Albert Méricant (p. 188-197).
Troisième partie


IV

LE SPECTRE FIANCÉ


Vers le mois de mars 1845, Jacques Bricheteau fut assez ému en recevant un billet, d’ailleurs très poli, de Rastignac, qui le priait de vouloir bien passer à l’hôtel du ministre des travaux publics.

L’affaire de Sallenauve, depuis longtemps ensevelie dans une apparence de complet oubli, allait-elle se réveiller ? Le ministre avait-il reçu quelques nouvelles du voyageur ? L’une ou l’autre de ces suppositions parlait trop vivement à l’imagination de l’organiste pour qu’il ne se rendît pas en toute hâte à l’assignation qui lui était donnée.

Bricheteau n’eut pas plutôt décliné son nom à l’huissier, qu’il fut introduit.

Le ministre commença par s’excuser sur ses nombreuses occupations qui ne lui avaient pas permis, en se rendant à Ville-d’Avray, d’épargner à Bricheteau un dérangement, ensuite il lui dit :

— Il y a déjà longtemps, monsieur Bricheteau, que vous aviez bien voulu me promettre de me demander quelque chose.

— Je vous suis reconnaissant de votre souvenir, monsieur le ministre, répondit l’organiste ; mais outre que je ne suis pas bien sûr de vous avoir fait ce que vous appelez gracieusement une promesse, je suis du moins certain de n’avoir besoin de rien. Ma petite fortune personnelle et l’administration de celle de M. de Sallenauve m’occupent suffisamment et me dispensent de rien désirer pour mon bien-être.

— J’en suis ravi et en même temps j’en suis fâché, dit coquettement Rastignac, puisque je perds l’espérance d’être personnellement agréable à l’un des hommes les plus honorables que j’aie rencontrés de ma vie.

Bricheteau s’inclina en signe de remercîment.

— Eh bien ! et M. de Sallenauve, reprit Rastignac, avez-vous de ses nouvelles ?

— Hélas ! non, répondit l’organiste ; sa dernière lettre date déjà de plus d’une année, et, au moment où il me l’écrivait, il était sur le point de se jeter dans une entreprise des plus périlleuses.

— Comment ! est-ce qu’il aurait eu la pensée de soutenir à main armée le rôle de prétendant que lui avait ménagé sa mère ?

— Je vois bien, répondit Bricheteau, que monsieur le ministre lui en veut toujours.

— Pourquoi ? je parle sérieusement. Dans cet étrange pays de l’Amérique du Sud qu’y a-t-il d’impossible ? À tout instant, les révolutions les plus inattendues s’y succèdent, et c’est assurément la Terre-Promise des prétendants.

— L’ambition de M. de Sallenauve est plus modeste, répondit Bricheteau, et il est allé jouer sa vie pour un but plus sérieux et surtout moins intéressé.

— Enfin, j’espère qu’il sortira de cette épreuve, dit Rastignac ; son étoile, à part le fait de sa naissance, a été jusqu’ici très heureuse, et vous avez vraiment tort de croire que je conserve contre lui quelques sentiments d’hostilité. Loin de là, car, en réalité, je finirai par lui être redevable de la tranquillité de ma vie.

— Comment cela ? dit Bricheteau.

— Oui, reprit le ministre, la rude rencontre ménagée à son profit par M. de Saint-Estève, m’a fait profondément réfléchir, et j’ai fini par reconnaître qu’au point de vue de la vie publique comme au point de vue de la vie privée, j’étais sur une mauvaise pente. J’ai une femme jeune et charmante, et je la négligeais ; une position politique très passable, et, sous l’inspiration de M. de Trailles, je m’étais laissé entraîner à des moyens d’influence hasardés et compromettants. La leçon pour moi n’a pas été perdue ; j’en ai désormais fini avec la politique d’aventures, et la plus parfaite harmonie est rétablie dans mon ménage, résultat auquel les excellents conseils de madame de l’Estorade n’ont d’ailleurs pas été étrangers.

