La Corée, indépendante, russe, ou japonaise/Partie II/Chapitre VI


VI

LES ÉCOLES ET L’ÉDUCATION CORÉENNE



Les enfants ne vont donc jamais à l’école, ici ? demandai-je un jour à l’un des étrangers que je rencontrais le plus souvent à Séoul. « Ou alors ne suivent-ils que l’école buissonnière, car ils emplissent les rues et les places, comme s’ils y avaient élu leur domicile de jour ? Il est certain, cependant, qu’on façonne quelque part et par des procédés méthodiques, à l’âge où ils peuvent recevoir une empreinte définitive, tous ces gens dont la vie matérielle implique une formation morale si curieuse, si exceptionnelle. Y a-t-il des écoles ? On ne m’en a indiqué jusqu’à présent aucune.

— La Corée a des écoles, me répondit mon interlocuteur. Mais elles ne ressemblent à rien de ce que vous connaissez, et pour comprendre ce qu’on y fait, changez vos yeux d’Europe. Ici, comme dans tous les pays jaunes, ni la vie de famille ni la vie publique, même au degré le plus humble, ne serait possible à qui ne saurait pas tracer et interpréter les idéogrammes, moins compliqués et moins nombreux que ceux de la langue chinoise, mais leurs équivalents comme rôle d’ensemble. Leurs combinaisons figurent des idées générales, représentant la religion, la philosophie, l’histoire, les préceptes qui règlent l’existence familiale et nationale des Coréens. Leur sens ne peut être précisé que par l’explication de leur origine, qui comporte nécessairement des développements encyclopédiques. De sorte que les écoliers apprennent à la fois la lecture et l’écriture, la forme et le sens très compliqués des lettres, les mots et les choses. Ces nations leur sont aussi indispensables que l’air et les aliments. Aussi les écoles pullulent littéralement. Vous aurez seulement l’embarras du choix. Allez dans n’importe quelle rue avec votre interprète, et le premier passant venu vous conduira à celle qui s’y trouve. »

Je remerciai, et un beau matin, me mis en campagne. Dans une des grandes rues, non loin de la Grosse Cloche, après avoir franchi des obstacles variés, dont le moins désagréable était une ornière profonde pleine d’un liquide des plus suspects, et suivi une série de venelles tordues et retordues qui donnait l’illusion d’une promenade dans les sinuosités d’un ivoire chinois, nous entrâmes, en poussant une porte à deux battants disloqués, dans une chambre d’où sortait un bourdonnement monotone que nous entendions déjà depuis quelques minutes.

Une douzaine d’enfants, ni plus ni moins sales que les centaines de bambins que j’avais regardés jouer au cours de mon voyage à travers les monuments de Séoul, se tenaient assis en tailleur le long des murs, sur une natte qui recouvrait tout le plancher.

ENFANTS CORÉENS.

En face de la porte, un vieux bonhomme, dont la houppelande luisante attestait le travail d’une laborieuse ménagère. Sa tête était couverte du chapeau de crin noir déjà décrit, fixé derrière l’oreille par un gros bouton de faïence, son nez chaussé de grosses besicles rondes enchâssées d’écaille, appuyées sur les pommettes de joues creusées de longs plis gras et droits qui encadraient une bonne grosse bouche voilée, comme par une herse, des poils raides et blancs d’une moustache claire, et un menton dont la rondeur se devinait entre les brins espacés d’une barbiche longue et mince.

Devant lui, une petite table chinoise à pieds courts contournés supportait un petit livre, et le séparait d’un enfant dont nous ne voyions que le dos graisseux, la longue natte noire et les cheveux ébouriffés.

Personne ne bougea. Mon interprète dit quelques mots, et le digne magister recommença la leçon dont il n’avait fait que le début.


Le Premier Livre de l’Enfance.


« On travaille, me dit mon compagnon, sur le Tong Mong Seoup, le Premier Livre de l’Enfance. Jusqu’à 15 ans, les enfants ne font aucune autre étude. Ils trouvent là tout ce qu’ils ont besoin de savoir pour accomplir leurs devoirs d’hommes et de sujets. Ceux d’entre eux qui voudront devenir fonctionnaires, iront apprendre dans un temple, avec des bonzes, l’histoire et les classiques, bagage indispensable pour affronter les concours de lettrés dont les vainqueurs recrutent la classe des Yang-ban, pépinière de tous les corps officiels.

