La Chandelle de Sixte-Quint,
ou Une aventure photographique
Chapitre V
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Chapitre V

L’obstacle était donc sauté, et sauté en gentille compagnie. Je me sentais tout autre ; il me semblait tout naturel d’avoir posé en tenue d’amour comme d’autres en tenue de chasseur, de cavalier. Et quand l’opérateur revint de son cabinet noir, c’est à peine si, tout débraillé, je songeai à cacher mon vit se cabrant dans une majestueuse raideur…

— Ce sera parfait, dit l’artiste ; c’est très bien venu. Maintenant, si vous êtes toujours disposés, nous allons continuer ; la lumière est bonne. Cette fois, nous allons corser la situation. Vous permettez, Madame, que Monsieur quitte son caleçon devant vous ?

— Allez-y, allez-y…

Je m’exécutai sans difficulté.

— Je vous demanderai, dit mon ami, de vouloir bien représenter une des stations de l’amour, et non une des moins goûtées des dames.

Prenant place sur la chauffeuse, la jeune femme est priée de relever sa chemise, d’écarter les cuisses et de bien avancer ses fesses sur le bord du siège. Quant à moi, deux mots m’indiquent que j’ai à prendre position entre ses jambes, dans un rôle que je brûle de remplir, la tête entre ses cuisses, la bouche sur le con charmant qu’elle offre à ma caresse… Mais il ne s’agit pas seulement de faire minette à ma jolie partenaire ; il faut que ma douce fonction soit bien apparente sur l’épreuve ainsi que l’effet physique produit sur mon membre par la besogne de ma langue. Docilement je suis les indications de l’artiste… Ma chemise relevée laisse constater mon érection ; ma tête légèrement appuyée sur une des cuisses de la dame permet de voir ma langue entrer dans la fente de sa vulve, tandis que, légèrement inclinée, elle me regarde faire en souriant. Après quelques allées et venues à la glace dépolie, quelques légères rectifications de pose, retentit le « Ne bougeons plus », et deux secondes après j’étais photographié faisant minette à une femme.

Sans tarder, un second cliché fut pris, moi dans la même posture, ma compagne cessant de regarder ma besogne pour renverser sa tête en arrière et prendre sa délicieuse expression d’extase. Autour de chacune de ses cuisses l’artiste avait disposé mes bras en cercle.

— Crispez vos doigts sur la chair, dit-il.

Recommandation suivie avant d’être faite, et superflue dans mon état de surexcitation.

— Ne bougeons plus !…

Immobile, bandant mon vit de toute ma force pour en empêcher les soubresauts durant la pose, la langue plongée sans mouvement entre les lèvres du con de ma compagne, j’entends jouer l’obturateur, puis enlever les châssis et l’artiste passer dans son cabinet noir.

Alors empoigné par une fougue érotique indescriptible, saisissant à pleines mains les fesses de ma partenaire, collant avec frénésie ma bouche sur sa vulve, je la lèche avec fureur… Sans souci du monde extérieur, du haut en bas j’arpente son con de ma langue qui le suce, s’y plonge frétillante et l’a bientôt enflammé du délire qui me possède. Ses reins se tordent, son cul s’agite…

— Assez, assez… Vous me faites jouir… soupire-t-elle.

Elle veut se retirer, mais elle est sans forces… et quelques derniers coups de langue la conduisent au bonheur.

— Oh, vous m’avez fait jouir, je n’ai pas pu résister…

Mon ami rentrait à ce moment…

— Restez ainsi, nous dit-il, c’est encore mieux. Quel groupe délicieux, quel mouvement !…

Et courant chercher une nouvelle plaque, il nous tira pour la troisième fois. Ce cliché-là, j’aidai à le développer.

— C’est merveilleux, me dit mon ami, comme sa figure sait prendre toutes les nuances de l’extase amoureuse ; ne dirait-on pas qu’elle vient de jouir véritablement ?…

Quant à moi, je savais à quoi m’en tenir pour cette fois-là.