Albert Méricant (p. 179-188).
Troisième partie


III

depuis A jusqu’à Z


Pendant toute l’année 1844, de Sallenauve, pas la moindre nouvelle ! Inutile de dire que, bien avant cette époque, le monde parisien avait entièrement cessé de songer à lui. La maison de madame de l’Estorade, dont Bricheteau demeurait un des fidèles, était le seul où son souvenir fût encore vivant. Même à l’hôtel Beauséant, où son nom, à une autre époque, avait eu le privilège de soulever des tempêtes, presque jamais il n’était question de cet ancien objet d’une haine qui n’avait plus sa raison d’exister.

En effet, tout avait tourné selon les vœux de madame Beauvisage, que la nomination de M. de Trailles au siège d’Arcis avait mise enfin en possession de ce salon politique, si longtemps rêvé par elle.

On imagine bien que l’importance de la position parlementaire prise par Philéas n’avait pas dû donner la solution de ce problème. Véritable machine à voter, Beauvisage n’avait pas même su se garder le mérite de fonctionner machinalement et régulièrement. Durant la première année de sa députation, nommé par l’influence du gouvernement, ce sot ne s’était pas tout d’abord décidé à faire acte d’ingratitude, et il avait hurlé avec la phalange ministérielle sans penser à mettre de son crû dans ses votes.

Mais, plus tard, il avait éprouvé une rechute de ses opinions centre-gauche, qui étaient celles, on s’en souvient, sous lesquelles il avait fait ses premières armes électorales. Bien des raisons l’avaient ramené à cet ancien gîte.

D’abord, une sourde mésintelligence qui de tout temps avait régné entre lui et son gendre, et que les airs rogues de M. de Trailles avaient fait éclater lorsqu’il avait nettement manifesté le dessein d’imprimer à Beauvisage une direction politique.

Ensuite, nous l’avons dit quelques lignes plus haut et ailleurs, Beauvisage était un sot, c’est-à-dire une bête importante. Auprès de cette nature d’esprit, les grands mots vides d’idées ont leur fortune toute faite, et au sein du parti conservateur une petite Église s’étant formée sous l’invocation de Saint-Progrès, l’un des vocables les plus creux et les plus sonores qu’il soit possible d’imaginer, aussitôt Philéas avait eu l’instinct de s’y affilier, et l’avocat Victorin Hulot, l’un des grands-prêtres de cette religion, était devenu son oracle.

Il faut aussi le remarquer, Crevel, qui lui prêchait sous toutes les formes la doctrine de l’émancipation conjugale, avait également contribué à le déranger politiquement.

L’ancien parfumeur ne pardonnait ni à madame Beauvisage, ni à M. de Trailles la manière plus que légère dont on se souvient qu’un soir ils avaient parlé de ses services dans la garde nationale. L’amour-propre blessé est peut-être le magasin, si l’on peut ainsi parler, où se confectionnent le plus de convictions toutes faites. Jusque-là, Crevel s’était posé en indifférent politique. Du jour où il se vit l’objet des railleries de Maxime, qui passait pour un ministériel influent, il tourna à l’opposition, et ne pouvait manquer d’être suivi dans cette évolution par Beauvisage, qui, dans son admiration sans mesure pour l’ex-propriétaire de la Reine des Roses, eût volontiers écrit sur ses cartes : Élève de Célestin Crevel. Crevel, en effet, l’habillait ; Crevel l’eût meublé, si Maxime de Trailles n’y eût mis bon ordre ; Crevel lui indiquait des placements pour ses capitaux ; Crevel avait fait son mariage de la main gauche avec mademoiselle Antonia, et, plus tard, il l’avait mené dans le salon de madame Marneffe, sa maîtresse. (Voir les Parents Pauvres.) Crevel avait donc dû lui insuffler aussi ses impressions chagrines sur la conduite de la chose publique.