« Ce livre contient, en cinq chapitres, l’exposé de la doctrine des Cinq Préceptes de Meng-tseu, un sommaire scientifique et un résumé d’histoire.

« L’avant-propos expose le plan du traité de Meng-tseu.

« L’homme, dit ce philosophe, est le plus noble des objets qui peuplent le ciel et la terre, parce que seul il connaît les Cinq Préceptes. »

« Mais écoutons le maître, il va faire réciter tour à tour les enfants et faire le commentaire. » Et au fur et à mesure il me traduisait.


La Doctrine des Cinq Préceptes de Meng-tseu.


« Ire Règle. Le fils doit observer la soumission vis-à-vis de son père.

« Cette règle est d’institution divine. Le père a donné le jour et les aliments à son fils ; il l’aime, il l’instruit ; il lui transmet le dépôt de la vie qu’il tient lui-même des générations passées.

« Le fils doit nourrir son père devenu vieux. C’est pourquoi on lui enseigne qu’il a le devoir de ne jamais souiller les regards de son père du spectacle de l’iniquité, et de toujours lui adresser la parole avec douceur.

« Si tous les sujets agissent conformément à cette règle, le crime disparaîtra totalement des provinces, des préfectures et des villages.

« Si le père n’exerçait plus sur son fils la puissance paternelle, ou si le fils refusait de la lui reconnaître, l’univers serait bouleversé. Car, la paternité est la loi suprême.

« Dans le cas même où le père refuse au fils son affection, le fils a le devoir de ne pas lui refuser son respect. »

— « Confucius a dit, chantonna le magister : « Les Cinq Châtiments sont affectés à trois mille catégories de crimes. Le plus grand de tous est celui que commet le fils qui se laisse envahir par des sentiments dénaturés contre son père. »


Un autre bambin fut appelé et commença :

« IIe Règle. Le noble doit observer l’étiquette à l’égard du Roi.

« Le Roi et le noble sont aussi distincts et aussi éloignés l’un de l’autre que le ciel l’est de la terre. Le Roi est le chef. Son nom est propagé au loin par la renommée. Le droit de commander est sa propriété. Le noble reconnaît sa suprématie ; il doit prendre ses vertus pour modèle et se conserver pur de toute iniquité. Le Roi, en tant que roi, le Noble en tant que noble, ont chacun leur rang et chacun leurs prérogatives, qui leur appartiennent en propre.

« Quand le Roi ne peut agir en roi, quand le Noble ne fait pas honneur aux obligations de son rang, ni la famille, ni la patrie ne peuvent être bien gouvernées.

« Aussi quiconque dira que le Roi n’a pas bien agi, devra être traité en ennemi public. »

— « Confucieus a dit, conclut le maître d’école, que le premier service qu’un noble doive au Roi, c’est la droiture. »


C’était au tour d’un troisième récitateur.

— « IIIe Règle, dit-il. Le mari doit observer la démarcation avec sa femme.

« Le mariage, en unissant un mari et une femme, unit deux noms ou deux familles. Leur association donne l’existence au peuple et engendre un nombre infini de bénédictions.

« Celui qui veut se marier doit discuter son projet avec un intermédiaire — (le plus souvent une vieille femme). Il ne fait qu’ensuite les présents nuptiaux ; après quoi les parents se réunissent.

« Alors, la démarcation, qui, auparavant, n’existait pas entre le garçon et la fille, commence à être établie nettement.

« Il faut se garder de rechercher une union avec une femme du même nom ou issue du même clan que soi.

« Bâtissez une maison où la femme puisse être exactement cloîtrée.

« L’homme doit vivre dans les appartements ouvrant sur le dehors et ne jamais se mêler du gouvernement intérieur de la maison.

« La femme doit vivre à l’intérieur et ne jamais ouvrir la bouche sur les affaires du dehors.

