L’Abîme (Rollinat)/La Haine

L’Abîme. PoésiesG. Charpentier et Cie, éditeurs. (p. 216-217).


LA HAINE


Prends garde ! car, en vérité,
Ma haine souple et bien tapie
Se condamne à l’oisiveté
Et retarde son heure impie
Par esprit de perversité.

Stagnante sous ma volonté
Elle dort comme l’eau croupie
En couvant sa férocité ;
Prends garde !


Malgré son immobilité,
Elle te traque, elle t’épie,
Et sans cesse elle est accroupie
Au bord de ta sécurité ;
Donc, surtout dans l’obscurité,
Prends garde !