L. Hachette et Cie (p. 358-361).

CXL

JUGEMENT DE SALOMON

(913 ans avant J.-C.)



Après le festin, deux femmes de mauvaise vie vinrent trouver le roi, et lui demandèrent de juger entre elles.

« Je vous prie, mon seigneur, dit une des femmes, de me faire justice. Nous demeurions, cette femme et moi, dans la même chambre. Je suis accouchée d’un fils ; trois jours après, elle aussi est accouchée d’un fils. Nous étions seules dans cette maison.

« Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu’elle l’a étouffé en dormant. Elle s’est levée dans l’obscurité, et, pendant Le jugement de Salomon.
que je dormais, elle m’a ôté mon fils qui était à côté de moi, et elle a mis à la place son fils qui était mort.

« M’étant éveillée le matin pour donner à téter à mon fils, j’ai vu qu’il était mort. Je l’ai examiné attentivement au grand jour, j’ai reconnu que ce n’était pas le mien. »

L’autre femme répondit : « Ce n’est pas vrai ce que tu dis ; c’est bien ton fils qui est mort, et le mien qui est vivant. »

La première répliquait : « Tu mens ; car c’est mon fils qui est vivant, et le tien qui est mort. »

Elles continuaient à se quereller ainsi devant le roi. Alors Salomon les fit taire, et dit :

« Celle-ci dit : Mon fils est vivant, le tien est mort. Et l’autre répond : Non, c’est ton fils qui est mort, et le mien qui est vivant. » Le roi ajouta : « Apportez-moi un glaive. » Lorsqu’on eut apporté un glaive, le roi dit à ses gardes : « Coupez en deux cet enfant qui est vivant, et donnez-en une moitié à l’une et une moitié à l’autre. »

Valentine. Mais c’est un abominable jugement, cela ! Je ne vois pas que Salomon ait une grande sagesse.

Grand’mère. Attends ; tu vas voir ce qui va arriver, et ce que Salomon avait prévu dans sa sagesse.

Quand les femmes entendirent ce jugement, la vraie mère se précipita sur l’enfant, et dit au roi, avec une grande émotion :

« Seigneur, donnez à cette femme l’enfant vivant, et ne permettez pas qu’on le tue. »

L’autre femme disait, au contraire, avec calme : « Que l’enfant ne soit ni à elle ni à moi ; qu’on le divise. »

Alors le roi prononça ce jugement : « Donnez l’enfant vivant à cette femme qui ne veut pas qu’on le fasse mourir, parce que c’est la vraie mère. »

Tous ceux qui connurent ce jugement du roi admirèrent sa sagesse, et virent que l’esprit du Seigneur était en lui.