Magasin d’Éducation et de Récréation, Tome XIII, 1901



CHAPITRE XII


Ce jour-là, le mistral soufflait, secouant les grands arbres, sifflant à travers les branches ; Irène, qui avait porté le repas de ses oiseaux, rentrait, les cheveux ébouriffés et son chapeau sur les épaules :

« Oh ! Marie-Louise !… entends-tu le bruit là-haut ? dit-elle avec inquiétude, comme elle posait son panier dans la cuisine.

— Eh ! pécaïre ! je l’entends depuis une heure…

— Mon Dieu, si c’était le mistral qui arrache les tuiles ou qui enlève le toit comme chez Mme Guide ?

— Nenni, mademoiselle, votre tante fait le vacarme toute seule dans la chambre de feu votre grand-père ; elle roule les meubles et regarde derrière, renverse les tiroirs pour voir plus vite ce qu’il y a dedans… écoutez, la voilà qui tire l’escabeau devant la grande armoire de chêne ; il paraît qu’elle cherche un morceau de bois, elle vous appelle encore, c’est au moins la dixième fois !

— Il fallait le dire tout de suite… Voilà, tante, voilà !… »

Irène, aiguillonnée par la curiosité, monta l’escalier en courant et présenta sa mine rose à l’entrée de la chambre qu’on n’ouvrait jamais, hors les jours de grands nettoyages. Elle vit Mlle Dorothée en train de tout bouleverser dans l’armoire.

« Arrive donc, fillette, dit celle-ci, j’ai besoin que tu m’aides…

— À quoi, tante ? est-ce que nous faisons la Saint-Michel[1] ?

— Petite folle ! tu serais aussi fâchée que moi d’abandonner la bastide.

— Je crois bien !… et la Foux, cela me ferait encore plus de peine !

— Bien pensé, ma fille, tu es une vraie Lissac !… à présent, aide-moi à la trouver…, il y a si longtemps, je ne sais plus où je l’ai mise… pourtant, il me semble que je vois sa petite figure…

— Une figure ? alors c’est une poupée que tu cherches… ou bien un portrait !… et Marie-Louise qui me parlait d’un morceau de bois.

— Marie-Louise est une insolente ! le « chef-d’œuvre » de ton grand-père n’est pas un bâton !

— La canne, la fameuse canne de bon papa Lissac, dont tu m’as tant parlé… c’est elle que tu cherches ! oh ! je vais t’aider, j’ai si grande envie de la voir ! »

Irène se mit à l’œuvre avec une ardeur extraordinaire et n’eut pas de peine à achever le désordre de la malheureuse chambre. Sa besogne durait depuis vingt minutes et elle était à demi plongée dans le bahut rempli de papiers lorsqu’elle poussa un cri de triomphe :

« Tante Dor, je crois que j’ai trouvé : c’est un paquet long, long, et pas plus gros qu’une flûte ; vois plutôt ! »

Mlle Dorothée, toujours occupée à explorer les rayons de l’armoire, quitta son escabeau.

« Oui, oui, dit-elle contenant son émotion, je reconnais le papier et la ficelle nouée aux deux bouts… tu l’as trouvée, enfant, il est juste que tu aies l’honneur de la développer ! »

D’une main que le ton solennel de sa tante faisait trembler, la fillette enleva l’enveloppe poussiéreuse et se mit à examiner curieusement ce qu’on nommait « le chef-d’œuvre du père Lissac ».

C’était, en effet, une merveille que ce long bâton mince, autour duquel sa main habile avait sculpté de légères branches de roses et qui se terminait, en guise de pomme, par le buste d’une petite Provençale, au minois pas plus gros qu’une noisette s’épanouissant dans un rire malicieux.

« Ah ! la belle mignonne ! comment a-t-elle pu rire si longtemps sous ce vilain papier ! » s’écria Irène ravie.

Au lieu de répondre, Mlle Lissac s’assit et, après avoir posé la canne sur ses genoux, demanda à sa nièce :

« As-tu oublié ce que je t’ai raconté au sujet de cette canne ?