Entraîné par toutes les influences que nous venons de déduire, Beauvisage était arrivé avec sa femme et avec son gendre à une dissidence d’opinion déclarée, et ce qui n’était pas trop maladroit pour un esprit aussi court que le sien, il exploitait au profit de sa liberté conjugale cette divergence de ligne politique, disant : que sa maison pour lui n’était plus tenable, que son salon était toujours plein d’encroûtés, de rétrogrades, que madame Beauvisage et Maxime y attiraient, et alors, dans son apparent désespoir, il allait se consoler chez mademoiselle Antonia.

Celle-ci, ancienne connaissance de la Saint-Estève, qui se flattait d’avoir lancé sur la place de Paris les deux tiers au moins des jeunes rentières qu’on y voyait en circulation, recevait de l’entremetteuse, au sujet de sa liaison avec l’ancien bonnetier, des instructions secrètes et des conseils de la plus haute école ; il y aurait même pour nous, si nous avions moins de hâte d’arriver au dénoûment, de bien curieux détails à raconter touchant la marche de l’exploitation savante et continue qui devait faire payer à l’ancien bonnetier les torts que madame Beauvisage et Maxime s’étaient donnés vis-à-vis de Sallenauve.

Nous ne devons pas au moins nous dispenser de constater, que ce fut par le côté de mademoiselle Chocardelle que M. de Trailles entreprit son beau-père, quand il trouva pour lui le moment venu de lui succéder dans le siège d’Arcis. Ce moment lui parut arrivé aux élections qui eurent lieu fin 1843 ; la Chambre nommée en 1839 achevait alors sa quatrième année de législature, et l’usage de la vie parlementaire est de ne jamais laisser une assemblée achever jusqu’au bout la période quinquennale écrite dans la loi d’élections.

Lorsque Beauvisage avait reçu à bout portant la proposition de ne point se représenter aux choix des électeurs, le compliment ne lui avait plu d’aucune façon. Sa mauvaise humeur s’était encore aigrie par l’attitude de madame Beauvisage. Dans la persuasion où elle était qu’avec le concours de son gendre, devenu un homme officiel, elle arriverait enfin à la fondation de ce fameux salon politique, éternel objet de son ambition, la chère dame n’avait pas hésité à peser dans le sens de la prétention avouée par M. de Trailles, en sorte qu’une façon de guerre civile avait été sur le point d’éclater à l’hôtel Beauséant.

Mais, d’un mot, M. de Trailles avait eu raison de la résistance qu’il rencontrait.

— Mon cher beau-père, dit-il un jour à Philéas, vous n’êtes pas un homme sérieux ; je sais de vos nouvelles ; à toute force, je pourrais me plaindre ; car vos folles dépenses avec mademoiselle Antonia sont de nature à compromettre votre fortune, qui doit être un jour celle de mes enfants.

— Quand vous en aurez, interrompit aigrement Beauvisage.

— Quand j’en aurai, comme vous le dites très bien, et certes c’est là une espérance à laquelle je n’ai pas renoncé. Quoi qu’il en soit, je ne m’immisce pas dans les côtés souterrains et galants de votre existence, et, au contraire, dans l’intérêt de la bonne harmonie, je fais tous mes efforts pour que ma belle-mère reste dans la plus complète ignorance de vos éclatants désordres. Cependant vous le comprenez, je ne puis permettre que notre maison brûle, comme on dit vulgairement, la chandelle par les deux bouts. La députation, qui dans mes mains serait productive, reste dans les vôtres un capital inerte. Il faut donc opter : ou prendre gravement votre rôle d’homme politique, ou vous renfermer dans celui d’homme à bonnes fortunes.

— Et qui me force à cette adoption ? demanda Beauvisage avec hauteur : il voulait dire à cette option.

— Moi, répondit M. de Trailles, qui, pour mettre un terme à vos ruineuses dissipations, cesserai de vous protéger contre la jalousie, déjà plus d’une fois éveillée, de madame Beauvisage.

— C’est-à-dire que vous me dénoncerez. Une jolie mission que vous vous donnez là ?

