Traduction par Ernest Jaeglé.
Librairie H. Le Soudier (p. 3-15).
L’ENTRÉE EN CAMPAGNE


La guerre que la France avait soutenue au delà de l’océan Atlantique[1], en grande partie pour sauvegarder des intérêts financiers, avait coûté des sommes énormes et désagrégé ses forces militaires. On n’était rien moins qu’« archi-prêt[2] » pour une grande guerre, et malgré cela il fallut que la question de la succession au trône d’Espagne et la candidature du prince de Hohenzollern[3] servissent de prétexte. Le 15 juillet, les réserves françaises furent appelées à rejoindre leurs corps et, comme si l’on craignait de perdre une si bonne occasion, quatre jours après, la déclaration de guerre fut remise à Berlin.

Quant aux forces françaises, une division reçut la destination d’observer la frontière espagnole, les troupes absolument indispensables furent laissées en Algérie. Un faible détachement resta à Civita-Vecchia ; Paris et Lyon furent pourvues d’une garnison suffisante. Toutes les autres troupes, au nombre de 332 bataillons, 220 escadrons, 924 pièces de canon, d’un effectif total de 300 000 hommes, en chiffres ronds, formèrent l’Armée du Rhin. Cette armée, divisée en huit corps, devait, pour le moment du moins, ne pas constituer de groupes distincts, mais bien être dirigée par un chef suprême. Cette tâche si lourde, l’empereur seul pouvait l’assumer. En attendant qu’il arrivât à l’armée, le maréchal Bazaine fut chargé de commander les forces en train de se réunir.

Très probablement on comptait, en France, sur l’ancienne désunion des peuples allemands. À la vérité, on ne pouvait plus considérer les Allemands du Sud comme des alliés proprement dits, mais on espérait du moins qu’une première victoire remportée les condamnerait à l’inaction, voire même qu’ils se décideraient à s’allier à la France. Même isolée, la Prusse n’en restait pas moins un adversaire redoutable, disposant d’une armée supérieure ; mais on se disait que cette infériorité serait compensée sans doute par la rapidité avec laquelle on agirait soi-même.

En effet, l’idée première du plan de campagne français était de prendre l’offensive et de surprendre l’ennemi. La flotte, très forte en navires de combat comme en transports, devait être employée à jeter sur le littoral allemand un corps de débarquement considérable afin de retenir dans le Nord une partie des forces prussiennes, dont la portion principale, se disait-on, attendrait derrière la forte ligne du Rhin la première attaque des Français. Ceux-ci voulaient, en tournant les grandes places fortes allemandes, passer incontinent le fleuve à Strasbourg et en aval de cette ville, et de la sorte les forces de l’Allemagne du Sud, auxquelles fût échue la tâche de défendre la Forêt-Noire, eussent été, dès le début, isolées de celles de l’Allemagne du Nord.

Pour que ce plan eût pu être mis à exécution, il eût fallu concentrer en Alsace le gros des forces françaises. Mais le réseau des voies ferrées, tel qu’il existait, ne permit d’amener à Strasbourg que 100 000 hommes ; 150 000 durent être débarqués à Metz, d’où ils devaient gagner l’Alsace. 50 000 hommes réunis au camp de Châlons étaient destinés à servir de réserve ; en outre, on pourrait faire entrer en campagne 115 autres bataillons dès que, à l’intérieur, ils seraient remplacés par la garde nationale.

Les points de rassemblement suivants furent assignés aux différents corps d’armée :


Garde impériale, général Bourbaki … Nancy
1er Corps, maréchal de Mac-Mahon … Strasbourg
2e Corps, général Frossard … Saint-Avold
3e Corps, maréchal Bazaine … Metz
4e Corps, général de Ladmirault … Thionville
5e Corps, général de Failly … Bitche
6e Corps, maréchal Canrobert … Châlons
7e Corps, général Félix Douay … Belfort


Dès lors il n’y avait que deux corps d’armée en Alsace, cinq se trouvaient sur la Moselle ; l’un de ceux-ci, le 2e, fut porté, le jour même de la déclaration de la guerre, comme avant-garde, à Saint-Avold et à Forbach, dans le voisinage immédiat de la frontière prussienne. Mais, en même temps, on prescrivait à ce corps de ne rien entreprendre de sérieux.

