La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts/Alaric II

ALARIC II, huitième roi des Visigoths, mort à la bataille de Vouillé, en 507. Fils d’Euric et de Ragnahilde, Alaric succéda fort jeune à son père, en 484. A ce moment, le royaume des Visigoths était parvenu à l’apogée de sa puissance. Sans parler de la péninsule Ibérique, qu’il comprenait presque entière, il s’étendait en Gaule, de la Loire aux Pyrénées, et de l’océan Atlantique jusqu’aux Alpes, où il était limitrophe du royaume des Ostrogoths d’Italie. Toulouse était la capitale de ce vaste royaume, où les divisions de race et de religion entre Visigoths ariens et Romains catholiques empêchaient toute cohésion. Peu de temps après l’avènement d’Alaric, les Francs, vainqueurs de Syagrius (486), étendirent leurs conquêtes jusqu’à la Loire, et devinrent les voisins des Visigoths. Sommé par Clovis de lui livrer Syagrius, qui s’était réfugié dans ses Etats, Alaric n’osa résister à un prince que ses victoires lui rendaient redoutable. Une deuxième fois, des différends soulevés encore par Clovis furent apaisés par l’intervention du roi des Ostrogoths, Théodoric ; les deux princes, Clovis et Alaric, se réconcilièrent même publiquement, dans une entrevue qui eut lieu près d’Amboise, dans une île de la Loire, et la paix fut maintenue jusqu’en 507. Mais alors, après avoir vaincu les Burgondes, Clovis tourna ses armes contre les Visigoths. Alaric attendit l’armée franque, près de Poitiers ; la bataille s’engagea à Vouillé (V. ce nom) ; l’armée visigothe fut taillée en pièces, et Alaric lui-même périt dans la mêlée de la main du roi franc. Cette bataille marque la fin de la domination visigothique en Gaule (V. Visigoths). C’est pendant les années de paix qui avaient précédé sa courte lutte contre les Francs, qu’Alaric avait fait rédiger, pour les Gallo-Romains ses sujets, le code connu, dans l’histoire de la jurisprudence, sous le nom de Bréviaire d’Alaric (V. ci-dessous).

Bibl. : Les sources à consulter pour l’histoire d’Alaric sont : La Chronique d’Isidore, les lettres de Théodoric, recueillies par Cassiodore, Grégoire de Tours, Frédégaire, Jornandès, l’Appendice à Victor de Tunnuma, etc. — D. Vaissete, Hist. génér. de Languedoc, éd. Privat, t. I, 1874, in-4, pp. 510-537, et t. II, 1876, pp. 131-135 et 525. — V. Junghans, Histoire critique des règnes de Childéric et de Chlodovech, traduite par G. Monod (37e fasc. de la Bibl. de l’École des hautes études). — A. Longnon, Géographie de la Gaule au vie siècle ; Paris, 1878, in-8, pp. 576-587.