— Quand les gens ne sont pas raisonnables, répondit M. de Trailles, et qu’ils s’obstinent à détenir un instrument dont ils ne savent pas jouer, il faut bien prendre des moyens de rigueur pour le leur retirer des mains.

— C’est bien ! monsieur, dénoncez-moi ! dit Beauvisage, ayant l’air de ne faire aucun cas de la menace.

Mais c’était de la bravoure de loin, et jamais il n’eût osé affronter le courroux de Sévérine.

Pour lui l’option à laquelle il se sentit acculé n’était pas douteuse : entre mademoiselle Antonia qui, avec les conseils de la Saint-Estève, l’avait irrémédiablement enlacé, et la députation, pure affaire de vanité, il ne pouvait hésiter un moment.

Un matin donc, que la famille était réunie à déjeuner, car le jeune ménage avait continué d’habiter l’hôtel Beauséant :

— Ma foi ! se prit à dire Beauvisage, toute réflexion faite, j’ai bien envie de ne pas me représenter à mes électeurs ; votre cher Rastignac, qui craint beaucoup ma nomination, va faire les cent coups pour l’empêcher. Ce n’est pas déjà si amusant, la Chambre ! Le ministère, par la corruption, s’est si bien inféodé la majorité, que nous autres, hommes de progrès, n’avons de bien longtemps la chance de faire triompher nos opinions.

Madame Beauvisage se hâta de donner son approbation à cet aperçu de son mari. Entrant dans la comédie, Maxime au contraire fit au projet d’abdication de Philéas une certaine opposition : puis, il finit par y acquiescer : et comme depuis longtemps il avait préparé sa candidature en rendant aux gens d’Arcis qui affluaient sans cesse à l’hôtel de leur député, tous les petits services que Beauvisage n’était d’aucune manière en mesure de leur rendre, avec l’appui du ministère son nom sortit d’emblée de l’urne, et en sa personne se justifia la sage parole de la Luigia : À ceux qui savent attendre, beaucoup de choses arrivent.

Puisque nous avons introduit le lecteur dans l’intérieur de la maison Beauvisage, achevons de le mettre au courant d’un chapitre sur lequel il paraît peu probable qu’il nous dispense de satisfaire sa curiosité : nous voulons parler de la manière dont Maxime de Trailles avait arrangé avec sa jeune femme l’affaire des terribles lettres semées et récoltées par Vautrin.

Maxime était un homme d’esprit qui n’eut pas le mauvais goût de faire tapage de sa découverte. Il ne parla de rien, eut avec Cécile ses façons accoutumées et se contenta de jouir de l’anxiété qui commença à se manifester chez elle, quand l’absence du prétendu baron se fut prolongée quelques jours durant.

À Beauvisage, en sa qualité d’homme inepte, revenait de droit le soin de remuer ce sujet malencontreux. S’avisant le premier que le jeune Allemand ne paraissait plus :

— On ne voit plus le petit baron, dit-il en présence de Cécile, de sa femme et de M. de Trailles, il faut qu’il soit malade.

— Ah ! à propos, dit Maxime, c’est une aimable connaissance que votre baron, il a été arrêté, il y a quelques jours, comme faux monnayeur.

— Ah bah ! fit Beauvisage, pendant que Cécile se sentait près de défaillir.

— Mais qu’avez-vous donc, Cécile ? dit madame Beauvisage, en voyant sa fille changer de couleur.

— Rien, maman, dit madame de Trailles, qui parvint à dominer son trouble ; mais penser qu’on a reçu chez soi un criminel, qu’on a causé familièrement avec lui ! et puis, monsieur a une manière si peu préparée de vous annoncer cela !

— Mais, ma chère amie, répondit M. de Trailles, il n’y a rien de plus commun dans le monde parisien. Un personnage est présenté dans une maison, il a un nom, un titre, une voiture, on le croit un homme comme un autre, et, un beau matin, on apprend que c’est un bigame, un forçat libéré, ou bien on le surprend trichant au jeu.