— Non, tante Dor ; tu vas voir que je le sais sur le bout du doigt. Le jour où mon grand-père s’est tué en tombant de cheval, il a enveloppé lui-même son chef-d’œuvre et t’a dit avant de partir :

« — Je veux l’envoyer à mon ennemi Brial ; s’il est juste, notre querelle finira bientôt… »

— C’est cela même.

— Toi, tu étais mécontente, parce que l’oncle Brial semblait tous les jours plus fier et plus arrogant avec vous… grand-père est parti sans vouloir t’écouter et… comme il revenait de Mougins, le cheval l’a jeté à terre…

— Et je n’ai pas envoyé la canne parce que le père d’Honoré est mort subitement le lendemain, acheva la tante Dor ; je l’ai serrée… sa vue me rappelait un trop triste souvenir.

— C’était dommage ! elle est jolie ; si tu veux, nous lui trouverons une bonne place dans la salle pour que tout le monde l’admire !

— Mieux que ça, ma fille, nous en ferons cadeau à Norbert ; sa conduite de l’autre jour mérite une récompense ; de plus, il a le même goût que mon père pour la sculpture sur bois ; ses bonshommes ne sont pas mal tournés, cela me touche et je veux l’encourager.

— Chère, chère tante Dor, comme tu as de bonnes idées ; va-t-il être content, va-t-il être fier, ce Norbert !… et le cousin Honoré aussi, j’en suis certaine ! »

Irène, dans l’excès de sa joie, exécuta deux ou trois bonds au milieu des objets qui jonchaient le parquet, puis revint se planter devant Mlle Lissac, d’un air à la fois heureux et reconnaissant.

« Oui, je comprends, dit cette dernière, tu aimes nos cousins malgré moi et tu t’imagines que je finirai aussi par les traiter en amis… détrompe-toi : Norbert est un brave cœur, l’aîné des garçons de notre famille, digne de posséder ma relique, je l’avoue ; il gagnerait facilement mon affection sans la Foux-aux-Roses ; mais, souviens-toi toujours qu’elle nous appartient avec la moitié du champ qu’Honoré, comme son père, s’obstine à garder : les Brial doivent demeurer nos ennemis tant qu’ils n’auront pas cédé !… À présent, allons prendre l’air, le mistral me fera du bien ! »

Mlle Dorothée porta la canne dans la salle, se couvrit d’une cape montagnarde, puis sortit après avoir placé une pochette de toile grise dans les mains d’Irène.

Celle-ci emboîta le pas sans souffler mot, la figure cachée sous ses boucles rousses que le vent ramenait sur ses yeux. Sa gaieté s’était envolée avec les dernières paroles de sa tante. Quoi ! c’était donc vrai : la jolie Foux serait toujours un obstacle à la paix tant désirée ! Malgré ses bontés pour Norbert, Mlle Lissac conservait sa rancune !…

Elles suivaient le chemin de la source, Irène ne s’en étonnait pas : on était au 15 avril et, le 15 de chaque mois, à l’exemple de son père, la tante Dor se rendait au pont fermé pour en faire jouer la serrure. Sous le bosquet, dans les ramures des orangers, le mistral chantait tristement. La petite fille avait presque les larmes aux yeux quand, pour obéir à sa tante, elle introduisit la main dans la pochette et en retira une grande clef brillante comme si elle sortait de chez le serrurier.

« Mets-la toi-même dans la serrure, ordonna la vieille demoiselle, je trouve bon que tu t’y habitues… Ah bien ! à quoi penses-tu ? il est inutile d’ouvrir la porte toute grande !

— Seulement pour voir comment c’était autrefois, dit Irène plantée sur le seuil. Ah ! la Foux était bien plus jolie avec le pont ouvert !

— Peut-être bien, mais la porte restera close, et jamais, de mon vivant, un Brial ne la franchira !… Dieu merci, je suis ferme ! » ajouta Mlle Dorothée comme se parlant à elle-même.