Les troupes avaient quitté leurs garnisons sans attendre l’arrivée des réservistes et sans que leur armement fût complet. Dans l’intervalle, tous les dépôts s’étaient remplis d’hommes rappelés sous les drapeaux ; toutes les gares étaient encombrées, les voies ferrées se trouvaient, en partie, déjà obstruées. L’envoi des réservistes était sans cesse retardé, car souvent les dépôts ignoraient le point où se trouvaient, pour le moment, les régiments auxquels il leur fallait expédier les hommes. Quand, finalement, ceux-ci rejoignaient leurs corps, on constatait qu’ils arrivaient sans avoir touché les effets d’équipement les plus indispensables.

Les corps d’armée et les divisions n’avaient pas reçu leurs équipages de train, leurs ambulances ; leurs services administratifs étaient à peine constitués. Les magasins n’avaient pas été établis d’avance et l’on dut faire vivre les troupes avec les approvisionnements des places fortes. Or on avait négligé de tenir ceux-ci au complet ; sûr que l’on était d’opérer dès le début en pays ennemi, on ne s’était guère préoccupé des places françaises. De même les états-majors avaient bien reçu des cartes, mais des cartes de l’Allemagne, et pas de cartes du territoire français. Le ministère de la guerre, à Paris, recevait des demandes, des plaintes, des réclamations innombrables. Il dut finalement déclarer que les corps de troupes se tireraient d’affaire comme ils pourraient : « On se débrouillera[4] », telle fut la réponse que fit l’administration centrale.

Lorsque, huit jours après la déclaration de guerre, l’empereur arriva à Metz, les troupes n’étaient pas encore au complet et l’état-major n’était pas même exactement renseigné sur les emplacements de corps de troupes entiers. L’empereur donna l’ordre de porter l’armée en avant ; mais ses maréchaux déclarèrent la chose impossible dans l’état où se trouvaient les troupes. D’une manière générale, l’opinion que, au lieu d’envahir les pays ennemis, comme on en avait eu primitivement l’intention, il faudrait défendre son propre territoire, prenait peu à peu le dessus. On croyait savoir qu’une forte armée ennemie s’était concentrée entre Mayence et Coblence ; au lieu d’envoyer des renforts de Metz à Strasbourg, il fallut demander au 1er corps d’en envoyer du Rhin sur la Sarre. On avait, d’ores et déjà, renoncé au dessein d’envahir l’Allemagne du Sud ; la flotte avait pris la mer, mais sans avoir à bord son corps de débarquement.

En Allemagne on avait été surpris de voir éclater une guerre, mais on y était préparé. On avait prévu un conflit à courte échéance.

Après que l’Autriche eut été exclue de la Confédération germanique, la Prusse en avait pris seule la direction ; elle avait préparé une union plus intime avec les États de l’Allemagne du Sud. Le sentiment de solidarité nationale s’était fait jour de nouveau ; il trouvait son plus ferme appui dans. le patriotisme de la population tout entière.

Chaque année la mobilisation de l’armée de la Confédération du Nord avait été élaborée à nouveau et adaptée à la situation du moment ; toutes les dispositions la concernant étaient prises en commun par le ministère de la guerre et le grand état-major. Toutes les autorités civiles et militaires étaient tenues au courant des choses qu’il importait qu’elles sussent. De plus, les chefs d’état-major des États du Sud étaient venus à Berlin, et dans des conversations intimes on était tombé d’accord sur certains points essentiels. Il était entendu que le Sud, pour la défense spéciale de tel ou tel secteur, de la Forêt-Noire, par exemple, ne pourrait compter sur l’assistance de la Prusse, qu’au contraire l’Allemagne du Sud se protégerait le mieux en procédant offensivement en Alsace, depuis le cours moyen du Rhin, et que cette offensive, le gros des forces allemandes, concentré dans cette région, pourrait vigoureusement la soutenir. Et la meilleure preuve que les gouvernements de la Bavière, du Wurtemberg, de Bade, de la Hesse avaient pleine confiance dans le commandant suprême des forces allemandes, c’est que, dégarnissant leurs propres pays, ils envoyèrent de leur plein gré leurs contingents rejoindre le gros de l’armée allemande en les plaçant sous les ordres du roi Guillaume.

