Calmann-Lévy (p. 156-171).
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XIII

Damas, dimanche 
29 avril.

Le matin, à l’entrée du grand Bazar. La lumière resplendissante et encore neuve d’avant dix heures. Un quartier non voûté, où des arbres ont poussé vigoureusement au hasard. Un lieu à ciel ouvert, où le soleil gaîment tombe sur une foule orientale, à travers de jeunes feuilles de platanes. Une vénérable fontaine, toute revêtue de faïences de l’ancien temps. Des minarets, proches ou lointains, montent dans l’air bleu où tourbillonnent des martinets et des hirondelles. Tout le long de la rue, des cafés, avec un bariolage de divans alignés dehors, sous la retombée d’ombre de vieux toits, et des gens en longues robes de toutes couleurs, assis là, fumant leurs cigarettes blondes, dont la senteur se répand, très doucement grisante. Du vrai Orient, sans âge précis, tel qu’aux époques d’Aladin ou des Trois Dames de Bagdad.

Devant nous, qui avons pris place un moment parmi les rêveurs, passe une petite fille arabe, de cinq ou six ans, seule, l’air comiquement grave, marchant avec des socques aux talons très élevés. Tout à coup, de trop regarder voler les hirondelles, voici qu’elle trébuche, perd une de ses hautes chaussures et tombe contre le pavé — en plein sur son petit nez.

Sans rien dire, elle se relève, toute sanglante, et se rechausse — enfant du peuple, déjà habituée aux détresses solitaires ; personne ne s’occupe de son malheur et elle ne s’en étonne pas. Cependant le sang coule toujours de son pauvre petit nez ; chaque fois qu’elle y porte la main, ses doigts deviennent rouges et elle les secoue sur le pavé ; alors tout de même une expression d’angoisse contracte sa figure, les larmes viennent ; elle pleure silencieusement — et s’en va, très raisonnable, à l’exquise fontaine, pour se laver toute seule à l’eau fraîche.

Comme diversion, nous lui donnons des pièces blanches. Elle les serre dans sa poche en disant merci, et pleure toujours, et continue de saigner beaucoup.

Survient un petit garçon arabe de sept ou huit ans, un petit passant quelconque, plus haut qu’elle d’une demi-tête et appartenant à une condition sociale visiblement plus aisée, grave lui aussi dans sa belle robe longue et tenant d’un air religieux son chapelet d’ambre. Il s’arrête pour la consoler ; puis décidément l’emmène par la main, nous disant qu’il veut la faire soigner dans sa propre maison, et elle, très confiante, s’en va avec lui…

Nous n’y pensions plus, quand, un moment après, il la ramène pour nous la faire voir : elle n’a plus de larmes, le sang a cessé de couler et sa petite figure est bien lavée. À présent, nous dit-il, il va la reconduire chez elle.

À lui aussi, nous donnons des pièces blanches, à cause de sa gentille action ; mais il croit que c’est encore pour la petite blessée et il se baisse pour les lui mettre dans sa poche de tablier. « Non, c’est à toi, cette fois, garde ! » La petite d’ailleurs est de cet avis.

Ils remercient tous deux avec de grands saluts ; puis, se tenant par la main, adorables de gravité enfantine et portant haut la tête, ils s’en vont ensemble — bientôt perdus parmi la foule damasquine, dans les fonds du décor idéal.


C’est aujourd’hui Pâques à la Grecque ; dans le quartier chrétien, toutes les rues sont animées d’une foule joyeuse en habits des grands jours — et cela surprend, au milieu de cette ville musulmane, de retrouver quelque part le dimanche, et le dimanche de Pâques.

Un certain mélange de costumes européens, hélas !… Des hommes en redingote, n’ayant plus de Levantin que le fez rouge. Des jeunes femmes qui seraient ravissantes en Orientales, un peu ridicules dans des essais de toilettes modernes : mais le plus grand nombre, Dieu merci, encore enveloppées du long voile des chrétiennes de Syrie, une rose naturelle ou une touffe de jasmin dans les cheveux, s’avançant vers l’église en groupes recueillis, d’un aspect hiératique.