De nouveau l’énorme pêne glissait dans la gâche lorsque, à travers les sifflements de la tempête, Irène crut distinguer une voix.

« Écoute, tante, on crie par là…

— Tu te trompes, c’est le vent dans les arbres.

— Non, quelqu’un appelle… là, entends-tu à présent ?

— Irène !… Irène ! est-ce vous qui êtes là ?… criait une voix très faible.

— J’en étais sure ! c’est Norbert, le voici qui accourt avec un homme. »

Le jeune garçon, en effet, arrivait près de la rive, et toutes deux purent reconnaître, dans son compagnon, Bosque, le principal employé de la distillerie.

L’un et l’autre étaient pâles et Norbert, apercevant Mlle Dorothée, reprit, tout haletant :

« Ah ! cousine ! c’est le bon Dieu qui vous envoie… si vous saviez… le grand, l’affreux malheur ! »

Le vent affaiblissait encore sa voix ; néanmoins la vieille demoiselle saisit les dernières paroles :

« Que parles-tu de malheur, mon ami, ton visage est à l’envers… dis vite, je n’aime pas les rébus ! »

Norbert obéit, à en juger par ses gestes, mais les hurlements du mistral redoublaient de violence ; ils formaient, avec l’eau chantante de la Foux et les branches follement agitées, un bruit assourdissant. Ce que disait le jeune garçon n’arrivait plus du tout sur la rive opposée. Irène et sa tante le virent s’appuyer à un arbre et se cacher le visage dans ses mains, tandis que Bosque essayait à son tour de faire entendre une explication.

« Parlez plus fort ! », lui cria Mlle Lissac en frappant du pied.

Il comprit son geste d’impatience et enfla la voix.

« M. Brial… voyage… accident… morts ! » furent les seuls mots qui traversèrent la Foux.

En les entendant, la tante d’Irène pâlit à son tour.

« Ils nous annoncent une catastrophe, c’est clair ! dit-elle, mais j’ai dû mal comprendre le dernier mot ! non, non, mon cher Honoré n’est pas mort… ce serait trop affreux !

— Vois, tante, Norbert recommence sa pantomime ; on dirait qu’il te supplie ! »

Mlle Dorothée ne répondit pas ; ses regards allaient de l’enfant désolé au vieux pont moussu.

« Allons, murmura-t-elle en prenant tout à coup son parti, malgré ma fermeté, il était dit que j’ouvrirais ma porte à un Brial ! »

Les assistants n’en pouvaient croire leurs yeux lorsqu’ils la virent, sa clef à la main, se diriger vers la porte et l’ouvrir toute grande. En deux bonds Norbert fut devant elle, et d’un ton pénétré :

« Ah ! cousine ! que vous êtes bonne d’avoir ouvert ! je ne pouvais faire le tour par en bas, c’est trop long.

— Explique-toi, dit-elle de sa voix la plus rude ; mais si tu m’as fait faire une action aussi grave pour une bagatelle, je ne te pardonnerai de ma vie !

— Hélas ! non, ce n’est pas une bagatelle : mon pauvre papa, qui revenait de Gênes, avait annoncé qu’il serait ici hier soir ; il n’est pas arrivé et voilà que Bosque vient de lire dans le journal un terrible accident de chemin de fer : un train a déraillé près de Vintimille ; il y a des morts, et, parmi les blessés, on parle d’un monsieur de Grasse dont on ne dit pas le nom !… c’est lui certainement !… il est tout seul là-bas, peut-être en danger…

— Pauvre Honoré ! sera-t-il victime de cette diabolique machine ! s’exclama Mlle Dorothée ne cherchant plus à dissimuler son émotion, je suppose que ta mère est déjà partie pour le lieu de l’accident ? »

Les traits de Norbert exprimèrent le plus grand abattement :

« Non, cousine, voilà deux jours que maman est au lit, on craint une fièvre ; le docteur Ortiz a recommandé qu’elle soit très tranquille… je n’oserai jamais lui apprendre la triste nouvelle ; elle voudrait partir tout de même et c’est très dangereux, n’est-ce pas, de se lever quand on a une fièvre muqueuse ?

