La Chandelle de Sixte-Quint,
ou Une aventure photographique
Chapitre VI
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Chapitre VI

Notre séance n’était pas encore terminée et ce n’était pas une satisfaction momentanée des sens qui pouvait faire oublier à la jeune femme son rôle artistique. De mon côté, j’étais transporté de désirs inassouvis, enivré d’impudicité. Je comprenais alors la possibilité de figurer comme acteur dans ces orgies lues, sans trop y croire, dans certains livres, dans ces scènes où femmes et hommes en rut se donnent réciproquement le spectacle de leurs ébats jusqu’au coït inclusivement. — J’eusse fait devant l’univers les plus grandes cochonneries ; et la pensée de savoir mon image contemplée en des poses impudiques avec ma jolie compagne me causait une délirante émotion. Cependant mon ami avait pris à part ma compagne et semblait lui demander discrètement quelque chose. Elle l’écoutait en baissant les yeux et, je crois même, en rougissant. Quelle impudicité monstrueuse pouvait-il exiger d’elle qui pût colorer ses joues ?

— Allons-y, je veux bien ; aujourd’hui je suis disposée à tout, répondit-elle enfin.

— Vous êtes charmante, lui dit l’artiste. Puis s’adressant à moi : Inutile de vous demander si vous y consentez, n’est-ce pas ?

— À quoi ? dis-je.

— Vous allez voir… C’est un peu risqué pour une dame, mais avec vous, heureux mortel, on veut bien consentir à tout. Étendez-vous sur le sofa et que votre visage reflète bien l’état d’âme d’un homme traité comme vous allez l’être par la bouche d’une jolie femme.

Comme en un rêve je pris place sur le sofa. Ma chemise fut relevée par je ne sais quelle main, celle de l’opérateur ou celle de ma compagne. Toujours est-il que j’entrevis la jeune femme, à genoux, approcher son visage de mon priape bandant, le saisir de sa main fine et coller ses lèvres sur le bout…

— Parfait, dit mon ami, restez ainsi ; seulement un bécot d’abord au bijou des dames…

Quand la première plaque eut été tirée et une seconde mise en place :

— Maintenant allez-y franchement, corsons un peu la chose…

— Oui, dit simplement la jeune femme, suivant docilement l’avis donné, ouvrant ses lèvres et englobant sans hésiter tout mon gland dans sa jolie bouche…

On m’invita à ne plus la regarder fonctionner mais à prendre l’attitude expressive naturelle à tout homme en cette enivrante situation, et je n’eus pas besoin de simuler. — En proie aux plus violentes envies de lancer dans la bouche de ma jolie suceuse les flots de l’ondée spermatique, mais retenant mes désirs dans cette délicieuse phase qui précède la jouissance, je crispais ma main sur sa blonde chevelure, pour rendre plus intime le contact de sa bouche.

— Vous n’allez toujours pas jouir comme ça, dit-elle, s’arrêtant inquiète des soubresauts de mon vit dans sa bouche…

— N’ayez crainte, chérie…

— C’est qu’on aura encore besoin de vous dans ce bel état…

Je ne m’attendais guère à cette réplique dictée par un tout autre sentiment qu’un excès de pudeur. Confiante, elle se replongea dans la bouche l’arme amoureuse dont elle ne craignait plus la décharge intempestive et l’enfonça le plus avant qu’elle put, au moment fatidique où la voix de l’artiste réclama notre immobilité…

Quand ce dernier se fut retiré dans le cabinet noir, ma compagne tint absolument à ce que nous restions sages jusqu’à la nouvelle pose.

— Vous feriez comme moi, dit-elle, vous finiriez par jouir, et alors adieu la pose ; car si on vous voyait auprès d’une jolie femme dans des postures comme les nôtres sans qu’on pût constater l’effet que cela vous fait, cela ne serait flatteur ni pour vous ni pour moi…

— Puis-je espérer que le moment viendra où vous me dédommagerez ?

— Nous verrons cela ; je ne dis pas non ; mais en attendant, restons tranquilles jusqu’à ce qu’on n’ait plus besoin de nous ; trop de pelotage serait scabreux…

— Je vous obéis ; bien que je vous prie de croire que près d’une jolie femme comme vous mon ardeur ne serait pas longue à renaître.

— Vous êtes galant et je vous crois, mais il y aurait quand même un peu de temps perdu.

En attendant le retour de l’opérateur en train de développer ces clichés où ma compagne s’était laissé photographier me faisant la caresse réputée la plus impudique pour une femme, nous causions de tout, de son pays, du théâtre, des voyages, et je constatais qu’elle avait une conversation très intéressante. Aussi je me promis bien de ne pas en rester là, malgré la bizarrerie de notre rencontre.

Mon ami se déclara tout particulièrement satisfait des clichés qu’il venait de développer. Moi-même, lorsque je les vis plus tard, je les trouvai merveilleux. Il existe en effet un écueil, rarement évité pour la réussite d’une figure féminine ayant en bouche un membre viril. — Mais la besogne accomplie par la jolie bouche de ma partenaire n’avait en rien détruit l’harmonie de son visage. — Quant à moi, en dehors de l’étrange impression de me contempler avec elle photographié en de pareilles postures, de voir sur l’épreuve l’image de mon membre exhibé à l’air tout raide, dans la main ou la bouche de cette jeune femme, je constatai que je faisais assez bonne figure comme amoureux en activité.

Comme tout marchait si bien ce jour-là, et pour ne point laisser languir notre enthousiasme, nous fûmes priés de prendre la posture nommée 69, qui n’était en somme que la résultante naturelle de nos autres poses.