Dans les petites rues inondées de soleil, entre les petits murs de terre colorée que dépassent des branches de rosiers en fleurs, s’en vont gaîment les familles parées pour la fête et, en suivant au hasard les gens qui passent, on est sûr d’arriver à la basilique, sans se perdre dans le labyrinthe rose.

Elle est grande, neuve et blanche, la basilique des chrétiens de Damas ; dans un préau qui l’entoure, s’agitent des gens de tous les costumes et de toutes les religions ; des grecs, des latins, des turcs, des bédouins ; des burnous de laine et des vestes brodées d’or ; une foule où dominent les gracieux fantômes blancs, les femmes au joli visage, enveloppées de ces voiles qui partent du front et tombent jusqu’aux babouches. Et, comme pour les fêtes de mariage, les hommes, les petits garçons tirent des coups de fusil au vent, en signe de réjouissance.

À l’intérieur, elle est toute blanche aussi, la basilique ; très riche, très claire, pleine de rayons de soleil ; le fond, l’iconostase entièrement en marbre blanc. Elle s’emplit peu à peu de la foule bigarrée et brodée qui étincelait dehors ; chacun, homme ou femme, Arabe ou Grec, tenant à la main un cierge acheté devant la porte.

Et enfin commence le grand spectacle attendu, l’entrée rituelle du patriarche coiffé de la tiare bizantine, figure archaïque à longue barbe grise, que suit un long cortège de prêtres en robe de drap d’or. Il s’assied sur son trône et on l’encense — scène des vieux temps ressuscitée dans de la lumière éblouissante, sans ce mystère de demi-ténèbres au milieu duquel nous avons coutume de nous représenter les choses passées.

Puis les cierges les plus proches s’allument à celui du patriarche ; on se passe de main en main cette flamme sacrée et l’église s’emplit de milliers de petits lumignons rouges, presque sans éclat sous le soleil de deux heures ; et les coups de feu précipitent leur bruit au dehors ; et un hymne de triomphe s’élève puissamment sous les voûtes, tandis que des choristes enfants soutiennent sans fin deux ou trois mêmes notes en mélopée, qui se traînent au milieu du chant et de la fusillade comme de longs cris funèbres. Le printemps oriental prête sa splendeur à ce dimanche de Pâques. Et, devant tant de confiance et de fête, on ne s’imagine plus ces grands massacres, encore si peu éloignés de nous, tout ce sang qui, il y a trente-cinq années, à peine, coulait ici à pleins ruisseaux.


Ce que l’on montre à Damas en fait de souvenirs des apôtres ou des premières époques chrétiennes est contestable et confus. Le lieu dit de la conversion de saint Paul n’est déjà plus celui que la tradition primitive avait consacré avant les Croisades. Seule, la « maison d’Ananias » paraît authentique ; elle est souterraine aujourd’hui et se compose de petites salles voûtées où les Latins ont mis une chapelle.

Mais les souvenirs des grandes époques musulmanes y sont innombrables : les palais, les kiosques funéraires, les bains, les portiques, les bibliothèques, et les écoles jadis célèbres, aujourd’hui délaissées. Tout cela, d’un accès encore difficile aux étrangers, enclavé dans les petites murailles de terre carminée et dissimulé comme à plaisir au milieu de l’immense labyrinthe des rues. Des merveilles de l’art arabe, des arcades toutes frangées de stalactites, des fontaines, des mosaïques, des faïences sont mêlées à des décombres, enchevêtrées avec des débris des époques antérieures, greffées sur d’informes ruines antiques qui vont se perdre en dessous, dans les profondeurs du sol : un chaos plein de surprises, plein d’énigmes, et où doivent dormir d’étonnantes choses enfouies.