— C’est, en effet, dit Bricheteau, une femme d’un bon sens rare, en même temps qu’un noble caractère et un esprit distingué.

— Vous la voyez beaucoup ? demanda Rastignac.

— Depuis la mort de son mari, je suis du petit nombre de ceux auxquels elle a donné accès dans sa retraite.

— C’est justement à ce titre d’ami de la maison, que j’ai désiré vous causer d’une affaire où votre avis d’abord, et ensuite votre intervention, pourraient être pour nous d’un très grand prix.

— Vous m’étonnez beaucoup, monsieur le ministre ; un chétif comme moi, bon pour vous à quelque chose !

— Je sais, répondit Rastignac, que vous êtes aussi modeste qu’habile ; mais, pour sortir des compliments, dites-moi : quelle est la pensée de madame de l’Estorade relativement à l’établissement de sa fille ? Naïs est en âge d’être mariée, car, si je ne me trompe, elle a maintenant dix-neuf ans ?

— Je ne sache pas que madame de l’Estorade ait encore rien en vue.

— Ce pauvre l’Estorade, continua le ministre, avait à ce sujet quelques idées, et je crois que M. de Sallenauve lui aurait paru un gendre convenable.

— Oui ; mais jamais sa femme ne s’était arrêtée à la pensée de ce mariage. Elle jugeait que ce gendre, qui a aujourd’hui trente-six ans, était trop âgé pour sa fille, et je sais d’ailleurs que M. de Sallenauve était tout à fait de ce sentiment.

— Alors, dit le ministre, en vous parlant d’un autre parti pour mademoiselle de l’Estorade, je n’aurais pas à craindre de vous trouver hostile à ce choix ?

— Mon hostilité, je pense, dans tous les cas, serait d’une très médiocre importance.

— Enfin vous admettez bien au moins que vous m’avez déjà très utilement renseigné en faisant savoir que je ne me jetterai au-devant d’aucun arrangement antérieur. Maintenant, si vous voulez bien me permettre de vous faire connaître mon prétendant, à supposer que le choix ne vous paraisse pas trop absurde, je vous dirai un petit côté par lequel, à défaut d’une coopération plus efficace, notre ambition pourrait être servie par vous.

— Plus je me regarde comme inutile et insuffisant, monsieur le ministre, plus votre confiance doit m’honorer.

— La personne que j’aurais en vue, continua Rastignac, est le jeune Félix de Restaud, mon chef de cabinet, le cousin germain de ma femme.

Jacques Bricheteau fit de la tête un signe d’assentiment sans autrement se prononcer.

— Il y a contre lui, poursuivit le ministre, une objection à faire : la conduite de sa mère, que M. de Trailles a autrefois horriblement compromise : mais nous avons eu l’heureux malheur de la perdre il y a dix-huit mois, et, de son vivant, elle ne s’était pas trouvé un obstacle à l’établissement de son fils aîné, Ernest de Restaud, qui s’est allié à l’un des plus grands noms du royaume, en épousant la fille de madame la vicomtesse de Grandlieu.

Bricheteau continua sa pantomime approbative, et Rastignac d’ajouter :

— Ce côté faible écarté, je ne sache pas dans mon candidat beaucoup de choses reprochables. Il est très bien de sa personne, laborieux, intelligent, et, par la situation qu’il occupe auprès de moi, il est déjà en possession d’un poste administratif assez élevé. Du reste, comme cette position de chef de cabinet a toujours quelque chose de précaire, parce qu’elle attache à la personne du ministre, homme essentiellement mortel sous un gouvernement parlementaire, en manière de cadeau de noces, je me ferais fort d’obtenir pour notre jeune homme une place à la cour des comptes, où M. de l’Estorade a laissé tant d’honorables souvenirs. Du reste, il y a entre les jeunes gens rapport d’âge, égalité de fortune, et peut-être même que la balance pencherait un peu de notre côté ; mais je dois ajouter que madame la baronne de Nucingen, avec l’approbation empressée de ma femme et avec la mienne, est dans l’intention, si ce mariage pouvait avoir lieu, de faire à son neveu quelques avantages assez considérables.

