La Catastrophe de la Martinique (Hess)/07

Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 38-43).


VII

LE CRATÈRE


On a publié beaucoup de fantaisies, en Amérique principalement, sur le cratère.

Voici ce que j’ai vu, photographié et dessiné.

Une large fente ouvrant la montagne sur 2 à 300 mètres, suivant une ligne Nord-Est-Sud-Ouest.

Cette fente, partant du sommet en circonférence, sommet devenu un trou au milieu duquel pointait un cône paraissant écrêté, mais dont jamais on n’a pu voir entièrement l’extrémité, car elle est toujours dans les fumées ; à peine, dans les sautes de vent, il est possible d’entrevoir cette extrémité dont les bords ardents rougeoient comme bourgeonnent les bords acumineux d’un abcès en guérison.

Fumées de l’éruption du 26 mai.

Ce cône fait cheminée. Et il fume d’en haut. Il fume aussi de ses parois, qui sont trouées comme une écumoire.

Le cratère vu du Nord.
Le cratère vu du Sud.
Cratère vu du Nord-Ouest.
Le cratère vu du Sud-Ouest.

À certains moments, il fume comme les tas de bois recouverts de terre où l’on fait le charbon.

Et le trou dans quoi se trouve le cône fume aussi.

Fumées de l’éruption du 1er juin.

Mais le grand jet de fumées, celui qui monte parfois jusqu’à 3 kilomètres dans le ciel, tout droit, pour s’y étaler ensuite en nappe allant au vent, celui qui porte la cendre et les pierres, celui-là sort de la cheminée centrale du cône ; celui-là seul est le vrai jet du volcan. Et il n’y a réellement qu’un cratère. Son tube, sa cheminée, si je puis dire, s’est aminci, effrité, et cela a fait le trou du sommet d’où il pointe, et la crevasse par où coulent des laves et des vapeurs… Cela, je l’ai vu très nettement, plusieurs fois, et du plus près que l’on pouvait. Avant l’éruption du 6 juin, le cratère était ce que je dis, ce que j’ai dessiné, et pas autre chose. La secousse du 6 peut l’avoir transformé.