L. Hachette et Cie (p. 63-66).

XVIII

SODOME ET GOMORRHE DÉTRUITES

(1869 ans avant J.-C.)



Les deux Anges qui avaient apparu à Abraham, vinrent à Sodome pendant que Lot était assis à la porte de la ville. Lot les ayant aperçus, se leva, vint à eux et les salua respectueusement. Il leur dit :

« Venez, je vous prie, Messeigneurs, dans la maison de votre serviteur et demeurez-y.

— Non, répondirent les Anges, nous n’irons pas chez vous ; nous demeurerons dans la rue. »

Lot les pressa de nouveau, parce qu’il savait combien les habitants de Sodome étaient méchants, et il craignait qu’ils ne fissent du mal à ces étrangers. Les ayant donc fait entrer chez lui, il leur prépara un repas, et ils mangèrent. Mais avant qu’ils se fussent retirés pour dormir, la maison de Lot se trouva entourée des habitants de la ville ; ils appelèrent Lot et lui dirent : « Où sont ces hommes qui sont entrés chez vous ce soir ? Faites-les sortir, afin que nous les emmenions. »

Lot sortit pour leur parler, et il eut soin de bien fermer la porte de sa maison.

« Je vous prie, leur dit-il, laissez ces hommes tranquilles ; ils sont venus chez moi pour y être en sûreté, et je ne puis vous les livrer. »

Mais les habitants de Sodome se mirent à injurier Lot, qui continuait à leur refuser l’entrée de sa maison et les étrangers qu’ils voulaient avoir pour les tuer. Ils se jetèrent alors sur Lot, pour briser la porte et entrer de force dans sa maison. Au moment où la porte allait être brisée, les deux Anges l’ouvrirent, prirent Lot par la main, le firent entrer et refermèrent la porte.

Au même instant, tous ces méchants hommes devinrent aveugles par ordre du Seigneur, de sorte qu’ils ne pouvaient plus trouver l’entrée de la maison.

Les Anges dirent ensuite à Lot : « Prends tout ce que tu as de précieux ; emmène tes parents qui demeurent chez toi, et sors de la ville, car nous allons détruire Sodome et toutes les villes environnantes avec leurs habitants, à cause de leurs crimes que le Seigneur ne peut plus supporter. »

Lot alla chercher sa famille, mais tous refusèrent de sortir, se moquant de lui et des menaces des Anges. Lot différait toujours son départ ; enfin, les Anges lui ayant ordonné de s’en aller immédiatement, avec sa femme et ses deux filles, ils le prirent par la main et le conduisirent hors de la ville. La femme et les deux filles de Lot le suivirent.

Valentine. Et si les méchants habitants les avaient rencontrés, ils les auraient tous tués.

Grand’mère. Non, puisqu’ils étaient tous devenus aveugles. D’ailleurs, ils avaient les Anges pour les protéger.

Lorsqu’ils furent en dehors de la ville, les Anges dirent à Lot :

« Va, conserve la vie que le Seigneur vient de t’accorder en faveur d’Abraham et en récompense de ton hospitalité envers nous ; ne regarde pas derrière toi, le Seigneur vous le défend à tous ; et allez jusqu’au haut de la montagne, où vous serez en sûreté. » Mais Lot, craignant de ne pouvoir arriver sans accident jusqu’à la montagne, et se croyant plus en sûreté dans une ville, obtint des Anges la permission de s’arrêter dans la petite ville de Ségor. Les Anges lui accordèrent d’épargner cette petite ville à cause de lui, et ils disparurent. Lot continua son chemin avec sa femme et ses filles. La femme de Lot, entendant un bruit horrible derrière elle, se retourna malgré la défense des Anges ; elle vit toute la terre en feu et fut immédiatement frappée de mort, se trouvant changée en une statue de sel.

Jeanne. Pauvre femme ! c’était une punition bien sévère pour une minute de curiosité.

Grand’mère. C’était la juste punition de sa désobéissance. Elle était la femme d’un homme juste ; elle devait donc connaître la bonté de Dieu, mais aussi combien il avait puni sévèrement la désobéissance d’Ève ; elle était donc plus coupable que ne l’eût été une autre qui eût ignoré la loi du Seigneur.

Lot et ses filles continuèrent leur chemin jusqu’à la petite ville de Ségor, où ils passèrent la nuit. Le lendemain, ils virent que tout le pays d’alentour avait été détruit par une pluie de feu ; Sodome, Gomorrhe et deux autres villes n’existaient plus ; et dans tout le pays environnant, la fumée sortait de terre comme d’une immense fournaise.

Françoise. Est-ce que la femme de Lot changée en statue de sel était vraiment du sel ?

Grand’mère. Oui sans doute ; au moment même où elle avait désobéi, elle avait été bien réellement changée en statue de sel, et morte par conséquent. — On trouve dans l’Histoire sainte beaucoup d’événements que nous ne comprenons pas bien, mais qui nous font voir comment Dieu punit sévèrement le péché, le mal volontaire. Quand Lot vit que tout brûlait autour de Ségor où il s’était cru si bien en sûreté, il eut peur et il se réfugia avec ses filles sur le haut de la montagne, ayant reconnu la sagesse du conseil de l’Ange. Il y trouva une caverne, où il s’arrêta avec ses filles.

Petit-Louis. Et de quoi vécurent-ils ? Ils n’avaient rien à manger.

Grand’mère. Ils avaient certainement emporté de quoi vivre pendant deux ou trois jours ; et il ne leur fallait pas plus de deux jours de marche pour aller chez Abraham et s’établir ailleurs.

Petit-Louis. Mais Abraham demeurait très-loin.

Grand’mère. Non, pas très-loin, peut-être à six ou huit heures au plus, puisqu’Abraham, en se levant le lendemain de la destruction de Sodome, vit le pays en feu ; il est probable qu’il envoya des serviteurs au-devant de son neveu pour l’amener chez lui.