L. Hachette et Cie (p. 101-102).

XXXI

JACOB FAIT ANNONCER SON RETOUR À ÉSAÜ

(1729 ans avant J.-C.)



Jacob continua son chemin ; quand il ne fut plus qu’à une journée de route de la demeure d’Ésaü, il appela quelques-uns de ses serviteurs et leur dit :

« Allez au pays d’Édom, chez mon frère Ésaü, et dites-lui : Voici votre frère Jacob qui arrive. Il vient de chez Laban ; il ramène des serviteurs, des servantes, des ânes, des bœufs, des chèvres, des brebis, et il espère trouver grâce devant vous. »

Les serviteurs de Jacob partirent et revinrent lui dire : « Nous avons vu votre frère Ésaü, et voici qu’il vient lui-même en grande hâte au-devant de vous, accompagné de quatre cents hommes. »

À ces mots, Jacob eut peur ; et il divisa en deux bandes tout son monde et ses troupeaux, en disant : « Si Ésaü m’attaque, je perdrai la moitié de mes richesses, mais l’autre moitié que j’enverrai par un autre chemin, me restera pour faire vivre ma famille. »

Il pria le Seigneur de ne pas oublier ses promesses, de se souvenir que c’était d’après son ordre qu’il s’était mis en route pour retourner auprès de son père, et il le conjura de le délivrer de la colère d’Ésaü.

Ensuite il mit à part ce qu’il destinait comme présent à Ésaü : deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis, vingt béliers, trente chamelles avec leurs petits, quarante vaches, vingt taureaux, vingt ânesses et dix ânons.

Armand. Je trouve que Jacob donne beaucoup trop de choses à ce méchant Ésaü. Il aurait dû ne rien donner du tout.

Grand’mère. Il aimait bien mieux se priver d’une petite partie de ses richesses que de combattre son frère, qu’il pouvait tuer dans le combat, et affliger son père et sa mère qu’il aimait et qu’il avait quittés depuis longtemps. Il voulait que son retour amenât la joie chez ses parents, et non l’inquiétude et la tristesse. Il envoya séparément chaque troupeau d’espèces différentes, en les faisant marcher à quelque distance les uns des autres, et il ordonna à chacun des serviteurs qui accompagnaient les troupeaux, de dire à Ésaü, quand ils le rencontreraient : « Voici le présent que Jacob, votre serviteur, envoie à son frère Ésaü ; et lui-même vient après nous. »

Les troupeaux destinés à Ésaü marchèrent donc devant Jacob, et lui resta encore la nuit dans le camp ; pendant la nuit, il fit passer la rivière à ses femmes, à ses onze fils, à ses serviteurs et à ses troupeaux. Le gué de cette rivière s’appela depuis le Gué de Jacob.