Du moment que l’entente s’était faite, on put prendre les dispositions qu’elle rendait nécessaires. Pour tous les corps de troupes, on élabora le plan de transports et les tableaux de marches ; on fixa à chacun d’eux le lieu d’embarquement, le jour et l’heure du départ, la durée du voyage, les stations de repos et le point de débarquement. Dans la région où devait avoir lieu la concentration, les cantonnements étaient nettement délimités par corps d’armée et divisions ; l’on avait en outre préparé l’établissement de magasins. Aussi, quand la guerre éclata réellement, il suffit que le roi signât un ordre pour que cette vaste mobilisation suivît son cours, sans que rien vint l’entraver. On n’eut pas besoin de modifier en rien les dispositions qu’on avait prises. On n’eut qu’à exécuter ce qui avait été mûrement pesé et préparé d’avance.

Conformément aux propositions contenues dans un mémoire du grand état-major prussien, l’ensemble des forces allemandes de campagne fut réparti en trois armées distinctes.

La première armée, sous les ordres du général de Steinmetz, ne comprenant pour l’instant que les VIIe et VIIIe corps d’armée et en plus une division de cavalerie, devait former l’aile droite et se concentrer aux environs de Wittlich ; elle présentait un effectif d’à peu près 60 000 hommes.

La deuxième armée, commandée par le prince Frédéric-Charles, et comprenant, en plus de deux divisions de cavalerie, les IIIe, IVe, Xe corps d’armée et la garde royale, formait le centre et se réunissait aux alentours de Hombourg et de Neunkirchen ; elle était forte de 134 000 hommes.

La troisième armée, placée sous les ordres du Prince royal de Prusse, était composée des Ve et XIe corps prussiens, des Ier et IIe corps d’armée bavarois, des divisions vurtembergeoise et badoise et d’une division de cavalerie. Son effectif était de 130 000 hommes environ, elle formait l’aile gauche et Landau avec Rastadt lui avaient été assignés comme points de concentration.

Avec la 18e division prussienne et la division hessoise, on forma le IXe corps, qui, avec le XIIe corps d’armée (corps royal saxon), constituait une réserve de 60 000 hommes, postée en avant de Mayence ; cette réserve, destinée à renforcer la deuxième armée, portait l’effectif de celle-ci à 194 000 hommes.

Les trois armées réunies présentaient un total de 384 000 hommes.

Restaient disponibles les Ier, IIe et VIe corps d’armée, soit 100 000 hommes. Pour le moment, on ne pouvait les faire entrer en ligne de compte, les voies ferrées ne devant être disponibles, en vue de les transporter, que le vingt et unième jour de la mobilisation.

La 17e division et différentes unités de la Landwehr reçurent pour mission de défendre les côtes.

Il ressort des chiffres que nous venons de donner, que l’armée allemande avait un effectif sensiblement supérieur à celui de l’armée française. En comptant les troupes de garnison et les troupes de dépôt formées lors de la mobilisation, l’administration militaire avait mis sur pied tout près d’un million d’hommes et plus de 200 000 chevaux. Dans la nuit du 15 au 16 juillet, le roi avait signé l’ordre de mobilisation et quand, quinze jours après, Sa Majesté se rendit à Mayence, tout près de 300 000 hommes étaient arrivés sur le Rhin ou sur des points situés au delà.

Le plan de campagne, soumis au roi par le chef du grand état-major et approuvé par Sa Majesté, visait dès le début la conquête de la capitale ennemie, laquelle, en France, a une importance plus considérable que dans d’autres pays. Sur le parcours de la frontière à Paris les forces allemandes devaient tendre le plus possible à isoler celles de l’adversaire du midi de la France offrant d’abondantes ressources, et à les refouler dans les régions septentrionales en arrière de Paris, bien moins étendues. Mais l’idée maîtresse était qu’il fallait attaquer l’ennemi, sans tarder, où qu’on le trouvât et tenir les forces massées de telle sorte qu’on pût l’attaquer en disposant de la supériorité numérique.

Les dispositions à l’aide desquelles on atteindrait ces buts, on se réservait de les prendre sur les lieux ; seule, la première marche en avant jusqu’à la frontière avait été réglée dans ses moindres détails.

