La Chandelle de Sixte-Quint,
ou Une aventure photographique
Chapitre IX
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Chapitre IX

Durant toutes ces postures à faire bander les pierres, la jeune femme semblait garder assez de sang-froid. Il est connu, du reste, que les dames savent mieux que nous résister à cette excitation suprême des sens, retenir leur coup, pour employer une expression imagée. Je ne savais encore si je pourrais consumer de suite avec elle le feu dont elle m’avait embrasé, mais je comptais que ce bonheur ne se ferait pas attendre. Nous reprîmes nos habits, je l’aidai à remettre sa chemise, son corset, ses jupons et enfin sa robe. Elle n’avait pas repris son pantalon.

— Puisque nos posons encore, dit-elle en riant, cela n’est pas nécessaire, je pense…

Quant à moi, je me rhabillai jusqu’à la redingote exclusivement. Ces soins de toilette calmèrent un peu mon ardeur ; et tous deux assis sur le sofa en attendant le retour de mon ami, nous n’avions nullement l’air de nous être livrés ensemble aux plus renversantes conceptions de l’impudicité.

— Vous allez bientôt être libérés, dit l’artiste reparaissant. Vous n’êtes pas fatigués ?… Mais vous devez être un peu excités… Prenez patience. Quand ce sera fini, je vous laisserai seuls ici…

Cette délicieuse perspective servit de palliatif momentané aux brûlantes ardeurs qui me démangeaient et dont l’extinction n’aurait guère pu être plus longtemps différée. Je frissonnai à l’idée de recommencer, sans contrainte, cette fois, tout ce que j’avais fait avec ma jolie compagne, mais en allant jusqu’au bout. — Après l’art, l’amour. — Pour le moment, c’est encore l’art qui va dominer la scène.

La jeune femme s’assied sur la chauffeuse, avance bien ses fesses en avant, puis, sur l’indication de mon ami, prend ses jupes et les retrousse le plus haut possible, exhibant ses jambes jusqu’à montrer ses cuisses et la mignonne fente poilue qui se trouve entre elles ; tableau déjà connu, mais dont le charme renaît sans cesse et tire un nouveau piquant, une nouvelle saveur, de son encadrement de jupons…

En impudicité, le retroussé l’emporte encore sur le nu. Mon ami ne faisait jamais le nu complet, mais priait toutes les jolies femmes qui voulaient bien poser devant lui à poil de garder leurs bas et leurs bottines ; semblable à ce lord qui ne voulait voir au lit auprès de lui ses maîtresses sans leurs bas et leurs jarretières. En effet, une femme dans une nudité absolue ne date pas ; son corps est celui d’une femme quelconque à une époque indéterminée, et la reproduction des parties secrètes nous émotionne moins ; c’est une question d’anatomie. Les gravures de Jules Romains nous laissent assez froids pour cette raison. Quelle différence quand une fine bottine chaussant le pied mignon, un bas moulant un joli mollet, une jarretière élégante le retenant au-dessus du genou et tranchant sur la peau de la cuisse nue, nous rappellent que cette femme est notre contemporaine, qu’elle vient de se déshabiller exprès pour se montrer nue et commettre les impudicités dans lesquelles elle ose s’exhiber, puis qu’ensuite, rhabillée, vous pourrez peut-être la coudoyer dans la rue, voire même la suivre, surtout s’il pleut et qu’elle laisse voir un peu sa jambe comme pour donner aux hommes l’envie de connaître le reste, qu’on se représente en la déshabillant du regard et qu’elle vient de livrer à l’indiscrétion de l’objectif. — Dans le retroussé, dans l’image d’une dame relevant ses jupons pour montrer ce qu’ils cachent de plus secret, les qualités recherchées dans un tableau lascif sont au moins aussi manifestes, car l’intention impudique y est absolument évidente… Que dire quand c’est l’original lui-même qu’on a devant soi ?…

Aussi, un désir irrésistible me fit encore me précipiter à genoux entre les jolies cuisses et coller ma bouche entre elles, transport qui nous valut l’obligation de poser ainsi de nouveau… Puis, sans plus tarder, nous nous mettons en devoir de poser pour l’acte naturel… Doucement j’introduis mon membre entre les lèvres du con que je viens de baiser… Ma compagne toute souriante se regarde enfiler et une plaque nous reçoit dans cette posture préliminaire suivie d’une autre où, saisissant sous mes bras les jambes de la jeune femme, j’enfonce mon membre jusqu’au poil, tandis qu’elle renverse sa tête dans l’attitude d’une pâmoison délicieuse…

Dès qu’a retenti le clapet de l’obturateur, elle quitte sa posture et se délivre de mon étreinte, quoique j’eusse bien mérité cette fois de la baiser jusqu’au bout, nos poses étant terminées. Mais je patientai encore, comptant sur le prochain départ de l’artiste qui nous laisserait seuls dans l’atelier. Et alors, plus de contrainte… Je la déshabillerais, je palperais son beau corps, je sucerais ses tétons. Donnant libre carrière à l’ardeur de mes sens, je la gamahucherais, je lécherais son beau con en toute liberté, la priant même de me rendre la pareille ; puis, enlacés dans une posture quelconque, je l’enfilerais et verserais dans son sein les flots de sperme qui bouillonnent en moi…

— Dites, vous resterez avec moi tout à l’heure, n’est-ce pas, lui dis-je. Vous voulez bien ?…

— Voyez-vous ça, polisson. Vous me désirez donc tant que cela ?

— Si je vous désire ?… Vous ne voyez donc pas quelle contrainte il m’a fallu pour ne pas vous posséder tout à fait quand je vous tenais avec vos deux jolies jambes sous mes bras.

— Si je ne vous avais pas repoussé, je crois que j’y passais.

— J’avais envie de vous violer.

— Ha, ha !… Je vous en aurais bien empêché ; on ne me viole pas ; je me livre à qui me plaît.

— Eh bien, cela vous plaît-il ? Dites ?

— Mais… oui…

— Ici ?

— Pourquoi pas ?

— Vous êtes charmante…

Et je collai sur ses lèvres ma bouche ardente, plongeant dans sa bouche ma langue que la sienne vint rejoindre aussitôt. Je sentis qu’elle aussi ne demandait pas mieux que de couronner toutes ces poses excitantes par une séance de jouissance à perdre l’âme…