« La bonne direction imprimée par l’homme personnellement, engendre dans sa maison le bon ordre et la décence. Il ne doit pas oublier que la condescendance envers sa femme est une bonne méthode. Quand le mari ne laisse pas amoindrir sa dignité et quand la femme reste docile, la maison est bien gouvernée.

« Le mari peut être incapable et hors d’état de suivre le chemin qu’il doit suivre. Il arrive alors que la femme l’affermisse dans son incapacité et transgresse la loi en ne lui obéissant pas. Alors, les Trois Lignes de suite de la femme sont couvertes de brouillard. — (Enfant, elle doit marcher derrière son père ; femme, derrière son mari ; veuve, derrière son fils aîné.) — L’homme possède un des sept chefs de divorce : mésintelligence entre la femme et les parents du mari ; adultère ; jalousie ; stérilité ; maladie incurable ; caractère querelleur ; vol. Il lui est loisible d’en tirer assistance en ses nécessités ; mais sa maison sera réduite à néant s’il demeure incapable.

« L’homme supérieur a pour pensée directrice que le mari et la femme sont le commencement et la fin de l’humanité. »


Un quatrième enfant vint à son tour et récita :

— « IVe Régle. Le cadet doit être subordonné à l’aîné.

« C’est le Ciel qui établit la primogéniture, fait d’un frère l’aîné, de l’autre le cadet, et leur assigne ainsi leur rang de préséance.

« Tous les sujets liés par la parenté dans les préfectures et dans les villages sont, soit au rang d’aînés, soit au rang de cadets, et ne doivent pas déroger à l’ordre établi par le Ciel dans la pratique de la vie.

« Marcher à pas lents derrière son aîné, c’est respecter sa préséance ; le croiser hâtivement, c’est lui manquer.

« Traitez comme votre père l’homme qui a deux fois votre âge ; comme votre frère aîné celui qui a dix ans de plus que vous ; s’il est plus âgé que vous de cinq ans seulement, servez d’appui à son épaule.

« Quand l’aîné aime le cadet, quand le cadet révère l’aîné, ne lui manifeste pas de dédain, si l’aîné s’interdit de regarder le cadet du haut de sa grandeur, alors les hommes suivent le droit chemin. »


— « Ve Régle, vint psalmodier un nouvel élève. Les amis doivent être fidèles l’un à l’autre.

« Votre ami est votre semblable.

« Trois sortes d’amis sont utiles, trois ne sont d’aucun profit.

« Un ami loyal et entreprenant, un ami véridique, un ami cultivé et instruit, sont utiles ;

« Un ami trompeur, un ami de rencontre, un flatteur, font plutôt du tort que du bien.

« L’ami véritable est celui qui est vertueux.

« Du Fils du Ciel au plus humble des paysans, celui qui est un ami et s’acquitte religieusement des devoirs de l’amitié, est nécessairement un être parfait.

« L’ami digne de ce nom est un conciliateur.

« Pour ami, choisissez quelqu’un qui vous soit supérieur, qui soit bon, digne de votre confiance, facile à l’enthousiasme, par la bouche de qui la raison parle, et qui vous enseigne loyalement le droit chemin. S’il a des traits de caractère autres que ceux-là, rompez avec lui.

« En ce qui regarde les rapports noués dans une heure de loisir, vous pourrez parfois manquer d’un moyen convenable d’y couper court et d’y mettre fin.

« Souvenez-vous qu’entre deux amis peuvent survenir des tristesses, des aigreurs causées par des bavardages et des médisances. Mais de véritables amis ne laissent jamais durer les brouilles. »


— « Les Cinq Préceptes, conclut le maître, sont la distribution assignée par le Ciel aux lois qui régissent les hommes. Ils donnent la solution de toutes les difficultés de la vie.

« Le devoir filial est la source des Cent Actions. — (Formule chinoise qui traduit l’idéogramme du « Bien ».)

« Voici quelles sont ses prescriptions :

« Lève-toi au premier chant du coq, lave ta figure, peigne tes cheveux et va à tes parents. Retiens ton souffle et demande-leur tout bas si leur vêtement de nuit est trop chaud ou trop froid, s’ils ont faim ou soif. En hiver, chauffe leur chambre ; en été, rafraîchis-la. Ensuite, retourne à ta chambre ; mais ne va pas baguenauder au loin. Personne n’a le droit de baguenauder au loin quand le devoir l’appelle à servir ses parents. Le fils vraiment filial n’ose pas perdre le temps à baguenauder ou à s’amasser un pécule personnel.

