La Chymie charitable et facile, en faveur des dames/02

SECONDE PARTIE
Avant-propos.
Des Vegetaux.


SI je voulois eſcrire tous les avantages du Vegetal, & toutes ſes prerogatives, j’aurois une ample matiere, & je ferois connoiſtre qu’il doit eſtre preferé & à l’animal & au mineral. La Geneſe nous apprend que le Vegetal fut le premier creé pour les delices, & le ſervice de l’homme dans ſon eſtat de Grace. Il contribua à ſes plaiſirs par l’embelliſſement du Paradis terreſtre, dont il eſtoit tout l’ornement ; & depuis ſa diſgrace, il en eut befoin comme de medicament : ce qui au precedent ſembloit n’avoir eſté fait que pour fon plaiſir, devint par ſa faute tellement neceſſaire, qu’il a eſté depuis impoſſible de s’en pouvoir paſſer. Auſſi n’eſt-il pas vray, que dans le Vegetal il ſe trouve dequoy ſatisfaire le gouſt des plus delicats. Il nous fournit dequoy faire de diverſes ſortes de pains. Les boiſſons les plus delicieuſes en proviennent. Il nous donne un nombre infini de differens fruits & en diverſes ſaiſons. C’eſt luy qui produit les huiles, le ſucre, les eſpiceries, le bois, le charbon, & quantité de choſes utiles & neceſſaires pour l’entretien de la vie. Les animaux meſme ne peuvent ſubſiſter que par luy, & ne vivent que de luy. Nous remarquons encore que dans ſon uſage, il ſe trouve moins de corruption que dans celuy des animaux. Nos premiers Peres, qui n’avoient pour nourriture que les Simples, l’ont experimenté ; la longueur de leur vie, la vigueur & force de leur corps auſſi bien que la vivacité de leur eſprit nous le font connoiſtre. La ſaincte Eſcriture nous donne encore un puiſſant témoignage de leur avantage, quand Dieu voulut purifier la terre de ſes crimes par une inondation univerſelle, le Vegetal ne participa point à cette punition, puiſque tous les ſimples parurent aprés ce deſaſtre plus verds qu’ils n’eſtoient auparavant. Le rameau d’olive que la Colombe apporta témoigne leur victoire ſur les autres regnes, & la neceſſité que les hommes en devoient avoir. Mais il paroiſt dans tous ces rencontres quelle eſt leur utilité pour la conſervation de la vie & de la ſanté. Il eſt pareillement veritable qu’ils ne le font pas moins pour la rétablir, quand elle eſt alterée. L’on eſt aſſeuré d’y trouver un prompt & veritable ſecours dans toutes ſortes de maladies. David nous le confirme, lors qu’il dit, Seigneur lavez-moy d’hyſope, & je ſeray nettoyé ; deſirant que ſon corps, qui avoit contribué à ſon peché, fuſt renouvellé en force auſſi bien que ſon ame en Grace. Iſaye guerit le Prophete Ezechias par un cataplaſme de figuier. Le Samaritain qui deſcédoit de Hierico compoſa ſon remede de deux ſimples pour guerir le bleſſé qu’il trouva à ſon chemin. Il ſemble meſme que Salomon n’auroit pas eu avec juſtice le nom de Sage, s’il n’avoit poſſedé parfaitement la connoiſſance des ſimples. L’Eſcriture ſaincte nous en aſſeure, en mettant entre ſes éloges l’avantage d’avoir connu depuis le Cedre du Liban juſques à l’hyſope. Si les hommes s’eſtoient appliquez avec ſoin à leur connoiſſance, leur vie en ſeroit plus longue & moins languiſſante. Les deſerts de la Paleſtine ont veu un nombre infiny de ſainctes Hermites paſſer le terme que le Prophete dõnc à la vie de l’homme, & vivre des cent & ſix vingt ans ſans prendre autre nourriture que celle des ſimples. Nous voyons encore tous les jours des Religieux & Religieuſes mourir tous chenus de vieilleſſe, qui n’ont veſcu que de legumes. Concluons donc, que l’on doit preferer avec juſtice le Vegetal, & à l’Animal, & au Mineral pour les remedes, comme auſſi il le peut diſputer à l’Animal pour la nourriture. Mais comme toutes les choſes qui ſont au monde ont participé à la punition de l’homme ; elles ont beſoin de preparation, afin d’en retrancher les mauvaises qualitez pour reünir les principes purs & nets de toute corruption, pour porter la ſanté à la partie malade. C’eſt ce que fait la Chymie, en faiſant la diviſion des ſubſtances, & rendant les medicamens purs, & ouverts, & capables de penetrer juſques à la plus cachée & interieure partie de noſtre corps. Voicy pluſieurs manieres de les preparer avec leurs proprietez & vertus.


Chapitre I.
De la Vigne.


IE commence par le Vegetal le plus parfait & le plus neceſſaire à la vie de l’homme, qui eſt la vigne. La diſtillation de ſon vin doit eſtre abſolument faite au Bain-Marie, dans des vaiſſeaux de verre, dautant que le vin a beaucoup d’eſprits, & qu’il abonde en Vitriol ; il ne peut eſtre mis en aucun vaiſſeau de metal, ou terre plombée, ſans alterer le vaiſſeau, ou eſtre alteré luy-meſme, tant il a de ſympathie avec les metaux. Ce qu’a bien remarqué un Philoſophe, lequel defend meſme de faire le Sel de Tartre dans aucun vaiſſeau plombé, ny de metal ; il faut donc ſe ſervir de vaiſſeaux de verre. Vous prendrez ſix pintes d’excellent vin, & les mettrez dans la cucurbite, & la couvrirez de ſon chapiteau avec ſon Recipient, le tout bien luté ; & diſtillez au Bain à feu doux, & lors que vous aurez une pinte de diſtillée, changez de Recipient, & y en mettez un autre pour tirer le phlegme qui reſtera dans voſtre vaiſſeau, & lors que vous verrez qu’il commencera à monter de l’aigreur, oſtez ce qui ſera dans voſtre Recipient & le remettez ; faites boüillir voſtre Bain, il diſtillera un vinaigre, qui ſera parfaitement bon, lequel vous pourrez rectifier pour le rendre plus fort ; les feces reſtantes aprés la diſtillation du vinaigre ne ſont propres à rien, quoy que pluſieurs Autheurs ayent écrit, qu’il falloit tirer le Sel des feces ; ſans ſe donner cette peine, le Sel & creſme de Tartre ont plus de force, & il s’en tire plus grande quantité ; c’eſt Pourquoy je n’approuve point cette operation eſtant penible, longue, & inutile. Pour l’huile elle n’eſt point neceſſaire à la Medecine, & je n’ay point trouvé d’Autheur qui traite de ſes vertus. Pour perfectionner l’Esprit de vin que vous avez cy-devant diſtillé, mettez-le ſur deux pintes de bon vin dans voſtre vaiſſeau, & diſtillez à feu doux, comme a eſté dit cy-devant, & lors que vous aurez retiré voſtre pinte, ceſſez ; reïterez cette operation ſix ou ſept fois, en adjoûtant touſiours de nouveau vin, & vous aurez un Eſprit de vin animé tres-parfait. Vous pourrez à chaque fois tirer voſtre vinaigre, ſi vous n’aimez mieux mettre tous les reſidus enſemble, & les dephlegmer & diſtiller tout à la fois. Pour rendre voſtre Eſprit de vin plus ſpirituel, vous le mettrez circuler au fumier, ou au Bain, dans des vaiſſeaux propres à cet effet, comme il a eſté dit à l’article de la Circulation.

Les vertus de cet Eſprit ſont incomparables, tous ceux qui en ont écrit luy attribuent des effects prodigieux. Rupeciſſa l’éleve juſques au Ciel, & en fait ſon or potable. Il eſt à croire que c’eſtoit de cet Eſprit que les Poëtes entendoient parler par le nectar, qui ſe beuvoit à la table de leurs fauſſes divinitez. Remond Lulle le fait paſſer pour un Specifique à toutes ſortes de maladies, & luy donne des eloges ſur leſquels on ne peut encherir. Il eſt vray qu’il eſt fort neceſſaire à la Medecine, quoy que la médiſance puiſſe dire contre luy, tant pour corriger, cuire, & extraire les vertus des ſimples, animaux, mineraux & metaux, que pour fortifier les membres affoiblis, pris en petite quantité dans un vehicule propre au mal : Il réjoüit le cœur, fortifie les eſprits vitaux, réveille la memoire, aiguiſe l’entendement, aide à la digeſtion, guerit l’hydropiſie, & fait pluſieurs autres effects ; c’eſt avec cet Eſprit que ſe pratique l’eau de Bellegarde, & c’eſt avec ce meſme Eſprit que ce fait celle de la Reine de Hongrie, qui a eu la force de rajeunir cette venerable Princeſſe, & qui ſert aujourd’huy à conſerver la ſanté à pluſieurs perſonnes, & contribuë à l’embeliſſement des Dames. Les vertus de cet Eſprit meriteroient un Volume entier, mais comme plusieurs Autheurs en ont écrit, le Lecteur y peut avoir recours.

De l’Eſprit de Tartre.


LE vin produit un Tartre, ou Sel qui s’attache aux paroiſts des vaiſſeaux dans leſquels on met le vin. Le Tartre du vin blanc eſt le meilleur. Ceux qui ont traité des vertus & perfections de la vigne, diſent que le vin blanc eſt le maſle, & que le rouge eſt la femelle. Ie ne ſçay ſi c’eſt pour cette raison que le Tartre blanc eſt preferé. Prenez du Tartre blanc de Montpellier, que vous pillerez tres-delié, & mettrez dans une cornuë, que vous remplirez pour le plus à moitié. Vous y adapterez un grand Recipient : diſtillez à feu de roüe, & gardez les degrez du feu, l’Eſprit ſortira le premier, aprés une huile ; & lors qu’il ne diſtillera plus rien, laiſſez refroidir vos vaiſſeaux, & ſeparez l’huile d’avec l’Esprit par le vaiſſeau ſeparatoire, vous cohoberez l’Esprit deux ou trois fois ſur les feces à feu de cendres.

Cet Esprit eſt fort penetrant, il inciſe les humeurs & les deterge, il eſt aperitif & diuretique ; la doze eſt d’une Drachme juſqu’à deux, priſe dans quelque eau convenable au mal : il est neceſſaire auparavant que de s’en ſervir de ſe purger avec de la Caſſe, ou de la Rheubarbe.

L’huile ne s’applique que par dehors pour mondifier, & deſecher les playes.

Creſme ou Criſtal de Tartre.


PRenez du Tartre, comme il a eſté dit, & le mettez en poudre ſubtile, ſur laquelle vous verſerez de l’eau dans un vaiſſeau de verre de la hauteur de ſix doigts. Faites boüillir ladite eau demie-heure, & la verſez par inclination dans un autre vaiſſeau de verre ; remettez d’autre eau ſur le Tartre reſtant au fond du vaiſſeau, faites boüillir, & reverſez comme il a eſté dit. Reïterez juſques à ce que voſtre Tartre ſoit tout diſſout ; prenez toutes ces eaux, & les faites bouillir juſques à diminution des trois quarts. La partie reſtante, vous la mettrez dans un lieu froid, en douze heures de temps ſe formeront des criſtaux ſur la ſuperficie que vous leverez avec une cuillier d’argent, & les deſſecherez dans un creuſet, puis les garderez dans un vaſe de verre que vous boucherez. Faites reboüillir ladite eau, & la mettez au froid, & prenez les criſtaux & deſechez, comme il a eſté dit, continuez juſques à ce qu’il ne ſe forme plus de criſtaux. Cette operation s’appelle Criſtal de Tartre, dautant qu’il eſt blanc, clair & diaphane comme le Criſtal, on le doit appeller avec plus de raiſon Sel fixe du vin.