— Dangereux, et même impossible ! ta mère ne pourrait se tenir debout.

— Alors, cousine, donnez-moi un conseil ; je n’ai que vous pour me dire ce qu’il faut faire !… Ah ! que je suis malheureux ! »

Les sanglots étouffaient le jeune garçon ; Irène, près de lui, pleurait à chaudes larmes ; le vieil employé se tamponnait vigoureusement les yeux avec son mouchoir. Les mains nerveuses de Mlle Lissac secouèrent les enfants.

« Est-ce à cela que vous êtes bons dans un pareil moment ? dit-elle d’une voix indignée, et vous, Bosque, allez-vous pleurnicher comme un marmot ?… Répondez plutôt : êtes-vous certain que votre patron était dans le train qui a déraillé ?

— Presque certain, mademoiselle ; voici la lettre où il annonce son retour.

— Hum ! hum ! il n’y a plus de doute alors… Cher Honoré !… pauvre cousin… Écoute, Norbert, il faut être courageux et faire appel à ton intelligence pour cacher à ta mère ce qui nous inquiète… une violente émotion lui ferait beaucoup de mal ; tu es l’aîné, tâche que Marthe et Jacques ne commettent aucune imprudence…

— Mais papa, nous ne pouvons pas l’abandonner si loin, au milieu d’étrangers !

— Soyez tranquille, monsieur Norbert, dit Bosque d’un ton rassurant, le bon monsieur ne manquera pas d’amis dans Grasse qui vont se proposer pour aller à Vintimille ; tenez, M. Bernaudat, c’en est un vrai, celui-là, et… »

La voix grondeuse de Mlle Dorothée interrompit ce discours :

« Bosque, vous êtes un brave homme, mais vous venez de dire une bêtise ; laissez M. Bernaudat chez lui ; je connais quelqu’un qui prendra soin de votre patron mieux que tous les amis du monde… À quelle heure part le premier train ?

— À trois heures, mademoiselle.

— Il en est deux, ne perdons pas de temps. Vite à la bastide ! »

Irène, qui connaissait les manières originales de sa tante, sécha ses larmes et passa son bras sous celui de son cousin.

« Allons, dit-elle tout bas, je suis sûre qu’elle a une bonne idée ! »

Ils emboîtèrent le pas derrière Mlle Dorothée, pendant que Bosque, qui suivait sans trop savoir si on l’y avait invité, marmottait entre ses dents :

« Qu’est-ce qui lui prend ? elle court comme une autruche ; nous ne sommes pourtant pas sur la route de Vintimille.

— Attendez cinq minutes », ordonna Mlle Lissac comme on arrivait à la bastide.

Et elle s’élança dans l’escalier en appelant Marie-Louise.

« Y comprenez-vous quelque chose ? de manda Norbert surpris.

— Pas encore, répondit sa cousine, mais, je vous le répète : lorsque tante Dor se mêle d’une affaire, cela finit toujours bien.

— Elle écrit peut-être à la personne qui ira soigner papa… ah ! mais non, elle redescend déjà… »

Elle rentrait, en effet, la tante Dor, coiffée de son chapeau, couverte de son vêtement de sortie, tenant d’une main le parasol café au lait fraîchement réparé, et, de l’autre, l’antique sac de voyage du père Lissac.

Bosque et les enfants la regardèrent avec plus de stupeur encore que lorsqu’elle avait ouvert le pont fermé.

« Norbert, dit-elle en désignant la canne sculptée, prends ceci, c’est une relique dont Irène te dira l’histoire, ce sera un souvenir de ta vieille cousine !… n’oublie pas mes recommandations pour ta mère et mets le docteur Ortiz dans la confidence. Toi, petite, tache d’être raisonnable… Bosque, ayez l’obligeance de prévenir aujourd’hui Nanette Raybaud que je lui confie ma nièce Irène et que je la prie de s’établir ici en mon absence… Au revoir, mes enfants, j’ai peur de manquer le train. »

Une triple exclamation salua en même temps ces paroles :

« Tu pars ! tante Dor ?