« Si tes parents ont pour toi de l’amour, réjouis-toi et ne l’oublie pas ; s’ils ont pour toi de l’aversion, pleure et ne murmure pas.

« Quand ils te rendent témoin d’une faute, exhorte-les doucement. Quand tu les as exhortés trois fois, s’ils ne t’écoutent pas, tu as la liberté de pleurer, mais tu dois leur obéir.

« Même quand ils sont irrités et te frappent jusqu’au sang, n’aie pas l’audace de murmurer contre eux.

« Entoure-les de respect en leur maison et assure leur bonheur en les nourrissant.

« Quand ils sont malades, veille sur eux avec sollicitude ; si tu viens à porter leur deuil, arme-toi de dignité pour le porter comme pour offrir les sacrifices.

« Car, si tu es mauvais fils, tu te dérobes à ton principal devoir qui est d’aimer ton père. Si tu vénères d’autres hommes, les quatre membres seront paresseux pour le service de ton père.

« Si tu ne nourris pas tes parents, mais te livres au jeu et à l’amour du vin ;

« Si tu ne nourris pas tes parents, mais accumules avec passion des richesses et aimes égoïstement ta femme et tes enfants ;

« Si tu ne nourris pas tes parents, mais t’attaches à ce qui charme les yeux et les oreilles, tu agis comme si tu tuais tes parents ;

« Si tu es brutal et batailleur, tu mets en danger tes parents, et rien n’est plus triste.

« Si tu désires te lier avec un homme et savoir s’il est honnête ou malhonnête, examine s’il est bon ou mauvais fils.

« En tout cela, agis sans crainte, mais avec la plus extrême prudence.

« Quelle vertu est plus élevée que la piété filiale ?

« Quand un homme en est capable, il fait l’apprentissage des rapports qui conviennent entre le Roi et le Noble, le mari et la femme, le cadet et l’aîné, l’ami et son ami. Car, être bon fils c’est être grand, et la piété filiale n’est pas placée si haut que l’homme ne puisse y atteindre.

« Celui qui a appris qu’il ne s’est pas donné la vie à lui-même, doit être certainement rangé parmi les gens instruits et raffinés. »


Enseignement scientifique.


Cet exercice terminé, le maître d’école fit faire aux autres enfants qu’il n’avait pas interrogés des exercices sur les quatre opérations de l’arithmétique. Ils venaient l’un après l’autre s’accroupir devant sa petite table, et s’essayaient à pianoter sur un casier de bois léger, en carré long, divisé en deux parts inégales par une traverse longitudinale. Chacune des cases est traversée de fils métalliques, horizontaux en haut, verticaux en bas, sur lesquels sont enfilées des petites boules de bois. La division supérieure contient les unités, en 5 rangs de 27 boules chacun, la division inférieure les dizaines, en 2 rangs de 27. Le total est de 189 boules. C’est le « abax », « comptoir, damier, buffet », du Jardin des Racines grecques, l’habacus ès qui Gerbert était docteur.

Cette façon de donner l’enseignement scientifique n’était pas faite pour corriger l’impression que j’emportais de la première leçon.

Au lieu d’habituer les cerveaux à penser, en leur montrant que les caractères n’ont qu’une valeur relative, parce qu’ils sont des moyens de figurer tous les sons et tous les mots nécessaires à l’expression des modes innombrables de la pensée, ce système ne développe que la mémoire, accoutume les hommes à se souvenir au lieu de chercher à inventer, et les cristallise dans un formalisme étroit, dont l’accomplissement final est un pédantisme qui rend incapable de concevoir même la possibilité de notions différentes.

L’étude ultérieure des classiques chinois, invariablement fixés depuis plus de deux mille ans, achève de persuader aux Coréens que le savoir, au lieu d’être un instrument de recherche dans le domaine du non-connu de voyage sur un océan dont personne ne connaît ni l’étendue ni les rivages, est un recueil de formules suffisantes à la solution de tous les problèmes de la vie, et peut être procuré intégralement par l’assimilation plus ou moins rapide d’un nombre fixe de pages ou de volumes.