Les Chymiques appellent ce medicament par excellence Medecine benite, & luy donnent la perfection d’eſtre propre à toutes ſortes de maladies. La doze eſt d’une Drachme priſe dans un boüillon, ou autre liqueur. Il ſe fait un magiſtere du Tartre, lequel je paſſe ſous ſilence, trouvant les deux operations cy-deſſus preferables.

Huile de Tartre par defaillance.


PRenez du Tartre, pillez, & le mettez dans un creuſet ſur des charbons ardans, remuez de temps en temps, & continuez un feu fort, juſques à ce que le Tartre devienne blanc. Cette operation eſt longue, vous pourrez mettre une partie de Soufre pillé avecque, pour aider à faire brûler le Tartre ; quand le Soufre ſera conſommé, vous en remettrez d’autre, & continurez juſques à ce que le Tartre ſoit en cendre blanche, ou griſe, alors vous le mettrez dans un ſachet que vous ſuſpendrez à la cave, & mettrez deſſous un vaiſſeau pour recevoir la liqueur qui tombera par defaillance. Cette huile ſert pour mondifier les playes : Elle guerit les brulures ; il la faut appliquer avec un plumaceau : elle ſert auſſi à faire precipiter les diſſolutions des magiſteres, comme il ſera dit en quelques articles cy-apres.

Du Vinaigre & de ſes vertus.


LE vinaigre ſe diſtille à la façon qu’il a eſté dit au commencement de ce Chapitre, ou bien vous prendrez du vinaigre blanc ou rouge, & le diſtillerez au Bain-Marie, ou à la cornuë, en laiſſant la troiſiéme partie des vaiſſeaux vuides de peur que les Eſprits ne montent avec le phlegme, dephlegmez à feu doux, & augmentez le feu lors qu’il montera de l’aigreur, & diſtillez juſques à ce qu’il ne vienne plus rien. Vous pourrez rectifier tant de fois qu’il vous plaira, & dephlegmez à chaque fois. Il eſt à remarquer, que toutes choſes acides ſont froides, & qu’elles ont un phlegme inſipide, qui vient le premier. L’on peut auſſi tirer du vinaigre une huile, & un ſel, leſquels j’obmets pour n’en connoiſtre point les vertus.

Le vinaigre diſtillé ſert pour extraire les teintures, il diſſout les perles, & les coraux. Le vinaigre blanc & diſtillé eſt pour decraſſer les teints gras & huilleux.

Des fueilles, pepins & cendres de la vigne.


LA vigne nous fournit encore des fueilles & des tendrons utiles à la Medecine, pillez enſemble gueriſſent les douleurs de la teſte appliquez ſur le front, & les temples ; mis en cataplaſme ſur l’eſtomac le rafraichiſsẽt ; l’eau diſtillée deſdites fueilles, & tendrons arreſte les dyſenteries & crachements de ſang, en beuvant un verre le matin ; les larmes de la vigne, quand on la coupe au Printemps nettoye le cuir, éclaircit la veuë au matin ; priſe avec partie égale de vin blanc fait ſortir le gravier de la veſſie.

Les pepins des raiſins reduits en poudre, meſlez avec les trois parts de cendres de ſerment dilayées avec vinaigre & huile roſat en conſiſtence de boüillie diſſipẽt les tumeurs & duretez qui viennent au fondement, appliquées dans un ſachet ; mis à la teſte appaiſent les douleurs de la Migraine.


Chapitre II.
Des Aromats & de leurs vertus.
Du Roſmarin.


CE n’eſt pas ſans raison que les Philoſophes ont donné au Roſmarin l’avantage ſur tous les autres vegetaux ; il s’accommode aux infirmitez des hommes, il échauffe les froids, tempere les chauds, & tient en eſtat les moderez, Rupeciſſa le met au rang des choſes temperées : Avicenne, Mathiole, Dioſcoride, Dalechamps & autres, luy donnent des puiſſances & des facultez capables de regenerer l’homme, & de luy donner des forces nouvelles. La pluſpart de ces Autheurs ont ignoré les preparations des ſimples, & les ont ordõnez tous crus, ou en decoctions groſſieres ; mais s’ils en diſent tant de merveilles eſtant mal apreſtez, qu’en pouvons nous eſcrire & aſſurer ; eſtant bien preparez, purifiez, & détachez de leurs mauvaises qualitez.

Vn Philoſophe moderne a eu raiſon de dire, que tout homme qui aimoit la vie devoit avoir de l’eſſence de Roſmarin en ſa maiſon, comme un Antidote univerſel à toutes ſortes de maux. Ie m’en ſuis ſervie heureuſement, & en ay fait des cures admirables. L’on peut prendre de ſon eſſence depuis ſix goutes juſque à dix dans du vin, ou dãs une cuillerée d’eau ſucrée le matin à jeun. Elle preſerve de tout air infecté, guerit la jauniſſe, inciſe les humeurs craſſes, réjouït le cœur, chaſſe la melancholie deſopile la rate, guerit de l’Apoplexie, Eſquinancie, Litargie ſur le champ ; rend l’haleine douce, & fait le teint vermeil, conforte l’eſtomac, aide à la digeſtion, priſe comme deſſus.

De l’eau de Roſmarin.


CEtte eau a preſque les meſmes vertus que l’eſſence ; mais il en faut prendre en plus grande quantité : la doze eſt de cinq à ſix cuillerées. Les bains faits d’eau de Roſmarin, cõtinuez quinze jours aprés avoir eſté purgé gueriſſent la Paralyſie pour vieille & inveterée qu’elle ſoit, ralonge les nerfs racourcis oſte l’engourdiſſement des membres, & les fortifie, en baſſinant les parties affligées de ladite eau tiede, & les enveloppant d’vn linge trempé dedans, il faut renouveller trois ou quatre fois le jour.

Teinture ou extraict de Roſmarin.


ELle ſe prend en pillules le poids d’une Drachme pour faire mourir les vers ; eſtenduë en forme d’onguent ſur un morceau de cuir guerit les douleurs qui proviennent de cauſe froide. Cet emplaſtre ne ſe doit point lever, il faut le laiſſer tomber de luy-meſme ; eſtant aiguiſé de trois ou quatre goutes de ſon eſſence il eſt meilleur, & eſt bon pour les Rheumatismes, appliqué ſur les parties douloureuſes.

Du Sel de Roſmarin.


SOn uſage eſt pour les eſtomacs foibles, & debiles, s’en ſervant pour aſſaiſonner les viandes au lieu de ſel commun ; il provoque l’vrine, tuë les vers, excite les ſueurs, & purifie le ſang.

De la Sauge.


LA Sauge eſt un ſimple qui a telle ſympathie avec toutes les parties de noſtre corps, qu’elle les peut renouveller & rendre vigoureuſes : ce qui a fait dire aux Docteurs de Salerne avec aſſurance, qu’ils s’eſtonnoient qu’un homme fuſt mortel qui avoit de la Sauge à ſon jardin. Dioſcoride luy attribuë une vertu univerſelle, voicy ce que mon experience m’en a appris.

De l’Eſſence de la Sauge.


Elle eſt un ſpecifique pour toutes les maladies du cerveau ; elle arreſte, & detourne toutes ſortes de fluxions ; elle fait ſortir le fruit mort, & aide la nature à le pouſſer dehors ; la doſe eſt de ſix goutes juſqu’à dix dans une cuillerée d’eau de vie, ou eau ſucrée ; elle fait concevoir la femme ſterile en prenant huict matins de ſuite, comme il a eſté dit, & s’abſtenant pendant ce temps de la compagnie de ſon mary.

De l’eau de Sauge.


CEtte eau mondifie les playes, ſi on les en lave ; elle noircit les cheveux, en faiſant leſſive, fortifie le cerveau & les membres, arreſte le ſang tirée par le nez, guerit les picqueures, ſoulage le mal des dents, reſerre les genſives, en lavant tout ce que deſſus de ladite eau un peu chaude.

De la Teinture ou extraict de Sauge.


CEtte Teinture eſt bonne contre les douleurs froides jettée ſur des charbons ardans. La fumée priſe par bas arreſte les pertes de ſang des femmes. Le poids d’un eſcu pris en pillules arreſte le vomiſſement. La meſme doſe dilayée dans demy verre de vin blanc, büe par trois matins à jeun, guerit la fievre quarte.

Le Sel de Sauge.


CE Sel doit eſtre appellé Benit pour les biens qu’il produit ; il eſt univerſel pour toutes ſortes de maladies pris dans un vehicule convenable au mal. La doſe eſt d’un ſcrupule juſques à deux : il a les meſmes vertus que l’eſſence, l’eau & la teinture ; reüniſſez toutes les quatre parties enſemble, & adjoûtez un peu de moüelle de cerf, mettez le tout dans un vaſe de verre, duquel le tiers ſera vuide, & bien bouché ; expoſez-le un mois au Soleil, & vous aurez un Baume pour toutes ſortes de playes & de douleurs.

De l’Hyſope.


LE Vegetal eſt un des plus neceſſaires à la Medecine, particulierement pour les maladies des femmes, neantmoins il s’en trouve peu de preparé comme il faut.

De l’Eſſence.


L’Eſſence eſt ſouveraine pour les maladies du poulmon provenantes de cauſes froides ; elle guerit les paſles couleurs des filles, & leur fait venir leurs purgations ; elle fait vuider l’arrierefaix, qui reſte aprés l’accouchement ; elle aide à la reſpiration, & donne des forces ; la doſe eſt de huict à dix goutes priſe dans ſon eau, ou vin blanc.

De l’eau d’Hyſope.


CEtte eau ſert de vehicule à ſon Eſſence ; elle eſt propre pour toutes les maladies ſuſdites. La doſe eſt d’un demy verre juſques à vn verre.

De la Teinture ou extraict de l’Hyſope.


IL ſe fait des pillules de cette Teinture aiguiſée de dix ou douze goutes de ſon Eſſence. Vne Drachme de ſel de Mars, une demie-Drachme de pithyme, une goute d’Eſſence de clou de girofle, deux de canelle, quatre grains de teinture de Safran, le tout incorporé dans trois Drachmes de teinture, deſquelles l’on fera quatre priſes. Elles font revenir les purgations de long-temps arreſtées en les prenant le matin, il faut continuer juſqu’à gueriſon.

Du Sel d’Hyſope.


IL a les meſmes vertus que ſon Eſſence, l’eau & la teinture.

De la Taneſie.


LA Taneſie eſt preſque inconnuë en France, quoy qu’elle ait des qualitez tres-particulieres. Les Alemans & les Griſons s’en ſervent comme de Theriaque contre toutes ſortes de maladies ; je l’ay experimenté à toutes les maladies ſuivantes.

De l’Eſſence de Taneſie.


ELle facilite les accouchemens des femmes, priſe de dix à douze goutes dans deux cuillerées d’eau de canelle ; quatre goutes priſes dans deux cuillerées de ſon eau fait mourir & ſortir les vers. La meſme doſe priſe en eau de perſil fait vriner facilement, diſſout & rompt la pierre.

De l’eau de Taneſie.