En compagnie de l’obligeant pacha qui nous guide, toute l’après-midi nous circulons là dedans trop vite, obligés à de continuels détours pour éviter des rues étroites où ne passerait pas notre voiture menée au galop. Tantôt nous sommes dans les silencieux quartiers où se cachent, derrière les murs misérables, des jardins, et des habitations féeriques. Tantôt nous retraversons l’étourdissante clameur des bazars.

Bazar des libraires, bazar des ferblantiers, des tourneurs, des marteleurs de cuivre ; bazar des marchands de narguilés, ou bazar des céréales. Bazar des cordonniers, peut-être le plus coloré de tous : ruelles couvertes et demi-obscures, où les murailles disparaissent sous des chapelets de babouches aux nuances étonnantes brodées d’argent et d’or. Constamment il faut ralentir en criant gare, dans les foules trop serrées, sous l’oppressante, pénombre des vieux toits bas. Des milliers de petits marchands ambulants nous harcèlent, exaltant la qualité de leurs bonbons, de leur limonade, de leur cresson de fontaine ou de leur pain frais, par des refrains séculaires, par des plaisanteries éternellement pareilles, qui prouvent à la fois la naïve bonhomie et l’immuabilité de ce peuple : « Prenez garde à vos dents ! » disent les vendeurs de boissons glacées. « Calmez l’irritation de votre belle-mère ! » chantent les vendeurs de petits bouquets où des soucis se mêlent aux fleurs d’oranger et aux roses. Et, parmi tant de cris baroques, consacrés par d’immémoriales traditions, il en est de si vieux que le nom de Baal s’y trouve encore… Des visages étranges nous suivent : des mendiants de profession qui psalmodient leurs jérémiades, des derviches qui eux aussi demandent l’aumône, des fous qui bénissent. — Ainsi devait être, en Occident, la grande vie de nos rues au moyen âge. — Nous dérangeons des conciliabules de femmes à figure invisible, qui stationnent, pour composer et dicter des lettres, devant les échoppes des écrivains publics. Et enfin, dans le faubourg de Meïdan, hanté par les caravanes du Sud, nous passons au milieu de la curiosité sauvage des Bédouins, des Bédouines, de tous les gens des déserts d’à côté.

Une très sainte route traverse ce faubourg de Meïdan, aboutit à la « Porte de Dieu » et se continue vaguement dans l’infini des déserts : la route de la Mecque ! C’est par là que s’en va, chaque printemps, vers les villes du Prophète, la pieuse caravane qui, depuis des siècles, se forme à Damas, point initial des pèlerinages. Elle a perdu de son importance, il est vrai, la caravane séculaire, maintenant que des navires à vapeur conduisent directement des milliers de pèlerins à Djeddah ; les Algériens, les Tunisiens, les gens du sombre Moghreb, et aussi presque tous les Turcs de la Turquie d’Europe ont cessé de venir prendre ici la suite de ce lent et innombrable cortège, dont le passage est l’événement annuel des déserts d’Arabie ; mais les Persans, les Circassiens, les Kurdes, les Musulmans du fond de l’Asie se réunissent encore à Damas, pour se mettre en marche ensemble avec le cérémonial des vieux âges — et, à leur tête, cheminent toujours ces pompeux chameaux empanachés de plumes d’autruche qui partent à la fin de l’hiver de Constantinople, pour arriver ici à travers l’Asie Mineure, portant sur leur dos, dans des housses de velours brodé d’or, les présents du khalife à la mosquée de la Ka’aba.

Cette année-ci, nous avons failli la croiser en Idumée, la grande caravane. Elle sera de retour à Damas vers la fin de juillet ; le pacha de la ville, qui porte le titre officiel de « chef de la caravane sacrée », sortira à sa rencontre, et les marchands des bazars iront l’attendre à deux ou trois jours de route, dans le désert du Haouran, pour acheter aux pèlerins les marchandises rares qu’ils ont coutume de rapporter du Sud extrême.