— Mais, c’est à faire trembler ! s’écria Cécile.

— Ah ! oui, répondit négligemment Maxime ; à Paris, il faut être réservé et prudent dans ses liaisons et bien regarder où l’on met le pied.

— Mais, monsieur, reprit madame de Trailles, si ce misérable a été arrêté, il sera jugé.

— Non, dit M. de Trailles, je me trouvais chez Rastignac au moment où il fut question de l’affaire ; je fis remarquer que cet homme avait été reçu dans une foule de bonnes maisons ; qu’il était habitué de plusieurs clubs ; que son procès, par conséquent, serait un immense scandale ; alors, on s’est contenté de le faire reconduire jusqu’à la frontière. Mais, par exemple, gare aux belles dames qui peuvent avoir eu pour lui des bontés : ce sera le pendant de l’affaire Czernischeff.

— Qu’est-ce que c’est l’affaire Quernicheffe ? demanda Beauvisage.

— Czernischeff, répondit Maxime, était un aide-de-camp de l’empereur de Russie qui, envoyé en mission auprès de Napoléon, fut très choyé dans les salons de Paris. Il avait séduit un employé du ministère de la guerre, nommé Michel, qui lui remit une situation de l’armée. L’affaire fut découverte et l’employé infidèle eut bel et bien le cou coupé. Quant à l’aide-de-camp, il sut s’esquiver à temps, et, parmi les papiers saisis dans son appartement, après son départ, se trouvèrent des correspondances extrêmement compromettantes pour beaucoup de femmes de l’époque.

La conversation ne fut pas poussée plus loin : le soir même du jour où elle avait eu lieu, Maxime étant seul avec sa femme dans leur chambre à coucher, ne fut pas peu surpris en voyant tout à coup madame de Trailles se mettre à genoux devant lui. Elle avait, disait-elle, à lui demander pardon d’une grande faute.

Priée avec bonté de s’expliquer :

— Voici, dit Cécile en sanglotant, des lettres que j’avais eu l’imprudence d’écrire à ce misérable dont vous parliez tantôt ; lisez-les, et vous verrez que si j’ai été un moment égarée, au moins je ne fus pas coupable.

— Mais qui vous a remis ces lettres ?

— Je ne sais : le paquet cacheté a été déposé tantôt à la porte de l’hôtel. Peut-être cet homme, poussé par un bon mouvement, avait-il chargé quelqu’un de cette commission ; peut-être aussi les gens qui ont examiné ses papiers après son départ ont-ils découvert que ces lettres étaient de moi, quoiqu’elles ne fussent pas signées, car on dit que la police sait tout. J’aurais pu vous cacher cet envoi et attendre l’événement ; mais votre honneur est intéressé dans ce secret, et quel que soit le traitement qui m’est réservé, j’ai mieux aimé tout vous avouer pour que vous preniez vos mesures afin d’empêcher l’ébruitement.

— Mais si j’étais, dit Maxime en souriant, l’auteur de cette restitution ?

— Oh ! monsieur s’écria la jeune femme, je serais bien heureuse ; au moins j’aurais l’assurance que votre nom ne sera pas compromis.

— Rassurez-vous, dit M. de Trailles, le secret est resté entre nous ; cet infâme, sans doute, dans son furieux dépit de se voir dévoilé, m’avait lui-même adressé ces lettres, et c’est moi qui, pour vous rassurer, vous les ai fait parvenir tantôt.

Maxime disait vrai : c’était lui qui avait adressé le paquet à sa femme, et il y avait au fond de cet envoi une rouerie d’une profondeur peu commune.