CEtte еau n’eſt point deſagreable, quand on a mis du miel de Narbonne dedans ; elle fait ſortir les vers des petits enfans, leur en donnant à boire le matin quatre ou cinq cuillerées, trois ou quatre jours de ſuite dans le decours de la Lune. Au défaut de l’Eſſence l’on peut donner un verre de cette eau à la femme en travail d’enfant ; elle facilitera ſon accouchement ; & ſi l’on prend huict matins de ſuite un verre de cette eau, avant que d’accoucher, & que l’on ſe promene une heure dans la chambre, l’on accouchera heureuſement & facilement.

Teinture de Taneſie.


CEtte Teinture eſtenduë ſur un morceau de cuir appliqué ſur le ventre des enfans, fait mourir & ſortir les vers.

Du Sel de Taneſie.


CE Sel a les meſmes vertus que deſſus, pris dans un œuf ou boüillon le poids d’un demy-Scrupule, juſques à un Scrupule.

Du Thim.


GAllien donne des proprietez à la ſeule decoction du Thim tres-grandes, à plus forte raiſon le pur eſtant ſeparé de l’impur, on en doit eſperer d’heureux effects. Prenez une Drachme d’eſſence, deux livres d’eau, deux Drachmes de Teinture, une Drachme de Sel, meſlez le tout dans une livre de vinaigre diſtillé, faites diſſoudre dedans du miel blanc à diſcretion. Ce remede eſt pour les Aſmatiques, & pour ceux qui ne peuvent reſpirer ; il aide à cracher la pourriture qui eſt dans la poitrine, il fait reſoudre les tumeurs & enflures froides. Il reſout le ſang caillé, il eſt bon aux toües inveterées, il guerit du haut mal en continuant d’en prendre un mois entier le matin à jeun. La doſe eſt d’un demy verre. L’Eſſence ſeule eſt bonne appliquée au dehors pour les ſciatiques, & goutes froides.

Du Fenoüil.


C’Essence du Fenoüil, priſe cinq ou ſix goutes dans un demy verre de ſon eau fortifie la veuë, & fait ſortir les vents. L’eau eſt bonne pour laver les yeux malades, & pour faire les infuſions de Rheubarbe, & de Sené.

La Teinture priſe en pillules fait ſortir les vents, & fortifie l’eſtomach, delayez la groſſeur d’une noiſette dans une chopine de ſon eau, & un Scrupule de ſon Sel, ce ſera un lavement admirable pour les coliques venteuſes.

Son Sel eſt excellent pour aſſaiſonner les viandes de ceux qui ont des vents. .68 La Chymie De la Menthe ou Baume. Left de pluſieurs fortes de Baumer ou Menthes, de rouges, blanches, cultivées & ſauvages ; mais ſans faire leurs difcernemens, je diray de quelque façon qu’elles ſoient, que T’Effence en eſt chaude, qu’elle rend l’haleine douce & agreable, priſe cinq ou ſix goutes le matin à jeun dans une cuillerée d’eau de Canelle ; deux ou trois goutes tirées par le nez font revenir l’odorat perdu ; ſon eau chaude fortifie les membres re froidis & affoiblis, les en eftuvant un peu trois ou quatre fois le jour l’espace de quinze jours. Le Sel, l’eau, l’Effence & la Teinture reúnis enſemble, mis dans une phiole, expoſez un mois au Soleil, deviennent un vray Baume pour toutes les playes, particulierement pour celles de la teſte. De la Ruë.’ESSENCE de laRue eſt un specifique L le de pourfe garantir de la peſte, en prenant dans le temps de peſte, tous les matins cinq ou ſix goutes dans une cuilleCharitable facile. 69 ée d’eau de vic ; elle chaſſe les vents ; lle deffeche & inciſe les groſſes humeurs priſe dans un boüillon cinq à ſix goutes. > Son eau appaife les douleurs de la poitrine, conforte la veuë, en beuvant un demy verre le matin à jeun. Vn demy verre de ſon eau, & ſept ou huict goutes de ſon Effence purgent doucement le phlegme. Sa Teinture appliquée en forme de cataplaſme ſur les cuiſſes appaife les douleurs qui proviennent de laſſitude. De la Marjolaine. L’ESSENCE de la Marjolaine eſt excellente pour appaifer les douleurs de teſte, priſe huict à dix goutes dans une cuillerée d’eau roſe ; deux ou trois goutes tirées par le nez fait le meſme effer. Son eau un peu chaude conforte la teſte, & guerit les douleurs des aureilles, lavant leſdites parties d’icelle. De ſa Teinture meflée avec eſprit de Therebentine & cire neufve, il s’en fait un amplaftre pour les douleurs des han70 La Chymie ches, & des reins, il s’applique ſur du cuir. Ses feuilles fechées à l’ombre redni. tes en poudre, priſes par le nez font eternüer doucement, & dechargent le cerveau. 1 CHAPITRE III. Maniere de diſtiller toutes fortes de Simples Aromatiques, & tendres.’AY refolu pour le ſoulagement du Lecteur de reiterer la methode de diſtiller les Simples Aromatiques, & Sim ples tendres, & la maniere d’en extraireles Teintures & Sels. Pour diſtiller les Aromatiques, il cft neceffaire de leur donner un Menftruë, dautant que dans leur bois il ſe trouve de l’Effence, & Ies bois ne ſe peuvent piller, de plus ils n’ont pas tant d’humidité que les Simples tendres. Vous les diſtillerez dans l’Alembic de cuivre par le Refrigeratoire, comme il eſt dit au premier article de la diſtillation, Charitable & facile. 71 Pour les herbes tendres, ſi elles font vertes, vous les pillerez dans un mertier de marbre, ou de pierre, & les mertrez fermenter trois ou quatre jours à la cave dans un vaiſſeau de verre, ou à ſon deffaut dans des vaiſſeaux de terre vernifez, vous en exprimerez le ſuc par la preſſe que vous filtrerez, & diſtillerez au Bain, faiſant le feu ſelon que l’eau aura de la facilité à s’élever, lors qu’il ne montera plus.d’eau, ceſſez, ce qui reſtera au fond du vaiſſeau s’appelle Teinture ou Extrait, lequel vous ferez evaporer juſques à confiftence de vin cuit, ou miel, ou bien vous y adjoûterez. du ſucre pour en faire du Syrop, come il ſe fait de Bugloffe, Bourrache, Dendive, & autres, leſquels ont tous leurs proprietez particulieres des Extraits ou Teintures. Vous vous en pourrez ſervir àformer des pillules, & faire des lavemens. Vous prendrez gros comme une noiſette de chacun de ceux qui font propres pour cet effect, que vous delairez dans quelque eau convenable, & l’aiguiſerez des Sels deſdits ſimples, & vous verrez que cette diſſolution aura 72 La Chymie des effects tous autres que les decoctiós ordinaires deſquelles on fait les lavemens. Pour les herbes feches, il les faut ar roufer, ſoit pour les diſtiller, ou pour en extraire la Teinture. L’eau de pluye diſtillée eſt la meilleure au deffaut.de l’eau comune de riviere, la quantité doit eftre égale aux herbes, vous n’en tirerez que la ſixième partie de l’eau que vous yaurez miſe : toutes les Teintures ne ſe tirent pas avec de l’eau, il faut un Menftrue, ſelon leurs facultez ; aux Aftringentes il faut du vinaigre diſtillé, aux diuretiques du vin blanc, aux laxatifs de l’eau de Bourrache, Bugloffe, ou Cichorée ; aux ſudorifiques du Chardon Benit. Il ſe trouve des corps rebelles, & qui ont des qualitez veneneufes qu’il faut penetrer & corriger par l’Eſprit de vin, ou des eaux aromatiques. Des Sels. POVR faire du Sel, il faut avoir des cendres ; c’eſt pourquoy Frete Bafile Valentin a dit dans ſon Traité des douze Clefs, ſi tu n’as point de cendres, Charitable & facile. 73 dres, tu n’auras point de Sel : il faut brûler les ſimples, & les rendre en cendres blanches, & entirer le Sel par lef five que vous ferez en cette forte. Vous ferez chaufer de l’eau plus que tiede, & la verſerez ſur vos cendres, qu’elle ſurnage de ſix doigts, & laiſſerez refroidir, puis filtrerez & ferez evaporer juſques à confiftence de Sel. Si voftre Sel n’eſt aſſez blanc, faites le decrepiter dans un creuſet, & rediſſoudre dans ſon cau, ou cau commune ; filtrez, & deffechez, comme il a cfté dit tant de fois, que vous ſoyez ſatisfait, à la ſept ou huictiéme fois il fera fuſible. CHAPITRE IV. Les ſimples tendres, & leurs vertus. LE Betoine.’E A v diſtillée de la Betoine tous Ales matins bue à jeun le poids de quatre onces fortifie la veuë, conforte Feftomac, fait vuider le fang meurtry & caillé, & les eaux des Hydropiques, D La Chymie 74 mondific la poitrine, adoucit les douleurs de la ratte, purge les ferofitez de la teſte, & fortifie les membres. Elle ofte la rougeur des yeux ſi on les en lave, nettoye les dents, & appaife la douleur, reſſerre les genfives, s’en garga. riſant la bouche cftant un peu tiede. La Teinture meflée avec un peu de cire pour luy donner corps, eſt merveilleuſe pour les playes de la teſte : elle fait ſortir les efchilles, & diſſout le fang meurtry. 