chère France en Orient/37

Calmann-Lévy (p. 207-208).


XXXVII

LETTRE D’UN OFFICIER DE L’ARMÉE D’ORIENT


Saint-Maur (Seine), 24 janvier 1920.
Monsieur,

Si mon humble opinion pouvait compter pour vous, je me permettrais de vous féliciter pour votre plaidoyer en faveur des Turcs, dans l’Œuvre du 23 janvier.

J’ai fait pendant quinze mois la guerre en Macédoine en liaison avec les Grecs, et pendant huit mois, l’occupation de Constantinople.

J’ai donc été à même de pouvoir juger les Grecs et les Turcs, et mes observations là-dessus sont formelles et précises. Je pense absolument comme vous sur ce sujet et nombreux sont les Français, tant officiers que soldats ayant été à même de voir, qui partagent cette opinion. Qu’on rejette sur les Grecs tout ce qu’en général, par ignorance, on met au compte des Turcs.

La fourberie, la brutalité, la sauvagerie pour les Grecs (et je pourrais citer bien des faits).

La droiture, l’honnêteté, la douceur pour les Turcs.

Soyez certain que ce sont les idées d’un homme totalement impartial. Quand je partis en Orient, je ne connaissais des uns et des autres que ce que m’en avait appris la littérature, mais j’ai vu, j’ai comparé et j’ai jugé.

Signé : RAYMOND ANDRÉ,
Lieutenant d’artillerie.