Le Précis coréen d’histoire.


« Vous n’avez pas tout entendu, me dit, en sortant de l’école, mon interprète. Les enfants apprennent, également par cœur, une histoire universelle et une histoire nationale, qui complètent le Premier Livre de l’Enfance. »

Il m’en donna, chemin faisant, une analyse. C’est un indigeste fatras de faits bizarres, sans date, sans commentaire, sans explication, que le « magister » lui-même ânonne machinalement, sans y changer rien et sans le comprendre.

Les Coréens qui n’ont fréquenté que les écoles publiques ordinaires ont vite semé sur leur route les éléments inassimilables de ce maigre festin intellectuel, et si presque tous savent lire et figurer les caractères idéogrammes, presque tous sont d’une ignorance crasse, non seulement de tout le reste de la terre, mais même de la Chine, du Japon et de leur propre patrie.

L’Histoire Universelle commence à l’origine de tout.

Elle expose dogmatiquement des faits indiscutés, inexpliqués, nous laissant à chaque ligne en présence de mots de sens inconnu, désignant des idées générales, des abstractions qui rappellent à la fois nos entités métaphysiques, les « Universaux » et les « Formes Substantielles » du moyen âge.

Ces mystères sont probablement expliqués par les bonzes, aux futurs lettrés. Mais ceux-là, ennemis fanatiques des blancs, à cause des missionnaires, sont les dernières personnes desquelles un Européen puisse espérer obtenir des éclaircissements. Quant aux lettrés, ils gardent devant ces questions le silence hermétique du jaune sur tout ce qu’il regarde comme un moyen de défense contre nous.

Le Manuel admet une distinction entre l’homme et le reste de la nature. Mais sans aucune conception, même vague, de nature naturante et de nature naturée. C’est nous qui sommes tentés de les extraire arbitrairement de ce fouillis, en leur appliquant les procédés engendrés par nos besoins de conscience et de cerveau.

On n’y trouve pas la conception des trois mondes, physique, psychique, divin, ni celle du ternaire, etc. On voit qu’il y a loin de l’ésotérisme coréen à l’adeptat de l’antiquité hindoue ou méditerranéenne. Il est d’ailleurs impossible d’infliger aux lecteurs le détail de tout ce fatras.



L’histoire nationale de la Corée n’a d’intéressant que son début et sa conclusion.

À l’origine, dit le livre, notre nation n’était pas gouvernée par un Roi ou par un Ancien ;

Un jour, un être surnaturel fut trouvé au pied d’un arbre Tan sur la colline du Pouk-han (dans le quartier nord de Séoul et à l’intérieur de l’enceinte actuelle du Palais Neuf). Le peuple le choisit pour roi et lui obéit.

Il fut contemporain de l’empereur chinois Tao. Il prit le nom de Dan-Koun et nomma son royaume Cho-sen (Sérénité du Matin, Fraîcheur du Matin ou Matin Calme).

L’empereur Mou, de la dynastie Chon, inféoda Cho-sen à Ki-Tza qui importa de Chine les Rites et enseigna au peuple la vertu et les Huit Lois Fondamentales.

La conclusion est celle-ci :

Des Sages et des Fils d’êtres surnaturels ont été les ornements de chaque génération et ont mené vie noble et illustre, même jusqu’à notre temps. Puisse cet état de choses continuer éternellement.

Nous ne sommes qu’une écume sur l’océan ; notre pays est petit ; mais nos rites, notre musique, nos lois, nos chapeaux, nos costumes, notre littérature, nos industries, sont en tout semblables aux modèles de la Civilisation Illuminée (la Chine).

Nos hautes classes sont l’ornement de l’humanité. Elles comblent de bienfaits les classes inférieures. Nos bonnes coutumes viennent de la Chine, toutes. Les hommes de ce dernier pays appellent Cho-sen la petite Chine.

Cela n’est-il pas le fruit de la civilisation introduite par Ki-Tza ?

Aussi, petits enfants, il faut fixer ces idées dans vos esprits et travailler sans relâche à vous perfectionner.