— Les jeunes gens se connaissent ? demanda Bricheteau.

— Mademoiselle de l’Estorade a pu voir Félix dans le monde, où elle a été peu cependant ; je ne sais si elle l’a remarqué. Quant à lui, il a pour la jeune personne l’admiration la plus vive, et je suis certain que ce mariage comblerait tous ses vœux.

— Maintenant, monsieur le ministre, demanda Bricheteau, par où mon intervention pourrait-elle être utile au succès de vos arrangements ?

— Mais, répondit Rastignac, votre intervention pourrait nous être utile… en intervenant, en usant de l’influence que vous pouvez avoir sur l’esprit de madame de l’Estorade.

— Hum ! fit Bricheteau, c’est une chose bien délicate, et je ne crois pas vraiment être posé auprès de madame de l’Estorade de manière à pouvoir convenablement prétendre à l’influencer.

— Mais au moins, dit le ministre, vous pourriez nous rendre le service de sonder les approches. Être refusée serait très pénible à madame de Rastignac et, avant d’aller faire officiellement la demande, elle serait reconnaissante à quelqu’un qui aurait bien voulu se charger d’éclairer le terrain.

— Cela, repartit l’organiste, je puis le faire.

— Eh bien ! dit Rastignac, c’est déjà beaucoup. Il me paraît ensuite, je vous l’avoue, assez difficile qu’en l’accusant avec madame de l’Estorade, de cette idée en l’air, vous ne soyez pas amené à exprimer à son sujet une opinion. Or, pour peu seulement qu’elle ne fût pas défavorable au dénoûment désiré par nous, je tiendrais cette neutralité pour une conquête également très précieuse.

— Je m’engage, dit Bricheteau à être le rapporteur le plus exact et le plus impartial ; mais, comme tous les rapporteurs, je ne conclurai pas.

— Nous ne vous demandons pas autre chose, dit Rastignac. Dans tous les cas, je sais combien madame de l’Estorade a d’obligations à M. de Sallenauve. Entrer dans son alliance, c’est nécessairement épouser ses aversions et ses sympathies. Il me semble donc que vous pouvez voir, dans le mariage que nous avons en vue, un gage de l’oubli absolu de tout notre méchant passé avec votre ami.

À la suite de ce dernier trait, qui était une sorte de prime offerte au zèle de l’entremetteur, on se sépara, et Bricheteau s’empressa d’aller faire part à madame de l’Estorade de l’ouverture qu’il avait reçue.

De tout temps, entre la femme du ministre et celle du président de la cour des comptes, les rapports avaient été excellents. Quand commença pour madame de Rastignac le terrible souci de la Luigia, on peut se rappeler que madame de l’Estorade avait été la confidente de ses mortels déplaisirs, et qu’à cette occasion elle avait donné à la délaissée quelques conseils pleins de sagesse. Quand vint l’affaire des lettres de Franchessini, Rastignac s’était senti épouvanté du danger qui venait de passer sur sa tête, et, au lieu de faire à sa femme une querelle qui peut-être eût gravement envenimé les choses, il avait eu l’heureuse inspiration de tout confier à madame de l’Estorade et de la constituer, en quelque sorte, arbitre entre sa femme et lui. L’arbitrage avait été des plus heureux, et c’était dans leur reconnaissance affectueuse pour l’habile conciliatrice que les époux, tendrement revenus l’un à l’autre, avaient puisé l’idée de ce mariage dont Bricheteau venait d’être entretenu.

Lors donc que celui-ci fit part à la comtesse du dessein où étaient les Rastignac de lui demander pour Félix de Restaud la main de sa fille, il trouva une femme bien disposée, et comme, du côté des avantages matériels, ce mariage se présentait incontestablement sous un très bon aspect, la proposition en fut reçue, sinon avec un extrême empressement, au moins avec une faveur marquée.