Toujours tourmenté par ses créanciers qu’il n’avait pu encore satisfaire, et sa liquidation définitive étant nécessaire avant de se présenter devant les électeurs, le glorieux époux, selon l’insinuation de Vautrin, comptait bien, dans un délai assez rapproché, au moyen d’une explication sur le petit désordre de sa femme, pratiquer à la dot une forte saignée. Mais, toujours conséquent à son procédé, déjà connu, de l’extorsion en douceur, il se mitonnait toutes les apparences d’une conduite généreuse, afin de déguiser la pression violente qu’il était au fond décidé à exercer en vertu de la faute dont il avait reçu la précieuse confidence.

Cécile, par la noblesse de son aveu, mit d’abord en déroute toute cette combinaison. Obligé de pardonner, le besogneux personnage sentit bien que son arme, quelle que fût la manière dont il entendait s’en servir, venait de lui échapper des mains. Faire intervenir des questions d’intérêt dans la situation donnée, exiger en quelque sorte le prix comptant de sa clémence, il y avait là quelque chose de bas et d’ignoble, et au milieu des mortels embarras dans lesquels s’était usée sa vie, ce condottiere s’était toujours ménagé une certaine hauteur relative dont il avait la conscience qu’une demande d’argent l’aurait dans le moment descendu.

Mais pour un homme de sa force, il y a toujours le moyen de se raccrocher. Il vit que, sous peine de perdre l’occasion, il fallait faire jouer les grandes cascades, et, huit jours après la scène de l’amnistie donnée à Cécile, M. le comte Maxime de Trailles, qui à cette époque n’était pas encore député et inviolable, écrivait de la maison de Clichy qu’il avait été arrêté dans la matinée pour une misérable somme de mille louis.

Madame de Trailles, aussitôt, de courir pour acquitter la dette et faire mettre en liberté son mari. Mais l’honnête usurier, avec lequel le prisonnier avait arrangé l’affaire de son arrestation à l’amiable, avait d’avance avisé tous les autres créanciers de mettre leur affaire en état pour un jour qu’il leur désignait, en ajoutant, dans l’aimable argot du métier, que, ce jour-là, il y aurait gras, et qu’on paierait, à bureau ouvert, au greffe de la maison de détention. Lors donc que madame de Trailles se présenta, car elle avait voulu y aller de sa personne pour acquitter la misérable somme de mille louis, il se trouva que son douloureux mari était recommandé, ce qui veut dire sur-emprisonné pour la bagatelle de deux cent onze mille francs, capital, intérêts et frais compris.

L’avoué de madame de Trailles, qui n’était pas Desroches, celui de son mari, sentit bien au fond de ce concours si prompt et si unanime de toute la phalange des créanciers, le parfum d’un épouvantable chantage conjugal, et il fit part à sa cliente de sa remarque. Mais le moyen pour une femme qui se respecte et qu’on sait en mesure de payer, d’être venue pour rendre son mari à la liberté et de faire retraite devant l’énormité de la créance ?

Le greffier fut très galant pour madame de Trailles, et bien que, pour obtenir l’élargissement du prisonnier, aux termes de la loi, elle eût dû consigner la somme, comme naturellement elle ne l’avait pas sur elle, l’aimable fonctionnaire se contenta de sa signature et prit sur lui de délivrer gracieusement hic et nunc la personne du dispendieux époux.

Après s’être jeté théâtralement dans les bras de Cécile, M. de Trailles lui dit qu’elle avait eu tort de tout acquitter avec tant de hâte ; que, parmi ses dettes, il y en avait de très discutables, et qu’avec un peu de temporisation on aurait pu facilement obtenir des réductions considérables.

— Aussi, répondit l’avoué de madame de Trailles, comment un homme de votre habileté va-t-il se laisser arrêter ? Le mariage est le tombeau de toutes les forces vives d’un homme. Jamais, étant garçon, vos créanciers ne vous eussent happé de la sorte.

M. de Trailles regarda l’avoué de travers, sentant bien que sa manœuvre était éventée. Mais, la forme sauvée, jamais il ne se souciait du fond ; il dédaigna donc de répondre. C’est ainsi que depuis l’A jusqu’au Z, l’abîme de ses éternelles dettes à la fin fut comblé.