4* Ses racines infuſées dans du vin blanc du ſoir au matin font vomir ; c’eſt pour quoy il faut ofter les racines des tiges lors que l’on veut diſtiller, autrement l’eau feroit vomitive. Chelidoine. Erri cau a la vertu de faire vui Cuer les humiditez fuperfluës, qui font entre le cuir & la chair. Elle defen fle les membres bie un mois tous les matins un demy verre avec partie égale devin blanc. Elle mange les tayes des yeux, mais il la faut corriger avec une part d’eau de plantain ou lait de femme, Charitable & facile. 75 & en mettre trois ou quatre fois le jour fur la taye. Sa Teinture leve les chairs mortes, & mondific les vlceres, incorporée avec de la cire en forme d’emplaſtre. Gat Morelle. ETTE cau cft rafraichiffante & aſtringente ; elle arrefte toutes fortes de cours de ventre, les fleurs blanches, les pertes de fang des femmes büe ſoir & matin quatre onces à chaque palſe ; il faut continuer juſqu’à guerilor.Ses fueilles pillées & meflées avec cendres de ferment en confiftence de bouillie en faire fronteau entre deux linges, appaife la douleur de teſte qui provient de chaleur, provoque doucement le dormir. Sa Teinture aiguisée de ſon Sel, appliquée ſur les excroiſſances de chair, diſſipe & guerit. Meliff. ETTE cau a des proprietez univerſelles, & eſt utile en toutes fortes de maladies ; particulierement elle Dij 76 La Chymie réjouit le cœur, diſſipe la melancholic, purifie le fang, arrefte le battement de cœur, aide à la digeſtion, affermit lescerveau, tient le ventre libre, priſe tous les matins le poids de trois à quatre onces. Sa Teinture priſe en pillules arrefte le devoiment : meflée avec ſon ſel, & de Ia charpie, guerit les écrouelles ; il faut mettre par deſſus une emplaſtre de diapalma, & changer ſoir & matin de charpie : fondue en forme d’onguent, appaife les douleurs de la goutte, en frotant doucement la partie malade. L Alaine, ou Abfinthe.’Eau tirée de cette herbe, conforte l’eſtomac, rend l’haleine agreable, excite l’appetit, provoque l’vrine, fait venir les purgations aux filles, foulage les Hydropiques, defopile laratte. La doſe eſt de deux onces juſqu’à trois, dans un demy verre de vin blanc büele matin, il faut continuer un mois. Sa Teinture a les mefines vertus que l’eau, priſe en pillules le matin, & une heure devant ſouper le poids d’une Drachme à chaque fois. Charitable & facile. 77 Son Sel guerit de la peſte, priſe en eau de rüe ; il fait vuider les eaux des Hydropiques, diſſout dans du vin blanc. La doſe eſt de vingt à trente grains. L’E Mille-pertuis.’Eau qui ſe tire des fleurs & des fueilles de Mille-pertuis, guerit les abcés qui viennent dans le corps, empéche la corruption, fait ſortir, & mourir les vers, & empefche qu’il ne s’en forme pour l’advenir, ſi l’on en boit ſoir & matin deux onces deux fois la ſemaine ; elle guerit du haut malen bu. vant un an de temps tous les matins quatre onces de ladite eau, & ſe purgeant d’agaric toutes les ſemaines une fois. Elle fortifie les Paralytiques, s’ils en uſent long-temps, & s’ils frotent les parties. paralytiques d’Effence de Rofmarin, ou de l’eau de la Reine de Hongrie, elle arrefte le crachement de fang, meflée partie égale d’eau d’hyſope avec du miel blanc. : Sa Teinture dans laquelle on aura dilayé de la poudre de chaux vive, arrefte la gangrene, & fepare la chair morte Diij 78 La Chymie d’avec la vive, meflée avec emplaſtre, dont on panſe les playes, les preferve de gangrene : de ſes fleurs avec huile d’Olive & eſprit de Terebentine ſe fait un Baume, qui guerit les coupures & meurtriffeures. Son Sel a mefmes vertus que l’eau & teintuse : diſſout dans ſon eau le poids d’une Drachme, le mefime poids diſſout dans un verre de vin d’Eſpagne guerit ſoudain la pleurefie. L Violette I’Eau de fucilles, & racines de Violette tempere les ardeurs de la colere ; elle rafraichit, fait dormir, appaile les douleurs de teſte, adoucit les ardeurs de la poitrine, defaltere, & defopile le foye, guerit la jauniſſe en buvant matin & ſoir un grand verre, dans lequel on diſſoudra un peu de ſucre. Ses racines, infulées une nuict dans un verre de vin blanc, exprimé & bule matin, purgent doucement. Sa graine reduite en poudre le poids d’une demie-once, priſe dans un verre de ſon eau fait faire trois ou quatre felles ſans tranchées. Charitable & facile. 79 Sa Teinture eſt bonne pour allier les poudres, deſquelles on veut former des pillules, & pour delayer dans des lavements rafraichiffants. L’on la peut auſſi appliquer ſur les parties où il aura inflammation, meflée auec les quatre farines, & en faire cataplaſme. Pourpier. y ETTE eau eſt fort rafraichiffanCre, elie defaltere ceux qui font travaillez de la ſoif ; dans les fiéures ardantes, elle fait dormir. Son uſage doit eftre moderé car elle eſt nuiſible à l’eſtomac. La doze eſt de deux à trois cueillerées dans un verre d’eau commune. Laictuë. L faut ſe ſervir de cette eau avec grande circonſpection, & corriger fa froideur par le ſucre, ou par quelque aromatique. Elle eſt dangereuſe, priſe en trop grande quantité. Elle rafraichit beaucoup, & fait dormir. .D iiij So La Chymic Cichorée. ETTE cau a de grandes avantages ; CET elle rafraichit & fortifie l’eftomach, excite le ſommeil doucement, réjouit le cœur, purge la ratte, tient le ventre hibre. Elle eſt excellente à faire des infuſions de Sené & de Reubarbe, meflée avec partie égale de Fenoüil. Fraifier.’E Av de fueilles & racines de Fraifier eſt cordiale & rafraichif fante, & peut cftre beüe en rout temps, & en toutes maladies où il y a ardeur du foye. Elle n’a aucune mauvaiſe qualité, conferve l’embon-point, fortific & tient le teint frais. Bourrache & Bugloffe. (Es deux herbes ont beaucoup de C rapport entre-elles : Elles ont les mefmes vertus, & font miſes au nombre des cordiales. Elles rafraichiffent fans accident, fortifient & purgent doucement. La doſe eſt de trois à quatre onces, beüe le matin. L Charitable & facile. .Ozeille 81’V’S A GE de cette eau a la vertu de guerir les Catarres de quelque na — ture qu’ils ſoient : il en faut prendre le matin quatre onces, & continuer un mois de temps. Il faut la faire chauffer, & diſſoudre dans chaque priſe une cuillerée de miel blanc : Il faut viure de regime pendant ledit temps, & ſe purger deux ou trois fois, ſelon le lieu, ou la partie malade. Chardon benit. E n’eſt pas ſans ſujet que cette CH Herbe porte la benediction avec elle. Son eau eſt confortative ; elle pouffe les mauvaiſes humeurs au dehors par les ſueurs, renouvelle les forces. L’on en peut prendre depuis quatre iufques à ſix onces. Il est bon d’en donner à ceux qui ont la fiéure, & qui ont peine à ſuer à la fin de leur accés. Son Sel eſt ſudorifique ; une drachme diſſout dans un verre de ſon eau, fair ſuer abondamment. DV. is 82 CE La Chymie Mauves. ETTE eau eſt bonne pour des per. ſonnes enroüées, qui ont peine à parler. Il en faut boire le matin un verre avec du ſucre ; & le ſoir, deux heures apres le repas autant. Elle aide les femmes dans leurs accouchemens, ſi elles en prennent quatre onces avec une once d’huile d’amande douce. Elle appa ſe la douleur des aureilles, & guerit de la fourdité nouvellement arrivée, ſi l’on la mefle avec jus d’oignon, & eau de Morelle, partie égale. Il la faut chauffer, & mettre trois ou quatre gouttes dans l’aureille, & tremper un morceau de coton, & le mettre deſſus le ſoir en ſe couchant. Il ne le faut coucher pas fur le cofté où l’on a mis le remede. En cas que toutes les deux aureilles fuffent malades, l’on mettra le ſoir à l’une, & le ſoir ſuivant à l’autre. Il se fait une emplaſtre de la Teinture, de celle de bois de Sault, therebentine de Venife, partie égale, avec un peu de cire : pour les playes où il y a inflammation faut delayer gros comme une noiſette Charitable & facile. 83 de ſa Teinture dans la decoction des lavemens, L Guimauves.’E AV des fueilles & des racines de cette herbe, le poids d’une once ; avec une once d’huile d’amande douce, bene le matin un mois de temps, appaife les ardeurs de l’urine, & fait ſortit lefable qui ſe trouve dans la Veffie. Ses fueilles cuites dans du gros vin, avec une once de miel en confiftence, un peu époiffe, étenduë ſur de la filaſſe touſſie, appliquée ſur les mammelles enflées & dures, les amollit & refout les apoftemes. Il en faut appliquer trois ou quatre fois le jour, & continuer. Parietaire.’E AV de Parietaire eſt rafraichifLEA fante, büe le poids de deux à trois onces ; lafche l’urine ſupprimée, guerit les échauffures qui viennent en la bouche, appaife la douleur des dents, fi on la tient dans la bouche vn peu chaude. D vj