C’est une erreur de croire qu’il soit possible d’établir longtemps à l’avance un plan de campagne et de pouvoir le suivre point pour point du commencement à la fin. La première rencontre avec le gros des forces ennemies pourra créer, selon son issue heureuse ou malheureuse, une situation toute nouvelle. Bien des choses que peut-être on aura eu le dessein d’exécuter, se trouveront être irréalisables. Beaucoup d’autres au contraire seront possibles auxquelles on ne pouvait s’attendre d’avance. Saisir nettement les modifications que les événements auront fait subir à la situation, prendre les mesures voulues pour un laps de temps relativement court et les exécuter avec toute la résolution désirable, c’est là tout ce que l’état-major général saurait faire.

Le fait que les troupes françaises avaient été mises en marche sans que leur mobilisation fût terminée, — mesure fort grave en elle-même, — semblait indiquer qu’on voulait attaquer par surprise, avec les forces disponibles dès le début et de la sorte peut-être numériquement supérieures, l’armée allemande au moment où elle effectuait sa concentration.

Malgré cela le grand état-major ne renonça pas à son dessein de faire cette première concentration de suite au delà du Rhin. Il est vrai que pour les corps d’armée de la deuxième et de la troisième armée, le transport des troupes par les voies ferrées devait s’arrêter au Rhin même ; de là les régiments s’avanceraient par marches successives de cantonnements en cantonnements : ceux-ci, sur la rive gauche du fleuve, avaient été fixés d’avance. Une fois rendus là, les échelons arrivés les premiers ne devaient s’avancer qu’autant qu’il faudrait pour donner à ceux qui suivaient l’espace nécessaire, en premier lieu jusqu’à la ligne de Bingen-Durkheim-Landau. On ne devait continuer la marche vers la frontière que quand les divisions tout entières et les corps d’armée complets se trouveraient réunis, et cette marche devait se faire de telle sorte qu’à tout moment on fût prêt à tenir tête à l’ennemi.

La concentration de la première armée semblait moins exposée au danger d’être interrompue. Celle-ci s’avançait en effet, couverte par des territoires neutres et par les garnisons de Trèves, de Sarrelouis et de Sarrebruck, laissées comme avant-garde sur la Sarre.

Dès les premiers jours du mois d’août, la première armée, forte de 50 000 hommes, se trouvait concentrée près de Wadern. La deuxième armée, dont l’effectif était porté peu à peu à 194 000 hommes, avait étendu ses cantonnements vers la frontière jusqu’à une position s’étendant d’Alsenz à Günnstadt, aux débouchés de la chaîne de la Haardt, position étudiée par l’état-major, dans laquelle elle pouvait en toute confiance accepter le combat, si l’ennemi venait à l’y attaquer. Les 5e et 6e divisions de cavalerie faisaient le service de reconnaissance en avant du front. Quant à la troisième armée, elle effectuait encore sa concentration sur les deux rives du Rhin.

Les Français, à Sarrebruck, n’avaient encore tenté aucune entreprise sérieuse. Le lieutenant-colonel Pestel avec un bataillon et trois escadrons put repousser partout avec succès les attaques sans importance de l’ennemi. Dans ces rencontres, on avait pu constater que les masses françaises se portaient plus à droite vers Forbach et Bitche. Dès lors, il n’était pas impossible que les deux corps d’armée français que l’on savait stationnés à Belfort et à Strasbourg se décidassent à franchir le Rhin et à pénétrer en Allemagne par la Forêt-Noire ; il était par conséquent désirable, à un double point de vue, que la troisième armée se mit en mouvement le plus tôt possible, premièrement pour protéger la rive droite du Rhin supérieur, en opérant sur la rive gauche, et ensuite pour couvrir le flanc gauche de la deuxième armée qui allait se porter en avant.

Dès le 30 juillet au soir, le prince royal fut invité par dépêche télégraphique à commencer ses opérations, mais le commandant en chef de la troisième armée demanda un sursis jusqu’à ce qu’il eût été rejoint par le VIe corps et ses équipages du train. Sans tenir compte de ce retard, la deuxième armée fut mise en marche dans la direction de la Sarre, où les Français commençaient à sortir de leur inaction.