— Mais vous, mon cher monsieur Bricheteau, demanda la comtesse, quelle est votre impression ?

— Je ne connais pas le jeune homme, répondit Bricheteau ; je ne sais pas davantage quelles peuvent être les dispositions de mademoiselle Naïs ; je puis seulement dire que les convenances d’âge, de fortune et de famille me semble réunies d’une façon désirable.

— C’est aussi mon avis, dit madame de l’Estorade ; cependant, je ne vous donne pas immédiatement ma réponse ; il faut que j’en parle à Armand.

Cette restriction accusait dans l’économie de la maison l’Estorade une nuance importante à enregistrer.

Armand, que nous avons laissé au collège, avait alors vingt-et-un ans ; ayant achevé ses études de droit, il venait de passer avec éclat sa thèse pour le doctorat. Il était donc plus que jamais un homme, et sa mère n’aurait pas eu une disposition naturelle à le traiter en chef de la famille et à prendre dans le maniement de toutes leurs affaires domestiques, les conseils de sa haute sagesse, que lui-même aurait su se faire faire une grande place dans toutes les délibérations.

Le mariage dont il était question, soumis à sa prudence, il en embrassa l’idée avec ardeur. Rien que l’alliance d’un ministre aussi influent que Rastignac était faite pour donner à cette jeune tête un éblouissement, et quand madame de l’Estorade en vint à parler d’interroger l’inclination particulière de Naïs :

— Laissez-moi lui soumettre la proposition, dit le jeune négociateur d’un air sûr de lui-même ; avec vous, chère mère, ce serait des si et des car à n’en plus finir, au lieu que moi j’irai droit au but.

Madame de l’Estorade ne crut pas devoir consentir à l’abdication qui lui était demandée ; et comme elle prévoyait, en effet, peu d’empressement de la part de Naïs à accueillir une proposition de mariage, quelle qu’elle fût, elle aima mieux se charger du soin de pressentir sa fille, craignant avec raison que les façons tranchantes de M. Armand ne produisissent un effet tout différent de celui qu’il en promettait. De son côté, Naïs avait également cessé d’être la petite personne raisonneuse et capable que nous avons connue. Elle était devenue une grande et belle fille, infiniment plus spirituelle que son frère Armand, et, sans la plaie que de temps immémorial elle portait au cœur, elle aurait pu passer pour l’une des plus piquantes brunes que l’on pût imaginer. Mais, à la cohabitation, si l’on peut ainsi parler, de cette pensée toujours présente, elle avait contracté des airs langoureux et rêveurs qui, formant avec son genre de beauté le contraste le plus tranché, déroutaient l’œil du classificateur : on aurait dit une âme blonde égarée chez une Andalouse.

Quand madame de l’Estorade parla à sa fille de la recherche dont elle était l’objet, le premier mot de celle-ci fut qu’elle ne voulait pas se marier.

— Comment ! dit madame de l’Estorade, ton intention est de rester fille ?

— Oui maman, répondit Naïs ; je ne vois pas que le mariage vous ait déjà faite si heureuse.

— Mais, ne fût-ce que le bonheur de t’avoir eue, ma bonne Naïs, toi et tes frères, je ne trouverais pas que le marché eût été bien mauvais. Du reste, ce sont là des idées folles ; entre le couvent et le mariage, pour une fille de ta condition, il n’y a pas de milieu. Que tu me dises que tel ou tel mari ne t’agrée pas, je le concevrais, et, sur ce chapitre, je tâcherai de te laisser la plus grande liberté possible ; mais, ici, tu serais embarrassée de concilier ta réponse avec la raison très développée qui, chez toi, n’a pas attendu les années ; car, enfin, M. Félix Restaud, tu ne le connais pas.

