La Catastrophe de la Martinique (Hess)/08

Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 44-45).


CEUX QUI ONT VU


VIII

QUELQUES ENTRETIENS


Comment a été accomplie la destruction de Saint-Pierre ? Par quelle force ont été jetées sur le sol et incendiées ces ruines à travers quoi je viens de vous conduire en si lugubre promenade ?

J’ai bien vu le volcan jeter dans la nuit des nuages de fumée noire avec du feu. J’en ai vu s’allumer et rougeoyer le cratère. J’en ai vu descendre des coulées de laves, des torrents de boues fumantes et des vapeurs. Je l’ai vu cracher des cendres dont j’ai reçu la pluie…

Mais tout cela ne suffirait point à expliquer le broiement d’une ville et la mort des quarante mille personnes qui l’habitaient alors…

Pour savoir le phénomène destructeur, il fallait interroger ceux qui l’avaient vu le 8 et ceux qui avaient pu l’étudier immédiatement après…

C’est ce que j’ai fait. Témoins oculaires… Mais, entendons-nous sur ces mots « témoins oculaires » ; cela ne signifie pas témoins s’étant trouvés à Saint-Pierre au moment de la catastrophe. De témoins de ce genre, il n’y en a pas. Tout ce qui vivait à Saint-Pierre le 8 mai, à 7 h. 50 minutes du matin, mourut avant qu’il fût 7 h. 50 minutes et une demi-minute… absolument tout…

La cathédrale, 11 mai.

Les témoins oculaires, ce sont ceux qui se trouvaient aux limites du phénomène destructeur, sur mer ou sur terre, et dont quelques-uns furent grièvement brûlés, dont beaucoup même, moururent après une plus ou moins longue agonie.

Parmi tous ceux que j’ai entendus, voici les plus intéressants :