La Chaîne des dames/Madame Delarue-Mardrus

G. Crès (p. 55-68).



LUCIE DELARUE-MARDRUS


Il se peut que Lucie Delarue-Mardrus aille un jour faire des conférences en Amérique. Je lui conseille, à ce moment-là, de souffler à son manager :

— Ne dites pas aux Américains que je suis une femme célèbre en mon pays, mais dites-leur que, de toutes les poétesses, je suis celle qu’on a le plus photographiée !

Cette simple déclaration, qui n’a rien à voir avec le talent, lui assurerait à l’avance des salles combles, car je me suis laissé dire qu’en Amérique, pour frapper la curiosité du public, il faut mettre le signe + devant quelque chose. Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/74 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/75 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/76 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/77 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/78 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/79 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/80 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/81 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/82 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/83 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/84 Page:Reval - La Chaine des dames.pdf/85 prochain, son impatience amoureuse et aussi le tourment de ses nuits solitaires !

Après des siècles, le trésor de Bayeux s’enrichit de broderies nouvelles. Reprenant la tâche de la reine Mathilde, une artiste d’aujourd’hui poursuit le vivant récit, son aiguille pique et pique la soie neuve sur la vieille toile des ancêtres. Mais ce ne sont plus combats d’hommes d’armes pour la conquête d’outre-mer qu’elle retrace avec orgueil et mélancolie, mais jeux charmants de l’amour ingénu, drames de la vie, songes et terreurs, rêves et enchantements de la Geste enfantine.

De la reine Mathilde nous ne savons rien, si ce n’est que le temps lui durait d’être sans époux !

De la reine Lucie, sa fille spirituelle, nous savons qu’elle est belle, qu’elle est bonne, douce et laborieuse, et prend son plaisir, sous les pommiers en fleurs, à sourire aux enfants, et, comme une mère, à leur tendre les bras.