— Oh ! cousine Dorothée, que vous êtes bonne !

— Par le chemin de fer ! vous n’y pensez pas, mademoiselle !

— Oui, par le chemin de fer, monsieur Bosque, j’y pense fort bien ; mais, comme le meilleur cheval ne peut me conduire aussi vite que cette invention infernale, je me décide !… Honoré m’a déjà attendu que trop longtemps ! »

Bosque secouait la tête d’un certain air qui signifiait : « Quand elle sera en wagon, j’y croirai !… »

« Donnez-moi votre sac, dit-il, je le porterai jusqu’à la gare.

— Et moi, ton parasol, tante ?… nous t’accompagnons, n’est-ce pas, Norbert ?

— Je crois bien ! » dit le jeune garçon qui reprenait courage.

On se mit en marche, Mlle Lissac, en tête, et Bosque à ses côtés ; le brave homme n’était pas encore revenu de sa surprise.

« Mademoiselle, insinua-t-il, chemin faisant, savez-vous bien ce qu’on trouve au bout de ce voyage ?

— Vintimille, une ville comme les autres, je suppose !

— Oui, mais, avant d’y arriver, vous franchirez des ponts au-dessus de vallées profondes…

— Et après ?

— Vous traverserez des torrents…

— Et ensuite ?

— Vous passerez sous Menton, puis il y aura des tranchées, cinq tunnels d’une longueur effrayante !…

— Et après les tunnels ? demanda Mlle Dorothée qui allongeait toujours le pas.

— Après ?… pécaïre, après… vous arriverez à Vintimille !

— C’est tout ce qu’il me faut, maître Bosque ; vous croyez donc me faire peur avec vos torrents et vos tunnels ?

— Je ne dis pas ça, mais c’est si drôle… je vous avais toujours entendue déclarer que les chemins de fer…

— Sont la plus détestable découverte de notre siècle, oui, je l’ai dit… et qu’on y est secoué, ballotté, ahuri, je le répète encore… et aussi que ceux qui, sans raison, montent là-dedans pour se promener, méritent d’avoir les os rompus… mais, moi, j’ai une raison… une bonne, une excellente raison… et, quand je serais certaine qu’une catastrophe m’attend sur la route, je partirais tout de même !… les Lissac savent faire leur devoir !

— C’est bien beau, mademoiselle, oui, c’est bien beau ce que vous faites là ! répliqua Bosque électrisé par le ton de la vieille demoiselle ; seulement, Dieu merci, il n’arrive pas d’accidents tous les jours, vous reviendrez saine et sauve !

— Je le désire, Bosque ; en tout cas, mon testament est chez mon notaire, avec une lettre où je recommande à Irène de maintenir ses droits sur notre Foux !… Ah ! j’arrive juste pour prendre mon billet… »

Les employés appelaient les voyageurs en retard.

« Adieu, petits, adieu ! dit la tante Dor qui serra vivement sur son cœur Norbert et Irène, demain, si je suis en vie, vous aurez des nouvelles d’Honoré ; jusque-là ne parlez de l’accident qu’au docteur Ortiz ! »

Lorsqu’elle eut disparu, les enfants se regardèrent comme s’ils n’étaient pas très sûrs d’être éveillés :

« Il me semble que je viens de rêver ! dit Irène ; quelles choses extraordinaires se sont passées depuis une heure !… Tante Dor t’a ouvert le pont fermé, et elle prend le chemin de fer pour aller soigner le cousin Honoré qu’elle appelle son ennemi ! Pouvez-vous y croire, Norbert ?

— Il le faut bien, puisque c’est vrai !… Écoutez, voilà le train qui siffle… chère cousine Dorothée, je n’oublierai jamais son dévouement ! vous aviez raison, cousinette, elle aime toujours papa !

— Oui, oui, elle a du bon, beaucoup de bon », conclut Bosque d’un air entendu.

  1. Expression provençale qui signifie déménager.