Aujourd’hui, jour cependant quelconque pour la Damas musulmane, ce faubourg de Meïdan est rempli, à son ordinaire, de visiteurs singuliers : des paysans Druzes, offrant leurs céréales ; des Kurdes amenant leurs troupeaux de moutons ; des Bédouins d’un type qui nous est inconnu ; et, l’air inquiet, effarouché, mauvais, des chasseurs de gazelles venus des solitudes du Levant, armés de lances très longues, demi-nus sur des chevaux maigres.


Revenus en ville au galop de notre attelage, nous visitons jusqu’au soir des caravansérails, des bibliothèques et encore des mosquées. Puis, des tombeaux vénérés, où dorment les grands morts de l’Islam : dans un cimetière de l’Est, celui d’un Abyssin, célèbre jadis pour la sainteté de sa vie et la beauté de sa voix, que le Prophète avait attaché comme muezzin à sa propre personne ; près de la mosquée des Ommiades, au milieu d’une bibliothèque de manuscrits précieux, sous une coupole ornée de mosaïques d’or qui portent la date de l’an 666 de notre ère, celui du vaillant Melek Ez-Zahir Bibars, qui guerroya contre les Croisés et préserva Damas de leurs attaques.

Dans un quartier de ruines et de silence, est le tombeau du grand Salah-ed-Din (Saladin), duquel nous nous approchons avec une vénération particulière. On y arrive par un jardinet mélancolique et vieux, entre des murs. C’est un petit sanctuaire carré, à coupole, recouvert d’un badigeon de chaux et d’ocre ; des rosiers grimpants l’entourent de délicieuses guirlandes blanches ou rose pâle. À l’intérieur de ce kiosque, une extrême simplicité ; au centre de chacune des quatre faces, à hauteur d’homme, une petite niche en ogive arabe, comme une fenêtre qui serait murée, et, sur toutes les parois, rien qu’un revêtement d’exquises faïences anciennes. Sous le dôme blanchi à la chaux, au milieu, se tient le sarcophage de marbre, modestement revêtu d’un drap vert et surmonté d’un turban de mousseline. — On a conscience d’un tranquille oubli autour de ce mort sans doute trop lointain, dont le nom garde néanmoins pour nous, gens d’Occident, un rayonnement de gloire à travers les siècles, un éclat de féerie…

Le soir, à l’heure du soleil rouge, nous arrivons, dans un faubourg éloigné, au tombeau de Mouhieddin Ibn-el-Arabi, qui fut le grand penseur mystique de l’ancienne Damas. Bafoué et persécuté de son vivant, il avait été jeté à la voirie le lendemain de sa mort. Mais il eut plus tard son apothéose ; on rechercha pieusement ses restes, le sultan Selim lui fit faire un somptueux sarcophage et un grand kiosque de faïence bleue pour son sommeil. C’est au fond de la cour d’une sainte mosquée dont la porte, très difficilement ouverte aux Infidèles, est surchargée, en son honneur, de vieux drapeaux verts portant des inscriptions religieuses. Dans le kiosque très vaste, dorment aussi quelques illustres et saints personnages, qui avaient demandé à être enterrés sous la protection du grand songeur béatifié ; leurs catafalques sont épars autour de celui de Mouhieddin Ibn-el-Arabi, que renferme une monumentale grille de cuivre merveilleusement ajourée et ornée de fleurs en argent repoussé.

