Levrault (p. 189-191).


Le Vampire1.


1.

Dans le marais de Stavila, auprès d’une source, est un cadavre étendu sur le dos. C’est ce maudit Vénitien qui trompa Marie, qui brûla nos maisons. Une balle lui a percé la gorge, un ataghan s’est enfoncé dans son cœur ; mais depuis trois jours qu’il est sur la terre, son sang coule toujours rouge et chaud.


2.

Ses yeux bleus sont ternes, mais regardent le ciel : malheur à qui passe près de ce cadavre ! Qui pourrait éviter la fascination de son regard ? Sa barbe a cru, ses ongles ont poussé2 ; les corbeaux s’éloignent de lui avec effroi, tandis qu’ils s’attachent aux braves Heyduques qui jonchent la terre autour de lui.


3.

Sa bouche est sanglante et sourit comme celle d’un homme endormi et tourmenté d’un amour hideux. Approche, Marie, viens contempler celui pour lequel tu as trahi ta famille et ta nation ! Ose baiser ces lèvres pâles et sanglantes qui savaient si bien mentir. Vivant il a causé bien des larmes ; mort il en coûtera davantage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


NOTES.

1. Ce fragment de ballade ne se recommande que par la belle description d’un vampire. Il semble se rapporter à quelque petite guerre des Heyduques contre les podestats vénitiens.

2. Signes évidens de vampirisme.


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