84

La Chymie 1 Sa Teinture meflée avec graiſſe de chappon guerit les bruflures, Il en faut appliquer trois ou quatre fois le jour avec une plume. Elle refout les apoftemes des mammelles, diſſipe les in flammations, arrefte les douleurs de la colique, appliquée ſur les mammelles & ventre, comme deſſus. • Son Sel pris le poids d’une drachme dans un bouillon, provoque les ſueurs. L’Fami-terre.’E Av de Fume-terte eſt laxative, purge la bile, fortifie le foye, & le defopile ; guerit les fiéures bilieuſes, diſſipe les humeurs coleriques & aduftes ; conforte les membres, & les affermit, priſe le poids de quatre onces le matin dans un bouillon. Elle nettoye le cuir de toute galle & rougeur, éclaircit les yeux ſi on les en lave. Sa Teinture en confiftence de pillules, priſe le poids de deux drachmes, purge la bile. Son Sel diſſout dans un boüillon, le poids d’une drachme, fait le meſme effect, Charitable & facile.

Plantain. 85 de Plantain guerit les opiLlations de foye, & de la ratte. Elle rafraichit le fang échauffé, referre le ventre, preferve des hemorroïdes guerit les ulceres du poulmon, arrefte Ic crachement de fang, chaſſe les fiéures tierces, en beuvant trois ou quatre matin, depuis quatre iufques à ſix onces. Elle guerit & deffeiche les playes nouvelles, en les lavant trois fois le jour de ladite eau ; appaife les douleurs de la bruflare, mettant un linge trempé dedans ſur la partie brufléc, faudra ſouvent renouveller. qu’il Sa Teinture en confiftence d’extraict, animée de ſon Sel, appliquée ſur une playe nouvelle, pourveu qu’elle ne ſoit profonde que d’un demy-doigt, les. guerit en cinq jours. C Cerfeuil. ETTE eau purifie le fang, fait vuidur lust der les caux des hydropiques, appaife les douleurs de cofté, fait ſortir la pourriture de dedans le corps, tuë 86 La Chymic les vers, fortifie l’eſtomac, büe le matin un grand verre. Il eſt neceffaire de ſe promener moderément apres l’avoir büe. L Perfil.’E Av de Perfil eſt admirable pour décharger les reins. & faire vuider le fable : Il en ſaur boire un verre le matin, dans lequel on mettra deux gouttes d’eſprit de vitriol. Elle nettoye & conforte l’eſtomac, & tient le ventre libre. CET Ioubarbe. ETTE cau eſt fort froide : ellc amortit les ardeurs de la fiture chaude guerit sulceres des boyaux, appaife la douleur de teſte, arrefte toute forte de flux, priſe le poids de tre à cinq onccs. quaSa teinture repercute les apoftemes chaudes, appaife les douleurs de la goutte provenante de chaleur ; mcflée avec huile roſat, guerit les bruflures. Charitable & facile. CHAPITRE V. 87 Maniere de diſtiller les Fleurs des Simples. I Des Rofes.’L eſt de pluſieurs fortes de Rofes, de ronges, d’incarnates, de blanches, de ſauvages, appellées Rofes de chien ; leſquelles ont toutes leurs proprierez particulieres. La façon de les diſtiller eſt commune : chacun en uſe comme il luy plaift ; pour moy voicy ma methode. Prenez des Roles à difcretion, & les nettoyez de toutes fortes d’ordures, que vous pillerez dans un mortier de marbre, ou de pierre ; & les mettrez dans un vaſe de verre bien bouché fermenter huit ou dix jours dans la ca— — ve, juſqu’à ce qu’elles commencent à s’aigrir. Alors exprimez leſdites Rofes fous la preſſe, dans un fac de toile bien forte filtrez ladite expreſſion, & la diſtillez au bain ; & luttez toutes les 88 La Chymie jointures de vos vaiſſeaux, & faites un petit feu au commencement ; car la premiere can qui mõte n’eſt que phlegms, & n’eſt pas odoriferante, mais bien celle qui tient le milieu. Mettez la premiere, ſeconde, & troifiéme à part, & vous verrez que la ſeconde a plus de lá force & d’odeur. Pour ce qui reſte au fond de voftre vaiſſeau, en confiftence de fyrop, eſt une Teinture, qui a les mefmes facultez que le fyrop de Rofes. Il ſe garde pluſieurs années ſans ſe gâ ter, bien qu’il ſoit ſans ſucre, l’ay experimenté pluſieurs fois qu’il eftoit plus purgatif que le fyrop vulgaire. Pour voftre Eau-roſe, vous la pourrez rectifier ſur de nouveau ſuc de Roles, & la faire circuler, comme l’eſprit de vin, pour la rendre plus ſpirituelle. Prenez le marc des ſuſdites Rofes, & le remettez dans le vaiſſeau de verre ; & verſez par deſſus de l’eau commune, qu’elle ſurnage de deux doigts, & boucherez & mettrez fermenter, à la cave quinze jours : puis exprimez, filtrez & diſtillez comme au precedent, & vous aurez encore de meilleure Eau-roſe que Charitable & facile. 89 telle qui ſe vend communément. Faites fecher voftre marc, & le bruílez, pour en tirer le Sel par leſſive, & ranimerez voftre Eau dudit Sel. Elle ſe gardera & conſervera pluſieurs années.. Cette Eau a des qualitez tres-utiles : Il ſe fait peu de médicaments dans leſquels elle n’entre en compoſition : ſon uſage frequent fait connoiftre fest vertus. De la Teinture de Rofès. E qui eſt reſté au fond de voCE ftre vaiffean apres vos diſtillations, eſt une Teinture, laquelle eſt purgative. Il eſt une autre forte de Teinture de Rofes, laquelle eſt fort commune. Elle ſe fait en cette façon. Prenez une once de Rofes rouges feches ; verſez deſſus deux liures d’eau dans un vaiſſeau de verre, ou de grais : adjoûtezy une demy drachme d’eſprit de ſoufre, ou de vitriol ; conurez voftre vaiſſeau, & le mettez infuſer ſur des cendres chaudes, dans quatre heures vous aurez une Teinture fort rouge, que vous filtrerez par le papier broüillart, 90 La Chymie ou chauffe d’hypocras, & diſſoudrez du ſucre à difcretion. Cette Teinture eſt bonne pour toutes les maladies du foye, aux fiéures ardantes, aux exceſſives chaleurs ; aide à la digeſtion, conferve l’embon-point, purificle fang, en beuvant deux ou trois verres par jour. Conferve de Rofes. PRENEZ des Roſes de Provins, les boutons à demy ouverts : couppez les ongles avec des ciſeaux, & les pilez dans un mortier de marbre, tant qu’ils deviennent comme de la pâte : Par chaque livre mettez deux livres de ſucre, ou caſſonade en poudre ; incorporcz bien le tout enſemble ; & puis les met. tez dans une Cucurbite de verre, que vous couvrirez d’un Alembic aveugle : lutterez bien les jointures, que vous laiſſerez fecher ; puis mettrez vos vaiſſeaux dans du fable en la cave, & lesy laiſſerez quarante jours : apres leſquels vous retirerez vos vaiſſeaux, & mettrez voftre Conſerve dans des vaſes propres pour la garder. Charitable & facile. 91 Sa vertu eſt un remede pour toutes les maladies du poulmon : Elle conforte l’eſtomac, aide à la digeſtion, proyoque doucement le dormir. Il en faut rendre ſoir & matin gros comme une noix. Vo De l’huile de Rofes. Ovs prendrez des Rofes pafles, que vous ferez fecher à demy entre deux ſachets ; puis les mettrez infuſer au ſoleil dans une phiole de verre, avec de l’huile d’oline qui ſoit claire, & ſans odeur, qu’elle ſurnage la hauteur de quatre doigts ; & les laiſſez infuſer quinze jours : puis tirez voftredite huile, & Rofes, & les exprimez, & remettez de nouvelles Roſes dans voftre phiole au ſoleil, le plus que vous pourrez ; & verſez voſtre ſuſdite huile deſſus, & remettez-au ſoleil : reïterez cette operation juſques à trois fois, & aiffez votre phiole au ſoleil, le plus que vous pourrez. Il faut qu’il y ait l’espace de quatre doigts de vuide à voftre phiole, & que le bouchon ſoit de parchemin, percé de trous d’épinדי 92 La Chymie gle, afin que les phlegmes ſe diſſipent. Ses vertus font aſſez connues, c’ef pourquoy je les paſſe fous ſilence. Le Miel-roſat ſe fait comme le vio. lat ; dont il fera parlé cy-apres. De la Violette. RENEZ VOS fleurs de Violettes, & les Peplucz vos feurs de Violares, c PR épluchez, comme pour faire fyrop que vous pilerez, ferméterez, exprime. rez, & filtrerez cóme les roſes ; & diftil lerez au bain juſques à ce qu’il ne mon te plus rien. Deux cueillerées de cette eau, miſe dans un verre d’eau d’orge, rafraichiffent plus que deux onces de fyrop violat. Elle fortifie l’eſtomac, engraiſſe, fait dormir. Elle eſt bonne à toutes fortes d’âges, & de perſonnes. L’on peut changer de vehicule. On la peut prendre dans un boüillon, ou dans] du vin ; ſelon la diſpoſition & tempe rament de la perſonne. Vous pour rez remettre de l’eau ſur voftre marc, que vous mettrez fermenter cinq ou ſix jours ; puis diſtillerez comme au precedent. Cette eau, n’a pas tant de force que la premiere auſſi elle ſe, prend Charitable & facile. 93 feule avec un peu de ſucre. Il en faut Boire le matin un verre. eau, Sa Teinture, reſtée au fond du vaifà. eſt une maniere de fyrop ; auquel on peut adjoufter du ſucre pour le rendre plus agreable. Deux cueillerées purgent doucement. Il eſt de pluſieurs fortes de fyrops iolats, que je ſupprime : je me contenle d’écrire la maniere de le faire fans feu. Vous prendrez des Violettes bien pluchées, que vous pillcrez dans un mortier de marbre, avec partie égale He ſucre fin. Lors que tout fera bien Incorporé enſemble, vous le mettrez dans un Matras, auquel vous en joindrez un autre, de forte que celuy dans lequel font vos Violettes entre dans celuy qui doit ſervir de recipient. Luttez-les bien enſemble, avec du papier & de la colle, & les laiſſez fecher. Vous les mettrez trois jours fermenter dans la cave ; & puis les expoſerez au ſoleil, en lieu où il ſoit la plus grande partie du jour ; & placez vos vaiſſeaux de façon qu’ils ſoient en penchant, afin que le ſirop puiſſe tomber dans celuy de 94 • La Chymie deſſous. Le ſucre & le ſuc des fleur diſtilleront ensemble doucement, & l fyrop ſe cuira au ſoleil dans. quinze jours. L’operation fera faite ; le marc reſtant au fond, eſt propre pour faire du miel. V Miel Violat. Ovs prendrez voftre maſſe, ou les éplucheures de vos Violettes, que vous mettrez dans telle quantité de miel qu’il vous plaira, que vous aurez premierement fait bouillir, & écumé Vous les ferez boüillir enſemble environ un quart d’heure ; puis les paſſerez tous chauds dans un linge, & l’exprimerez fous la preſſe, & l’expofercz quinze jours au ſoleil. Vous vous en ſervirez à ſon uſage. Il s’extraict aufli une Teinture des Violettes par l’eſprit de ſoufre, ou de vitriol, de la mefme façon que des roſes. celle L’huile Violat ſe fait comme l’huile Rofar. PR Charitable & facile. Eau clairette de Violette. 95. RENEZ de l’eſprit de vin, dans lequel vous mettrez infuſer des fleurs deViolettes bien épluchées, & nettes, dans un vaiſſeau de verre ; que l’eſprit de vin ſurnage de quatre doigts les fleurs : faites infuſer au Bain jusques à ce que les fleurs déviennent blanches ; voftre eſprit fera rouge, que vous filtrerez par la chauffe d’hypocras, & le remettrez ſur de nouvelles fleurs, commc deſſus. Vous adjouſterez un ſachet de linge, dans lequel il y aura de la canelle concaſſée. A cette ſeconde infuſion, voftre eſprit deviendra violer, que vous filtrerez comme au precedent. Vous diſſoudrez du ſucre à difcretion dans de l’eau-roſe ; puis le mettrez avec voftre eſprit, que vous expoſerez au ſoleil le plus long-temps que faire ſe pourra. Cette eau a la vertu de conforter l’eſtomac, d’aider à faire cracher les phlegmes, & d’appaifer la toux. Sa doſe eſt d’une cueillerée. 96 La Chymie Fleurs de Nenuphar.’E Av de fleurs de Nenuphar ra L’EAY elle fait dormir ; elle eſt bonne aux ardeurs de la fiévre ; deux cueillerées meflées dans un verre de ptifanne. Elle arrefte la diffenteric, & les fleurs blanches, bue le poids de quatre onces, trois matins de fuite. Elle appaife les gouttes qui proviennent des cauſes chaudes, & foulage la douleur de teſte. Sa Teinture, en confiftence d’extrait, avec de la cire, fait une emplaſtre pour les inflammations, rafraichit les par ties, & repercute les humeurs. L’on fait du miel de ſes fleurs, pour les lavemens rafraichiſſans, qui ſe fait comme le violat. Fleurs de Bourrache, & de Bugloffe. Es eaux des fleurs ont quelque choſe de plus ſpirituel, & de délicat, que celles qui fetirent des fucilles, tiges & racines : Celles des fleurs de Bourrache & Bugloffe font meilleures que Charitable & facile. 97 que celles de leurs fueilles. Elles font cordiales, ſtomacales, & tiennent le corps en bon eftat. Elles purifient le fang, ouvrent l’appetit, excitent les ſueurs, diſſipent la bile, en beuvant un verre une fois ou deux la ſemaine.. Leurs teintures priſes le poids de deux drachmes, lafchent le ventre doucemét. Fleurs de Pefcher.’E AV diſtillée des fleurs de Pef_ cher, purge autant que ſon fyrop ; mais il en faut prendre en plus grande quantité. La doſe eſt de trois à quatre onces. Vne drachme de ſa teinture, en confiftence d’extraict, purge la bile & les ferofitez : ſi l’on brufle ſon bois & ſes fucilles pour en faire le Sel, pour raniImer ſon eáu, furune pinte demie once dudit Sel, elle en fera plus purgative. Fleurs de Pavot Rheas rouge. V% O vs émonderez les fueilles de vos Pavots, que vous pillerez & diſtillerez au Bain, comme les precedentes. Cette eau appaife les douleurs, E 38 La Chymic & fait dormir, priſe le poids d’une on. ce appliquée ſur les inflammations, elle les amortit, & rafraichit les parties. Elle appaife la douleur de teſte, provenant de fiévre chaude. Sa teinture fait dormir, priſe le poids d’une drachme. Fleurs de Camomille. Ovs ofterez feulement les queües de vos fleurs, que vous pillerez & diſtillerez comme les autres. Les vertus de cette eau font admirables pour les ulceres, apofthemes, & douleurs interieures, bue le matin & le ſoir un verre. Elle mondifie les ulceres exte. rieures, appaife les douleurs des membres, aſſouplit les nerfs tendus, l’appliquant deſſus un peu chaude, & enveloppant les parties malades d’un linge trempé dedans, le plus chaud que l’on pourra ſouffrir : & lors qu’il refroidira, il faut le renouveller. Sa teinture, en confiftence d’extrait, priſe par la bouche le poids d’une drachme, a le mefme effet ; & appliquée par le dehors en cataplaſme, appaife les Charitable & facile. 99 apuleurs des nerfs & des jointures : delayée dans les lavemens avec de la inture de Mille-pertuis, guerit les aceres des boyaux. Son huile ſe fait me celle des roſes. par infuſion, comFleurs de Sureau. ETTE eau a la vertu de faire vuider les eaux des hydropiques, en beuant matin & ſoir le poids de quatre onces un mois entier. Elle excite les curs en prenant trois onces, en ſe ettant au lict ; & purifie le fang. Sateinture, en confiftence de pillule poids de deux drachmes, dans Requel on incorporera trente grains de ap, purge les hydropiques, & leur vuider les eaux. Ils doivent ſe purfouvent. Fleurs de Soucy. DETTE eau eſt excellente pour forPtifier, éclaircir, & offer la rougeur s yeux, appliquant une compreſſe empée dedans le ſoir, & luy laiſſant Jute la nuit. Il faut continuer neuf E ij 100 La Chymie jours. Elle appaife la douleur des mammelles par fomentation. Sa teinture, meflée avec huile d’oli. ves & beurre-frais, partie égale, miſfe dans une phiole de verre, expoſée pa quarante jours au ſoleil, eſt un baume pour toutes les douleurs de membres, de nerfs, & de jointures. Elle s’appli que tiede. Ib Fleurs de Bouillon-blanc. L faut piller les fleurs de Bouillonblanc, & les imbiber de vin blanc, qui les ſurnage de trois doigts, & les mettre fermenter à la cave trois ſemaines, puis il les faut exprimer, filtrer, & diſtiller au Bain. Cette eau appaile les douleurs de la goute, & de la podagre. Il en faut boire le matin un verre, & en baſſiner la partie malade, le plus chaud que l’on pourra. De la mefme eau, miſe un peu chaude dans la bouche, appaife la douleur des dents. Sa teinture eſt aſtringente : elle ar reſte le dévoiment ; & délayée dans des lavemens, referre. Charitable & facile. Fleurs d’Orange. ΙΟΙ Ovs mettrez vos fleurs d’Orange, fans autre preparation, dans une Courge de verre, & les preſſerez un рец, peu, afin qu’elles ne tiennent pas tant de place. Luttez bien le Chapiteau & le Recipient, de peur que les eſprits ne ſe ſe perdent diſtillez au Bain bouillant, juſques à ce qu’il ne monte plus rien. Tirez le Sel de la maſſe, & ranimez voftre eau, & l’expoſez au ſoleil, bouchée d’un parchemin percé, comme il a eſté dit.