Ils avaient laissé s’écouler, sans en tirer parti, des journées précieuses, pendant lesquelles ils eussent pu mettre à profit leur concentration précipitée : l’état dans lequel se trouvaient les troupes ne permettait pas d’agir. Depuis longtemps déjà la France attendait les nouvelles de victoires remportées : il fallut compter avec l’impatience du public, et pour faire quelque chose, on se décida – comme c’est l’habitude en pareille circonstance – à une reconnaissance offensive, laquelle aussi donna les résultats qu’ont d’ordinaire les entreprises de ce genre.

Trois corps d’armée entiers furent, le 2 août, mis en mouvement contre trois bataillons, quatre escadrons et une batterie établis à Sarrebruck. L’empereur en personne assista, avec le prince impérial, à cet engagement. Le 3e corps se porta contre Völklingen, le 5e avança par Sarreguemines et le 2e contre Sarrebruck.

La garnison fit une défense opiniâtre et n’évacua la ville qu’après avoir tenté plusieurs retours offensifs ; mais les Français ne s’avancèrent pas de l’autre côté de la Sarre : sans doute ils se rendaient compte qu’avec un énorme déploiement de forces ils n’avaient donné qu’un grand coup d’épée dans l’eau et que tout cela ne leur avait pas fourni le moindre renseignement sur les positions et les desseins de leurs adversaires.

Longtemps l’état-major français hésita entre différentes résolutions, toutes opposées les unes aux autres. Sur de simples ouï-dire on prenait des dispositions qu’il fallait peu de temps après modifier. C’est ainsi qu’on renforça l’aile gauche parce que le bruit courait que 40 000 Prussiens avaient traversé Trèves. On donna à la garde impériale des ordres contradictoires et la seule présence d’un faible détachement allemand à Lörrach, dans la Forêt-Noire, fit que le 7e corps reçut l’ordre de rester en Alsace.

Les forces françaises se trouvaient donc postées sur un énorme arc de cercle s’étendant de la Nied jusqu’au Rhin supérieur, tandis que l’armée allemande s’avançait vers la Sarre en masses compactes.

L’armée française étant de fait séparée en deux tronçons fort éloignés l’un de l’autre, on se vit amené à en former deux armées distinctes. On donna au maréchal de Mac-Mahon, mais provisoirement seulement, le commandement supérieur des 1er, 7e et 5e corps. Ce dernier devait le rejoindre en s’avançant à l’est depuis Bitche ; les autres corps furent subordonnés au maréchal Bazaine, à l’exception cependant de la garde impériale, dont l’empereur se réserva le commandement.

Dès lors il était absolument indispensable de couvrir, contre les forces françaises de l’Alsace, le flanc gauche de la deuxième armée allemande pendant qu’elle continuerait à avancer. Aussi la troisième armée reçut-elle l’ordre de franchir la frontière le 4 août, même si elle n’avait pas été rejointe par ses équipages du train. À l’aile droite, la première armée, à Wadern et à Losheim, se trouvait plus rapprochée de la Sarre, de trois à quatre journées de marche, que la deuxième armée, au centre. Elle reçut l’ordre de se concentrer à Tholey et, pour le moment, de s’y arrêter. D’une part, il n’était pas loisible d’exposer cette armée, la plus faible des trois, à rencontrer seule le gros des forces ennemies et, d’autre part, elle était destinée à servir de flanc offensif au cas où la deuxième armée, en débouchant de la zone boisée du Palatinat, viendrait à se heurter à l’ennemi. Se conformant à cet ordre, la première armée avait étendu, dans la direction du sud, ses cantonnements jusque sur la ligne de marche de la deuxième. Elle reçut l’ordre d’évacuer les cantonnements occupés par elle à Ottweiler et aux environs. Cela n’était pas chose facile, vu que toutes les localités situées plus au nord étaient remplies de troupes et qu’en outre il fallait faire de la place pour le 1er corps qui s’avançait par Birkenfed. Aussi le général de Steinmetz prit-il la résolution de se porter en avant, avec toute son armée, dans la direction de Sarrelouis et de Sarrebruck. Le 4 août, la deuxième armée se trouvait réunie de façon à pouvoir commencer les opérations. Elle reçut l’ordre de se déployer en avant de la zone boisée de Kaiserslautern.


  1. La guerre du Mexique. (N.d.T.)
  2. En français dans le texte. (N.d.T.)
  3. Die spanische Erbfolge dans le texte. (N.d.T.)
  4. En français dans le texte. (N.d.T.)