La Catastrophe de la Martinique (Hess)/14

Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 73-74).


XIV

EN MARGE DE LA PLUIE DE FEU


M. Lasserre.


La limite d’action de la trombe gazeuse destructrice de Saint-Pierre a été notée sur plusieurs points.

MM. Lasserre et Simonet s’y sont trouvés sur la route du Morne-Rouge à la montée du Petit-Réduit.

Ils se rendaient en voiture au Morne-Rouge, quand, arrivés à la montée susdite, ils virent venir sur eux la trombe. Ils enlevèrent leur cheval au galop, criant et fouettant. Mais à peine avaient-ils fait soixante mètres que le phénomène était sur eux. Ils étaient brûlés, mais avaient néanmoins, la force de se sauver.

— C’était, disent-ils, comme si on leur avait jeté à la face un jet de vapeur mélangé de cendres.

Voilà leur seul souvenir. Car ils n’ont pas songé à observer le phénomène. Ils n’ont pas regardé. Ils fuyaient. Et cela se comprend.


M. Guillaume.


M. Guillaume, du Prêcheur, a vu distinctement le phénomène du 8. Sa maison est à une trentaine de mètres de la limite de la zone dévastée. Son parc à bœufs fut brûlé avec ses animaux et son bouvier.

Ses impressions : une grosse terreur.

Il a entendu comme une fusillade. Il a respiré une odeur de salpêtre.

Sa montre marquait huit heures cinq.

Le vent souffla du Nord, amenant des nuages de cendres chaudes, des petits gravats et des débris de feu. Cela dura une demi seconde.

Le ciel devint tout rouge. Puis deux minutes de pluie de cendres et une demi-heure de pluie de boue.