Cette eau arrefte les ſuffocations qui proviennent de la matrice. L’on en peut prendre une once juſques à trois, dans lecommencement de l’accés. De plus, elle provoque les vomiffemens fans effort. Huile de fleurs d’Orange. Ovs ferez infuſer des fleurs d’OVOV range dans de l’huile de Ben, d’amandes douces, ou des quatre ſemences froides, tirée ſans feu dans un vaiſſeau de verre ; que l’huile ſurnage de E iij 102 La Chymie quatre doigts leſdites fleurs. Boucher voftre vaiſſeau, & faites voftre infuſion au ſoleil, ou au Bain tiede trois ou qua tre jours : apres leſquels vous paſſerez, & exprimerez voftre huile du marc d vos ficurs, & en remettrez de nouvelles & ferez comme au precedent. Reitere trois ou quatre fois, juſques à ce que voftre huile ſoit tres-odoriferante Vous l’expoſerez au ſoleil, comme il a eſté dit de l’huile de Roſes. LE Fleurs de Iafmin.’E AV & l’huile de fleurs de Iaſming ſe fait comme celle de fleurs d’O. ranges. CE Fleurs de Mille-pertuis. ETTE cau ſe tire comme les deux precedentes. L’huile ſe fait aufli de mefime, à la reſerve qu’il faut à celle cy de l’huile d’olive. Ses vertus font efcrites au Chapitre des Simples tendres. L’Fleurs de Febres.’E Av des fleurs de Febves le fait comme il a eſté dit de la fleur d’Oranges. Countable & facie. 103 CHAPITRE V I. Des Eaux de fruits, & la maniere de les diſtiller. I pas Pommes de Reinette. eſt juſte de commencer ce Chapitre par la Reine des fruits. Ce n’eſt fans raison que nos Anciens luy ont donné le nom de Renette. Elle a des vertus tres particulieres pour l’entretiende noftre ſanté, elle contribue à la rétablir. Vous coupperez vos pommes par tranches tres-minces, & en ofteret les pepins, & les mettrez lict ſur lict dans une Cucurbite de verre, que vous remplirez pour le plus des deux tiers. Luttez la Cape & le Recipient, & diſtillez au Bain bouillant, & continuez juſqu’à ce qu’il ne monte plus rien. Cette eau eſt agreable : elle rafraichit, & humecte elle eſt amie du poulmon : elle conferve l’embon-point ; fait dormir, defaltere, & tient le corps en bon E iiij

104

La Chymie eftat. L’on y peut adjoufter du ſucre, & en faire une Limonade. La doſe n’eſt point limitée ; car elle n’eſt point, nuiſible. Elle ofte les inflammations des yeux ſi on les en lave. Les feces, reſtantes apres la diſtilla. tion, cuites en confiftence d’extrait, & meflées avec partie égale de miel, font avancer les bubons, & apoftemes, Syrop de pommes de Renette cruës, tirées ſans feu. RENEZ. des pommes de ReinetPre, pelez-les, & les couppez pat tranches tres : minces, & les rangez dans un plat-baſſin. Couvrez-les de ſucre pillé, & les arroſez d’un peu d’eaurofe. Mettez le plat en lieu humide, & le placez de façon qu’il ſoit en panchant. Mettez un vaiſſeau deſſous pour recevoir la liqueur qui en dégoutera : en douze heures tout le fyrop fera tombé. Il eſt excellent pour les maux de gorge, & pour les maladies du poulmon. If humecte & rafraichit les chaleurs de la bouche, provenantes des ardeurs de la fiévre. Charitable & facile. 105 Fraifes. Es Fraiſes ſe diſtillent en deux maLnieres, au Soleil, & au Bain. Pour les deux operations, il faut piler le fruit, & le mettre fermenter à la cave. Celles que vous voudrez diſtiller au Soleil, vous les mettrez dans des vaiſſeaux, comme il eſt dit à l’Article du Syrop violat tiré ſans feu. Cette eau eſt bonne pour conſerver le teint, & pour ofter les taches du visage. L’autre maniere de diſtiller eſt au Bain. Cette eau eſt bonne contre toutes fortes de venins. Elle provoque les purgations, fortifie l’eſtomac, ſi l’on en boit un demy yérre au matin. Si on lave les yeux larmoyeux de cette eau, apres avoir eſté purgé, elle les deffeche, & arrefte la fluxion. Des poires & pommes de Coin. ETTE eau ſe tire comme celle des CETT pommes de Reinette. Elle eſt aſtringente : elle arrefte la dyſenterie, & la diarrhée. Elle conforte l’eſtomac, aide à la digeſtion. L’on peut faire marme Ev 106 La Chymie lade de ce qui reſte au fond du vaiſſeau, Apres la diſtillation, il y faut mettre da ſucre, & luy faire faire un ou deux boüillons. Elle eſt bonne pour les maux d’eſtomac. L’ef Groifeilles rouges.’E av de Groifelles ſe fait comme ✓ celle de Fraifes. Il faut fermenter, exprimer, filtrer, & diſtiller au Bain bouillant. Si vous mettez quatre pintes de ſuc dans la Cucurbite, vous en tirerez deux par la diſtillation : & dans les deux autres reſtantes, vous mettrez du ſucre cuit, & vous aurez une belle & excellente gelée. La vertu de l’eau eſt de rafraichir, & de defalterer. Elle excite le ſommeil, & humecte le poulmon. Ellé eſt bonne aux fièvres ardanres, & fort utiles dans les grandes chaleurs. Noix vertes. OVP PEZ les Noix vertes par tranches, & les mettez lict ſur lict dans voftre Cucurbite, que vous remplirez pour le plus des trois parts. Diftillez au Charitable & facile. 107 Bain bouillant, juſqu’à ce qu’il ne monte plus rien. Mettez l’eau au Soleil, bouchée d’un parchemin troüé d’épingles, pour diſſiper le flegme. Le temps de faire cette eau eſt dix ou douze jours apres la Saint Iean. Cette eau eſt un ſouverain remede contre la peſte, & contre les maux d’eſtomac, & de cœur. Elle provoque les ſueurs : elle diminuë l’ardeur des fiévres chaudes : elle guerit le mal caduc, les vertiges, ou tournoyements de teſte, la paralyſie. Elle rafraichit le foye, chaſſe les eaux.des hydropiques, büe avec le vin blanc, & un peu de crefine de Tartre. Si on continuë ſon uſage durant trente jours, elle détache les phlegmes, & humeurs viſqueuſes des inteſtins, & chaſſe les ventofitez. Elle tue les vers, en gargariſme. Elle ofte la corruption des genfives, & la pourriture des dents ; & rend l’haleine bonne exterieurement. En frottant les tempes, elle provoque le ſommeil. Elle eſt un ſouverain remede pour les playes, ulceres, contuſions, & contri bue à embellir le viſage, & ofte les taches du cuir : & l’on tient mefme qu’elle E vj 108 La Chymic… eſt admirable pour les abces, apofthe. mes, & fiſtules du dedans du corps. Sa doſe, pour l’ordinaire, eſt de deux i trois cuillerées. VO Fruicts Dalchichange. Ovs prendrez les fruits d’Alchichange qui font enfermez dans une petite cloche ; vous les pillerez, fermenterez, exprimerez, filtrerez, & diftillerezau Bain, juſques à ce qu’il ne diſtille plus rien. C’eſt un affeuré remede pour faire ſortir l’urine ſupprimée. Elle fait vuider le fable des reins, & de la veffic. Sa doſe eſt de deux onces jul ques à trois, dans un verre de vin blanc. Sa teinture, en confiftence d’extraict, priſe le poids de deux drachmes, fait les mefmes effects de l’eau. V Noifettes rouges. Ovs caſſerez vos Noifettes, & en prendrez les fruicts, que vous pillerez, & mettrez diſtiller feules, fi elles font vertes. Si elles font feches, vous leur donnerez pour menftruë de Charitable & facile. 109 T’eau de Noix vertes diſtillées, & les ferez infuſer vingt-quatre heures au Bain. Apres, diſtillez juſques à ſiccité. Exprimez les feces qui reſteront au fond fous la preſſe, pour en extraire T’huile. Cette eau eſt un affeuré remede contre la courte-haleine, en prenant matin & ſoir deux cuillerées avec un peu de ſucre Rofat. L’huile empefche les cheveux de blanchir, & les teinten blond, ſi on les en frotte pluſieurs fois. Melons, Citrouilles, Courges, G Concombres. Es eaux qui ſe tirent de ces quatre Lfruits, ont les mefimes qualitez & vertus. Elles ſe diſtillent d’une mefme maniere. Vous les coupperez par tranches, & en ofterez les ſemences, & diſtillerez comme les pommes. Ces eaux font rafraichiffantes. Elles arreſtent toutes fortes de flux, font dormir. Elles font bonnes pour tremper le vin dans les grandes chaleurs, & ne font pas ſi nuiſibles que la glace.Elles fervent 110 La Chymie à laver & purifier les gans, pour tenir les mains fraiches. Vo Meures. 1. O v’s procederez à la diſtillation des Meures, comme à celle des Fraifes : Cette eau eſt pour les maux de gorge, & pour laver les ulceres de la bouche. Elle affermit les dents, & reſſerre les genfives. Sa teinture, avec du ſucre, arrefte le dévoyement. La doſe eſt de trois ou quatre cuillerées. 1 CHAPITRE VII. “Des Teintures & extraicts. PRE Teinture de Reubarbe. ENEZ de bonne Reubarbe, & la couppez par petites tranches, & les mettez dans un uaiffeau de verre. Verfez deſſus de l’eau de Cichorée’ou d’Endive, qu’elle ſurnage de quatre’doigts. Bouchez voftre vaiſſeau, & le Charitable & facile. III mettez en digeſtion au Bain, juſqu’à ce que voftre eau ſoit teinte. Verfez par inclination voftreteinture, & mettez de nouvelle eau deſſus ce qui reſte dans vofter vaiſſeau. Faites infuſer comme au precedent, & continuez juſqu’à ce que voftre eau ne ſe teigne plus. Prenez toutes vos Teintures, & les filtrez, & les mettez dans une Cucurbite : retirez l’eau par diſtillation au Bain ; la Teinture demeurera au fond, que vous garderez pour vous en ſervir. Si vous en voulez former pillules ; vous la ferez evaporer en confiftence d’extraict. Quoy que les Teintures ſoient plus pures que les choſes d’où elles font extraites ; elles doivent neantmoins eftre priſes le mefme poids que devant leur purification ; dautant que plus les remedes font purifiez, & moins ils font violents. Les vertus de cette Teinture font de purger la bile, & la pituite tartarée & viſqueuſe du ventricule, & des parties voisines. C’eſt un specifique pour le foye. Il guerit la jauniſſe, & fortifie apres avoir purgé, c’eſt pourquoy l’on I12 La Chymie s’en ſert avec heureux fuccés dans les dyſenteries, diarrhées, & autres flux où il faut de l’aftriction. Teinture de Senné. TO T d’une mefme façon par infuſions’OVIES les Teintures s’extrayent & digeſtions ; mais les menftruës font differétes pour extraire celles du Senné. Prenez de l’eau de Fenoüil, Anis, Bugloffe, Bourrache, ou Cichorée, comme il vous plaira. Il n’eſt que trop connu que le Senné eſt le plus uſité de tous les remedes purgatifs ; mais il eſt plus ſingulier de ſavoir qu’il purge les humeurs bruflées & careufes, la bile & la pituite, ſoit dans le cerveau, ou dans le foye, ou la ratte, & mefme par un uſage continu, les parties les plus efloignées. Il excite quelquefois des tranchées il eſt à propos de le corriger avec de la Canelle, ou du Zingenvre.

