La France républicaine et les femmes/05

F. Aureau, Imprimerie de Lagny (p. 20-24).
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V




Vous qui niez l’influence de la femme, écoutez ce que dit l’histoire des siècles, elle contient de profonds enseignements :

À peine le soleil naissant éclaire le monde qui commence, à peine le sol fécond de l’Eden est foulé par le premiers pas de ses heureux possesseurs, que déjà l’homme semble avoir perdu cette paix suprême, élément principal de sa béatitude. Dieu appela Adam et lui dit : — Où es-tu ? — Et Adam se cacha. — Pourquoi crains-tu ? dit le Seigneur.

— La femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé.

Les siècles passent.

Les premiers patriarches parvenus à la plénitude de leurs jours ont laissé de nombreux descendants qui se sont multipliés sur la terre.

Les fils de Seth, pasteurs aux mœurs pures, méritent le nom « d’Enfants de Dieu ; » ceux de Cain s’adonnent à la culture de la terre, bâtissent des villes et sont les créateurs des arts.

Ils sont appelés « Enfants des hommes. »

Or, voici ce que dit la Genèse :

« Les enfants de Dieu voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent pour leurs femmes celles d’entre elles qui leur avaient plu. »

Quelque temps après ces unions :

« La terre était corrompue-et remplie d’iniquité. »

Il est écrit au livre des Juges :

« Les Israélites firent le mal devant le Seigneur, et le Seigneur les livra entre les mains de Jabin, roi des Chananéens. »

Il y avait, en ce temps-là, Une prophétesse nommée Débora qui, assise sous un palmier, jugeait le peuple entre Rama et Bétel.

Or, elle résolut de tirer son peuple de la servitude ; et, en ces jours-là, Dieu confondit Jabin, roi de Chanaan.

Après la victoire, l’écho du Thabor tressaillit au son de ce cantique : « On a cessé de voir des hommes vaillants dans Israël. Il ne s’en trouvait plus jusqu’à ce que Débora se soit élevée, jusqu’à ce qu’il se soit élevé une mère dans Israël. »

Ainsi chantait Barac, fils d’Abinoëm.

Au livre des Juges il est encore écrit que Samson parvint trois fois à déjouer les artifices de sa femme, Dalila, cherchant le secret de sa force prodigieuse.

« Et comme elle l’importunait sans cesse et qu’elle. se tint plusieurs jours attachée auprès de lui, sans lui donner aucun temps pour se reposer, enfin, la fermeté de son cœur se ralentit, et il tomba dans une lassitude mortelle. — Alors il lui découvrit toute la vérité. »

L’Écriture nous apprend les crimes du saint roi David pour la femme de son brave et fidèle serviteur Urie ; et comment, dans sa vieillesse, il arracha le bandeau royal du front d’Adonias, son fils aîné, pour en ceindre la tête du fils de l’artificieuse Bethsabée.

Le grand Salomon lui-même, le plus sage des rois d’Israël, « était déjà vieux, dit le livre des Rois, lorsque les femmes lui corrompirent le cœur pour lui faire suivre des dieux étrangers.

Il est encore dit au livre des Rois :

« Achab n’eut point son pareil en méchanceté, car il fut excité par Jézabel, sa femme, et il devint tellement abominable qu’il suivait les idoles des Amorrhéens. »

Voici ce que raconte encore la Bible : « Au temps d’Assuérus, Esther, fille d’Abihaïl, ayant trouvé grâce devant le roi, lui fit révoquer l’édit d’extermination lancé contre les Juifs ; elle en obtint un autre qui les autorisait à s’assembler pour défendre leur vie et tuer leurs ennemis et leurs femmes et leurs enfants, et à piller leurs dépouilles.

« Et l’on marqua à toute la province un même jour pour la vengeance.

« Et les Juifs tuèrent leurs ennemis en si grand nombre que soixante-quinze mille hommes furent enveloppés dans ce carnage. Et, dans Suse même, cinq cents hommes périrent.

« Le roi l’ayant appris dit à Esther : Que demandez vous davantage ? Que voulez-vons que j’ordonne encore ? »

« La reine répondit :

« S’il plaît au roi, que les juifs aient le pouvoir de faire demain dans Suse ce qu’ils ont fait aujourd’hui, et que les dix fils d’Aman soient pendus.

« Le roi commanda que cela fût fait, et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, et les dix fils d’Aman furent pendus. »