La Chandelle de Sixte-Quint,
ou Une aventure photographique
Chapitre XI
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Chapitre XI

Quand j’eus repris mes sens, je donnai sur la bouche de ma belle enfilée ce long baiser entremêlé de langues, baiser de reconnaissance du plaisir ressenti, donné par tout amant à la femme qui vient de se livrer à lui.

— Eh bien vrai, nous en faisons de jolies, dit-elle…

— Oh, après ce qui s’est passé avant…

— Oui, mais ce n’était que le simulacre, tandis que de ce coup…

Cette subtile distinction, établie par sa pudeur, ne me semblait pas bien sensible… Mon priape fut retiré de sa douce gaine. Instinctivement j’avais pris mon mouchoir pour étancher les derniers pleurs de l’amour qui ne manquent jamais de tomber sur les vêtements quand on fait ainsi l’amour tout habillé et surtout qu’une jouissance d’une intensité exceptionnelle a quintuplé la violence de l’ondée spermatique. J’oubliais que la chandelle de Sixte-Quint avait endigué jusqu’à la dernière goutte et que ma compagne, à l’abri de l’averse, n’avait à essuyer sur ses appas secrets que cette douce moiteur qui lubrifie le con d’une femme pendant un coït où elle a joui. Je lui présentai toutefois le linge et, me remerciant gentiment, elle le porta entre ses cuisses.

Tous ces détails sembleraient superflus s’ils n’avaient un but : celui de faire partager à mes lecteurs et à mes lectrices mon étonnement sans cesse renouvelé de rencontrer tant de distinction, de manières alliées à une perversité, à une impudicité capables d’inspirer les écarts auxquels elle se livrait avec une si charmante désinvolture.

Dans le cabinet où j’étais passé se trouvait tout le nécessaire pour la toilette. Mon vit y fut dévêtu de sa peau artificielle et la jeune femme vint m’y retrouver son pantalon à la main pour le remettre.

— Pas encore… lui dis-je en l’embrassant.

— Quoi ?… Vous voulez… encore…

— Oui ; tout à l’heure, quand nous serons seuls…

— Gourmand…

L’artiste rentrait à ce moment. Il nous déclarait que jamais cliché n’avait été si bien réussi pour l’expression. Et, en effet, le lendemain j’en vis des épreuves : impossible de peindre d’une façon plus saisissante le délire reflété par la physionomie d’un amant dans cette minute précise où s’élance son sperme… et l’extase de la femme qui en reçoit, en se pâmant, la brûlante ondée…