Teinture, ou Fecule d’Agaric. ETTE operation ſe doit plutoft ap 1 Cpeller Fecule que Teinture, dautant qu’il ne rend aucune Teintu.c, & Charitable & facile. II3 a fort peu de liaiſon.Elle s’extraict comme celle de Reubarbe, avec eſprit de vin. Ses vertus font de purger la pituite ſubtile, & les humeurs viſqueuſes de tout le corps ; mais principalement des poulmons, du cerveau, & du mezen(tere. V Teinture de Safran… vs extrairez cette Teinture comme la precedente, avec eſprit de vin. Elle eſt amie du cœur, & du poulmon. Elle a une grande familiarité avec tous les autres vifceres, & particulierement avec la matrice. Elle ouvre, digere, & ramolit : appaife les douleurs, excite le ſommeil, provoque les mois, & aide à faire ſortir l’enfant. L’uſage de cette Teinture eſt tres-frequent dans l’apoplexie, les vapeurs de la matrice, la jauniſſe, l’aſthme, & dans toutes les maladies veneneufes, & malignes. La doſe eſt de cinq à ſix gouttes dans quelque cau convenable. 114 La Chymie Teinture d’Elebore noir.’ON ſe ſert d’eſprit de vin pour ex raire les Teintures des Mixtes diff ciles à penetrer. L’Elebore a beſoin d’un menſtrue penetrant, c’eſt pourquoy il faut que l’eſprit ſoit bon. Vous coupperez le bois par petites pieces, & pratiquerez comme vous avez fait cy-def fus. Ses vertus font de purger toutes les humeurs melancholiques, & par confequent toutes les maladies qui en proviennent, comme font la manic, la folie, les paſſions hypochondriaques, les vertiges, les cancers, la fiévre-quarte, Papoplexie, l’epileptie, les galles & grarelles noires, & autres maladies de mefme genre Mais il faut confiderer la force des malades auant que de s’en ſervir. Il eſt à propos de conſulter un prudent Medecin, dautant que le remede eſt violent. Teinture de Coloquinte. VOVs T Ovs coupperez les pommes de de Coloquinte, & vous vous ſervirez pour menftruë d’eau de RofmaCharitable & facile. IIS rin. Faites digerer au Bain comme aux operations, precedentes, juſques à ce que vos pommes ſoient diffoultes ; que vous exprimerez, & retirerez au Bain voftre eau de Rofmarin, la Teinture reſtera au fond du vaiſſeau. Elle a la vertu de tirer la pituite groffiere & vilqueufe des parties les plus profondes & efloignées du corps, comme du cerусли, des nerfs, & des jointures. Et pour cer effect elle eſt ordonnée aux vertiges, aux migraines, à l’apoplexie, & à l’epilepfie.La doſe eſt de ſix grains juſques à douze. Son uſage n’eſt que pour les perſonnes fortes & robuſtes, parce qu’elle eſt ennemie du ventricule, & des inteſtins. Teinture d’Aloës. METTEZ voftre Aloës dans un vaiſſeau de verre : verſez deſſus quelque eau aromatique, ou eſprit de vin, & procederez comme aux autres Teintures. Sa vertu eſt de purger & deffecher. Elle est chaude, à cauſe dequoy elle provoque les mois, & les hemortoïdes elle fortifie le ventricule, tuë

116

La Chymie les vers, & les chaſſe dehors ; empefche la pourriture & corruption. Elle nettoye,’conſolide, & fortifie. Elle est un inſigne remede pour les playes. Teinture de Gomme-gutte. Ovs extrairez cette Teinture comme deſſus, avec eſprit de vin. Elle a la vertu de chaſſer les ferofitez par haut & par bas, qu’elle tire de tout le corps, & les humeurs viſqueuſes & pourries. C’eſt pourquoy l’on s’en ſert dans les hydropiſies, & aux fiévres longues, aux galles & gratelles. La doſe eſt depuis ſix grains juſques à quinze. CHAPITRE VIII. Maniere d’extraire Eaux, Effences, Teintures, & Sels des Epiceries. Du Cloud de Giroffle. Es eaux & eſſences du Cloud de GiLES toffle, & de Canelle, ſe tirent d’une mefme façon. Voicy la maniere de Charitable & facile. 117 les extraire. Vous prendrez lequel il vous plaira, & le concaſſerez groffierement, & le mettrez dans une Cornue. Verfez de l’eau commune deſſus, qu’elle ſurnage de quatre doigts, & que le tiers de voftre vaiſſeau demeure vuide ; lequel vous boucherez, & mettrez en infuſion au Bain trois jours : apres lequel vous joindrez un Recipient à voftre Cornue, de telle forte que voſtre vaiſſeau qui diſtille entre librement dedans, & donne au milieu. Luttez bien le tout ; & lors que le lut fera ſec, diſtillez au feu de fable, & gardez les degrez du féu : lors que les trois parts de cau que vous aurez miſe deſſus feront diſtillées, ceſſez voftre operation, & laiſſez refroidir vos vaiſſeaux. Puis ſeparez l’huile d’avec l’eau par l’entonnoir. Laquelle huile eſt au contraire de celle de Sauge & de Rofmarin. Elle demeure au fond par ſa peſanteur : elle vient la’premiere par le vaiſſeau feparatoire. Vous la mettrez dans une phiole, que vous boucherez. Pour l’eau vous la rectifierez au Bain, dautant qu’elle ne vient pas claire, à cauſe que H8 La Chymie les ef la diſtillation par la Cornue eſt toûjours plus violente ; parce que prits n’ont pas.eu le temps de circuler. Vertus de l’Effence du Cloud de Giraffle.’ESSENCE de Giroffle fortifie la LE Tasure affoiblie, ſoit pour l’avoir trop ſurchargée par les excés du boire ou du manger, ou pour l’avoir fait pâtir, en ne luy donnant point d’aliment. Elle travaille par la digeſtion de l’un, & reſtaure les forces & chaleur naturelle, & donne de la vigueur qui feroit affoiblie par le manque de l’autre. De toutes fortes d’âges l’on peut tomber dans ces deux extremitez : c’eſt pourquoy elle eſt bonne aux vieux, & aux jeunes, lors qu’ils manquent de chaleur naturelle, & à toutes les maladies froides. La doſe eſt de trois à quatre gouttes dans du vin, ou en eau de Bugloffe, Bourrache, Meliffe, Chardon-benit, ou en ſon eau propre. Elle fortifie les membres refroidis, & les ranime. Elle aſſouplit les nerfs : clle ſert à faire de l’Hypocras, en mettant une Charitable & facile. 119 goutte ſur une pinte de vin, & autant d’eſſence de canelle, & du ſucre à difretion. D’une livre de cloud, quand il ft bon, & qu’il n’a point eſté alteré, ſon en peut tirer deux onces d’eſſence. L’eau de Giroffle a les mefmes cffects que l’Effence. Elle ſe prend en plus grande quantité, dautant qu’elle n’a pas tant de force. Sa doſe eſt d’une demie cuillerée juſques à une cuillerée. " Sa Teinture, qui eſt reſtée au fond de foftre vaiſſeau, a pluſieurs vertus. Elle peut ranimer les parties dénuées de chaleur naturelle, l’appliquant deſſus. Elle eſt bonne pour les gouttes froides & ſciatiques, & pour toutes les doueurs qui proviennent de froideur. II’en fait un baume avec de l’extraict de Mille-pertuis, & therebentine de Vehife ; le tout mis dans une phiole de vere double, bien bouchée, le quart de Yuide, expoſé quarante jours au Soleil. Ce baume guerit toutes les ulceres ; guerit la gangrene. Pour l’appliquer il lc faut chauffer. Vous tirerez du Sel de voftre Cloud. comme celuy des autres Simples. Son 1. 120 La Chymie uſage eſt bon pour les vieilles perfon nes, pris le poids de trois à quatre grains deux fois la ſemaine, dans quel que vehicule, comme bouillon, vin, ou fyrop. L₂ De la Canelle.