Du plafond, descendent des lanternes anciennes. Les faïences archaïques des murs représentent, en deux tons bleus sur fond bleuâtre, des séries de ces cyprès conventionnels qui reviennent si souvent jeter au milieu de la décoration arabe leurs lignes rigides. Par terre, ce sont de précieux tapis qui ont des chatoiements de soie, d’inaltérables couleurs, rouges, orangées ou vertes — et sur lesquels, il va sans dire, on ne marche jamais que pieds nus. Dans ce lieu calme, entouré de tant de défenses et de mystère, est réuni et quintessencié tout le charme de l’art religieux musulman, tout ce je ne sais quoi d’immatériel dans le dessin, dans les formes des choses, d’où résulte l’impression d’une paix spéciale, étrangère à nos âmes d’Occident…

Distraitement, tandis que je regarde la grille magnifique du penseur de Damas, j’ai posé la main sur l’un de ces autres catafalques de marbre qui surgissent du velours des tapis, d’ailleurs, sur le plus modeste de tous, que recouvre un simple drap noir :

— Savez-vous, me dit le pacha, contre qui vous vous appuyez ? qui dort là-dessous ?… L’émir Abd-el-Kader !

L’émir Abd-el-Kader !… Je ne m’attendais pas, dans cette demeure d’étrange repos, à entendre sonner ce nom vibrant, tout auréolé encore d’un prestige d’héroïsme et de guerre ; D’un geste irréfléchi, qui est un ressouvenir des coutumes d’Occident, je porte la main au front, pour me découvrir devant ce mort… Mais non, je suis vêtu en oriental, soumis ici à l’étiquette musulmane — et mon bras retombe.

Quelle mélancolique destinée, celle de cet homme, qui vint finir à Damas sa vie d’exil. Et comme il est bien, là, pour son sommeil, auprès du somptueux tombeau du sage dont l’ombre le protège, sous cet humble petit catafalque noir, entre ces murailles de faïence bleue…


Nous sommes ici tout près de la montagne qui surplombe Damas, et nous voulons encore y monter, pour voir une dernière fois, au coucher du soleil, le déploiement de cette ville rose que nous devons quitter demain matin au petit jour.

Nous nous élevons, et bientôt l’oasis, en bas, se déroule ; la ville, qui s’agrandit, reprend ses aspects lointains, ses airs merveilleux. Vers l’Occident, les verdures se continuent en ligne infinie : c’est la vallée du Barada et la grande voie qui mène à Beyrouth. Vers le Sud, le faubourg de Meïdan prolonge la ville en une longue pointe rosée au milieu du velours vert des arbres : c’est la sainte route de la Mecque et de Médine, que suivent depuis des siècles les innombrables foules illuminées d’espérance. Et, du côté du Levant, à travers des jardins et des cimetières, s’en va le chemin des caravanes, de Palmyre et de Bagdad.

De grandes nuées tourmentées d’orage s’assemblent dans le ciel et l’obscurcissent ; mauvais signe pour nous qui devons reprendre demain matin la vie nomade. Des rayons errants se promènent sur la terre ; ils font çà et là des traînées de rose plus tendre sur l’amas des coupoles et des murs, ou bien des traînées plus claires d’émeraude sur la cime des bois.

La montagne déserte qui nous porte a été foulée jadis par les rêveurs des plus vieux âges, et, à cause de cela, les musulmans la regardent comme sacrée. Dans ce silence d’en haut, nous nous sentons rapprochés peu à peu de ces hommes qui y sont venus, il y a quatre ou cinq mille ans, reposer leurs yeux sur l’étendue de cette éternelle ville et sur la fraîcheur de cette éternelle Oasis ; les siècles, les millénaires fuyants et rapides, une fois de plus se fondent dans notre esprit comme des instants.

Dans cet Orient, si immuable et si vieux, où l’on vit avec la hantise des myriades de générations antérieures, tant de fois ainsi la notion des durées se perd et l’heure présente paraît sombrer dans l’abîme des passés…

Le coucher du soleil !… La prière du Moghreb !… Une clameur aiguë, triste et longue, s’élève de la ville ; mêlée aux cris stridents des hirondelles noires en tourbillon dans l’air, elle monte jusqu’à nous — comme un lointain gémissement qui dirait, sous une forme orientale, toute l’humaine angoisse…

Puis, elle retombe. Le silence semble plus grand et le soir est commencé.