— C’est justement pour cela que je ne veux pas de lui ; danser avec un inconnu est déjà un supplice ; je vous demande ce qu’il en doit être d’un mariage qui, après tout, est un engagement à vie.

— Mais tu auras la même réponse à me faire pour tous les prétendants qui se présenteront. Je ne te demande pas d’accepter M. de Restaud au premier mot ; consens seulement à recevoir ses soins, à faire avec lui connaissance, et si réellement il est l’homme que l’on m’a dépeint, tu serais une fille quinteuse, et donnerais de ta raison et de ton humeur une idée peu satisfaisante, en persistant dans le refus absolu dont tu commences par saluer ma proposition.

— On ne connaît jamais les gens qui vous font la cour, répliqua Naïs ; ce sont des acteurs qui jouent un rôle.

— Oh ! une fille de ton intelligence sait bien voir par dessous le jeu ; d’ailleurs, nous serons deux pour juger le soupirant à l’œuvre.

— Maman, je suis heureuse avec vous ; il n’y a pour moi aucune hâte de changer de situation.

— Mais, fais attention que tous les partis ne se présentent pas avec la même somme de convenances ; il s’agit ici de ce que les marchands de nouveautés appellent une grande occasion…

— Espèce d’annonce, interrompit vivement Naïs, avec laquelle ils vous attrapent le mieux du monde.

— Voyons, Naïs, dit madame de l’Estorade avec résolution, je n’entends pas te violenter, mais je ne te laisserai pas non plus entreprendre au-delà d’une certaine mesure sur mon indulgence maternelle. Plus d’une fois déjà, je me suis expliquée avec toi, touchant une idée de petite fille, que tu as transportée dans l’âge de raison, et qui, je le vois bien, est l’obstacle contre lequel je viens me heurter aujourd’hui.

— Mon Dieu ! ma mère, vous vous trompez complètement ; vous m’avez dit que M. de Sallenauve s’était expliqué sur les idées qu’avait eues mon père et que d’aucune manière il n’y donnait les mains…

— À quoi il faut ajouter que M. de Sallenauve n’est plus même à nos côtés pour formuler, si on le mettait en demeure, ce refus peu agréable pour l’amour-propre d’une fille de ta valeur. En se séparant de nous à la Crampade, « Madame, m’a-t-il dit, je vous quitte pour longtemps, pour toujours peut-être, » et l’événement n’a jusqu’ici que trop justifié cette prévision. Depuis quatre ans j’ai reçu de lui une seule lettre, sans même avoir pu savoir, tant le brouillard paraît être l’élément de sa vie, de quel lieu elle m’était adressée. Il y a un an passé que M. Bricheteau n’a eu de lui aucune espèce de nouvelles, et il nous l’a représenté comme étant engagé dans une entreprise lointaine qui ne donne à ses amis que bien peu de chances de le revoir ; je ne puis donc vraiment souffrir que tu te réserves follement pour une sorte de spectre-fiancé…

À ce moment le vieux Philippe ouvrit la porte de la pièce où avait lieu la conversation que nous sommes occupés à reproduire et annonça M. Jacques Bricheteau.

Bricheteau, qu’on n’avait pas vu depuis deux jours, entra. Il était en grand deuil.

— Qu’y a-t-il donc, dit vivement madame de l’Estorade, est-ce la bonne mère Marie-des-Anges que vous avez perdue ?

— Non, madame, reprit l’organiste, j’ai eu des nouvelles de M. de Sallenauve.

— Ah ! maman, qu’as-tu ? s’écria Naïs en se précipitant vers madame de l’Estorade, qui avait pâli et s’affaissait sur elle-même.

Les paroles de Bricheteau avaient frappé à la fois au cœur des deux femmes ; mais, où les dix-neuf ans de Naïs n’avaient vu que l’annonce d’un événement heureux, les trente-huit ans de madame de l’Estorade avaient compris un malheur accompli et irréparable, c’est que l’une montait un des versants de la montagne, et que l’autre la descendait.