’ESSENCE de Canelle eſt ſouveraine

pour le cœur elle le réjoüit, & chaſſe la melancholie, priſe deux gout tes dans deux cuillerées d’eau de Me liſſe, une fois tous les mois. Elle facilite les accouchemens, & provoque les pur gations des femmes, priſe en eau d’Hyfope. Conforte le cerveau, rend l’haleine douce & fuaue en eau de Roſes ; cuit le phlegmegroffier, & le fait jetter dehors guerit les toües provenantes de froidure : fait revenir de ſyncope, priſe dans demy cuillerée de ſon eau. L’eau de Canelle ales mefmes vertus que l’Effence. Comme elle eſt plus commune, & qu’il ſe tire peu d’Effence, elle fuppléra au defaur. La teinture, le ſel, l’eau & l’eſſence reünis enſemble, avec un peu de therebentine ; letout mis dans une phiole, & expoſé

expoſé un mois au ſoleil, eſt un baume qui conſolide toutes fortes de playes, appliqué ſur l’eſtomac le fortihe. D’une livre de Canelle, l’on ne peut irer que ſix gros d’eſſence tout au plus. De la Mufcade. ☐ Ce A Mufcade ne ſe diſtille point, ſes eſprits font condenſez enſemble, &’ont point de facilité pour s’élever. que l’on appelle eſſence de Mufcade, eſt plutoft une teinture qu’une ef fence. Elle s’extraict en cette forte. Couppez partranche voftre Mufcade, & la mettez dans une Cucurbite de verre, & verſez de l’eſprit de vin deſſus : puis mettez un Chapiteau aveugle, & faites digerer au Bain à feu tiede, juf ques à ce que voftre eſprit ſoit coloré. Alors verſez-le par inclination, & remettez d’autre eſprit ſur les feces reſtantes au fond du vaiſſeau. Reiterez juſques à ce que voſtre eſprit ne tire plus de teinture. Prenez toutes vos teintures, & retirez voftre eſprit par la diſtillation du Bain ; l’eſſence, ou plutoft la teinture demeurera au fond. 122 La Chymie L’on fait extraction d’huile de Muſca de par l’expreſſion, comme l’on fait celle des Noix ; mais il s’en tire ſi peu, que je ne conſeille à perſonne de faire cette operation. Pour la teinture fufdi. te, elle a quantité de vertus : une gout te priſe dans une cuillerée d’eau ſu crée, fortifie la veüe & l’eſtomac ; priſe avec eau de Saulge ou de Fenoüil, elle chaſſe les vents ; en eau de Capres elle diſſipe l’enflure de la ratte ; en eau de Rofes, ou Meliffe elle corrige les puanteurs de l’haleine ; en eau d’Alchechage elle fait uriner ; appliquée par dehors elle eſt finguliere aux douleurs des nerfs & jointures ; elle diſſipe les dure.] tez qui proviennent de froidures. Du Poivre & Zinzembre. E Poivre eſt un fruit, & le ZinLE zembre une racine, deſquels il ne ſe tire que fort peu d’huile par la difti lation, non plus que par expreſſion ; mais bien par impregnation. Vous pillerez voftre Poivre groffierement, & coupperez voftre Zinzembre, & mettrez lequel il vous plaira infuſer dans Charitable & facile. 123 He l’huile d’amandes douces, ou huile d’olives, dans une phiole de verre au ſoleil, ou au Bain, & l’y laiſſerez juſques à ce que voftre huile ait attiré le gouft, & l’odeur de la choſe que vous aurez miſe. Sila premiere fois ne ſuffit, vous en remettrez d’autre, & coninuërez juſqu’à ce que vous ſoyez ſatisfait. Vous prendrez voftre Poivre, ou Zinzembre imbibé d’huile, & le diftilerez par la Retorte ; il en ſortira une huile qui affeurément aura le gouft de Ja choſe ſur laquelle elle aura eſté miſe :. Vous expoſerez cette huile au ſoleil. Si elle eſt tirée du Zinzembre, elle eſt thaude à l’eftomach, & le fortifie, & fa chaleur n’eſt point violente. Son uſage eſt meilleur que celuy du Poivre. Il faut uſer de l’un & de l’autre moderément. Ils ne fervent que de correctifs pour les remedes internes ; & par le dehors, ils échauffent les membres refroidis, & font meurir les bubons & apofthemes. F ij 124 Ta La Chymie CHAPITRE IX. Des Gommes & Raiſines. Therebentine. OVTES les Gommes & Raifines ſel diſtillent per Defcenfum, comme il eſt dit en ſon lieu. De quelques-unes l’on en extrait la teinture en la manicre que j’ay dir en l’extraction des Tein. tures. De toutes les Gommes raiſincu. ſes, il n’y a que la feule Therebentine qui ſe diſtille par la Cornue en cette maniere. Prenez de la Therebentine de Venife ; la plus blanche eſt la meilleure, & la mettez dans une Cornuë ; verſez de l’cau par deſſus, qu’elle ſurnage de deux doigts ; que voftre vaiſſeau, pour le plus, ne ſoit remply qu’à moitié. Adaptez une autre Cornue, & lutrez bien les jointures : diſtillez à feu doux, de peur que la matiere ne gonfle : continuez votre operation juſques à ce que vous voyez monter une huile roue. Alors changez de Recipient, & augmentez voftre feu, juſques à ce qu’il he monte plus rien dans voftre premier Recipient ; vous aurez une cau, & une eſſence que vous feparerez par un entonoir ; l’eſſence demeurera deſſus.Toues les deux ont mefme faculté, mais les doſes font differentes. L’eſſence ſe prend juſques à vingt gouttes ; & l’eau d’une demy cuillerée à une cuillerée. Elles lafchent l’urine ſupprimée, defchargent les reins ; & elles font bonnes pour les indiſpoſitions de poitrine. Elles appaifent la colique, aident à la digeſtion, priſes dans un vehicule convenable, comme vin blanc, & eau d’Hyfope. Pour l’huile rouge, qui eſt venuë la derniere, c’est un baume pour les playes nouvelles il les conſolide, il fait aſſouplir & rälonger les nerfs racourcis, & retirez par froideur. Il aide à la digeſtion mis ſur l’eſtomac. PREN Fleurs de Benjoüin. RENEZ la quantité de Benjoüin qu’il vous plaira, & le mettez dans Fiij

un Creufet qui ſoit de grandeur con venable accommodez un cornet de papier gris deſſus, de façon que le Creufet ſoit entouré par le haut dudit cornet. Pofez voſtre Creufet ſur un re chaut, & faites un feu doux. Et lors que vostre papier jaunira par bas, ceſſez voftre operation, & oftez voftre cornet, vous trouverez les fleurs fubli. mées au haut : abbattez-les avec une plume. Ses fleurs font bonnes pour les touxs inveterées : il en faut former tablettes en cette forte. Prenez une demic livre de ſucre, faites-la cuire en confiftence de tablettes, & y mettez une once de fleurs ; puis jettez ſur le marbre, & avec un couteau coupez vos tablettes en forme de lofenge. Autres Tablettes pour le poulmon.’AITES cuire du ſucre come il a eſté dit, &y adjouftez les choſes ſuivantes reduites en poudre ſubtile ; fleurs de Rofes de Provins demie once, muſcade, Iris de Florence, & Regliffe, de chacune une drachme : demic drachme de fleurs de Benjoüin, & trois drachmes de fleurs de Soufre, Vſez de toutes ces choſes, & en prenez ſoir & matin. De la Myrrhe & Encens. N’On peut tirer de ces deux Gom✓ mes une liqueur à laquelle on donhe le nom d’huile. Vous prendrez des œufs frais, que vous ferez durcir, puis. les couperez par la moitié, & en ofterez le jaune, & remplirez leurs places dc Myrrhe, ou d’Encens pillé, & réjoindrez les deux moitiez enſemble, & mettrez vos ceufs ainſi remplis dans un vaiſſeau de verre, que vous mettrez quarante jours dans du fumier de cheval : à la fin deſquels vous deffairez voftre vaiſſeau, & ofterez tous les œufs, & prendrez la liqueur qui fera au fond, que vous filtrerez. Cette liqueur a la vertu de conferuer de putrefaction, & eſt ſouveraine pour les douleurs. L’on en peut former paſtille qui rend une odcur fort agreable. Fiiij 128 La Chymie CHAPITRE X. Maniere de preparer, & d’extraire les huiles des Bois, Efcorces & Racines. Huile de Gaiac. OVPEz le bois de. Gaïac par petits morceaux, que vous mettrez dans une Cornue : verſez deſſus de l’eau commune, qu’elle ſurnage de deux doigts le bois ; que la Cornue pour le plus ne ſoit remplie qu’à moitié : mettez en digeſtion au Bain par trois jours, puis diſtillez à feu de roue, & gardez les degrez du feu ; l’eau & l’huile diſtilleront ensemble : vous feparerez l’huile d’avec l’eau par le vaiſſeau feparatoire. Toutes les huiles des Bois, Efcorces, & Racines s’extrayent en cette maniere ; quand on les diſtille verds il n’eſt point neceffaire de leur donner de menstruë. Les vertus de cette huile font d’exciter les ſueurs, priſes par la bouche ; & au dehors il eſt ſouverain aux vicilles ulceres eſtimées incurables. 1 Vertus de l’huile & efcorce de Frefne.’HVILE d’efcorce de Frefne attenuë, conſomme & ramolit les duretez de la ratte : elle eſt diuretique & chaſſe le fable des reins, priſe dans un vehicule approprié au mal. La doſe eſt de dix à douze gouttes. Vertus de Phuile de Buis. ETTE huile eſt narcotique, ou aſſoupiſſante pour cet effet l’on s’en ſert aux douleurs violentes des dents, en appliquant une goutte à la racine de la dent malade avec un curedent ; ſoit qu’elle ſoit gaſtée par corroſion, ou par des vers. Il y en a qui s’en fervent auſſi contre l’epilepfie. F v

CHAPITRE XI. Maniere de preparer les Fecules. Fecules de Brione.. RENEZ des racines de Brione, & les coupez, puis les pillez dans un mortier de marbre, & les exprimez fous la preſſe ; il en ſortira une eau efpoiffe & blanche, que vous mettrez dans une terrine douze heures à la cave ; Foute la blancheur deſcendra au fond de la terrine. Verfez l’eau de deſſus par inclination, & faites feicher la matiere blanche à douce chaleur. Si vos Racines font ſeiches quand vous les pillerez, vouslesimbiberez d’eau commune, & ferez comme deſſus, Toutes les fecules ſe preparent de cette forte. Les vertus de delle cy font de purger les humeurs fereufes & pituiteuſes ; elle degage les obſtructions du foye, & de la ratte ; fait vuider les eaux des hydropiques par haut & par bas ; provoque les mois, empefche les ſuffocations de matrice foulage les aſthmatiques, & ſert à la goutre, employée dedans & dehors. La doſe eſt de dix grains juſqu’à vingt, dans un bouillon, œuf, ou conferve.

Fecule d’Aaron, & de ſes vertus.

LLE purge la pituite visqueuse & gluante, & l’une & l’autre bile par levomiffement, & quelquefois par bas, mais avec quelque forte de violence. Elle ouvre les obſtructions de la ratte, du foye, & de la veſſie du fiel, & les chaſſe par les urines. La doſe eſt de ſix juſqu’à douze grains.

Fecule d’Iris, & de ſes vertus.

’ON ſe ſert principalement de l’Iris Lde ferentes, qui de de Florence, qui eſt chaude & feche au ſecond degré, pour faire Fecule. Elle inciſe & attenue les humeurs ; digere deterge & amolit ; aide à dégager la poitrine par les crachats ; fait ſortir les humeurs viſqueuſes & gluantes des poulmons : c’eſt pourquoy l’on s’en ſert F vj à l’aſthme, à la toux, aux mois arreſtez, aux tranchées de ventre des enfans : elle nettoye & oſte les taches & lentilles de la peau, meſlée avec Elebore & miel : il corrige la puanteur de l’haleine. La doſe eſt de dix juſques à quinze grains.