CXXXIX

SALOMON ÉPOUSE LA FILLE D’UN PHARAON D’ÉGYPTE
IL DEMANDE À DIEU LA SAGESSE

(913 ans avant J.-C.)



Salomon, se voyant bien affermi sur son trône…

Gaston. Comment affermi ? Est-ce qu’il ne se tenait pas bien dessus au commencement ?

Grand’mère, souriant. Non, cher petit ; affermi sur son trône veut dire solidement établi roi, sans que personne lui fit la guerre pour avoir un autre roi.

Salomon pensa donc à épouser une fille de roi pour se faire une alliance, c’est-à-dire des amis, des soutiens dans un royaume puissant. Il avait vingt ans, et il demanda en mariage la fille de Pharaon, roi d’Égypte.

Paul. Comment ! Pharaon vivait encore ? le même que celui de Moïse ?

Grand’mère. Non, cher enfant ; celui-là aurait eu plus de cinq cents ans. Je crois vous avoir dit qu’en Égypte on appelait les princes régnants des Pharaons, comme nous disons les rois et les empereurs. Le Pharaon avec lequel Salomon fit alliance, en épousant sa fille, était le dix-septième ou le dix-huitième roi ou Pharaon d’Égypte, depuis Joseph, fils de Jacob.

Salomon ramena donc sa femme dans la maison de David, qui était dans Jérusalem. Il avait déjà commencé à bâtir son propre palais et les murs qui devaient entourer toute la ville.

En attendant que ces grands travaux fussent achevés, le tabernacle restait toujours à Gabaon, sur le sommet de la plus haute montagne, près de Jérusalem. En revenant d’Égypte, Salomon alla à Gabaon pour offrir au Seigneur mille victimes en holocauste.

La nuit suivante, le Seigneur apparut à Salomon en songe, et lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras, je te le donnerai. »

Salomon lui répondit : « Seigneur, vous avez usé d’une grande miséricorde envers David, mon père, votre serviteur. Vous avez conservé son trône dans sa maison, puisque je règne par suite de votre grande bonté. Je suis jeune et sans expérience. Je vous supplie donc de me donner la sagesse, afin que moi, votre humble et pauvre serviteur, je puisse juger votre peuple, et discerner entre le bien et le mal. »

Le Seigneur dit à Salomon : « J’agrée ta demande, parce que tu n’as pas désiré de vivre longtemps sur la terre, que tu n’as demandé ni les richesses, ni la gloire, ni l’abaissement de tes ennemis, mais parce que tu m’as demandé la sagesse pour discerner ce qui est juste, je te l’ai accordée ; je te donne un cœur si plein de sagesse et d’intelligence, qu’il n’y aura jamais eu d’homme qui t’ait égalé, et qu’il n’y en aura jamais après toi qui puisse l’égaler. Je te donne même, en plus de ce que tu m’as demandé, les richesses et la gloire de sorte qu’aucun roi n’aura jamais été semblable à toi dans tous les siècles passés. Si tu continues à suivre mes lois, à garder mes préceptes et mes commandements, comme ton père les a gardés, je te donnerai encore une longue et heureuse vie. »

Quand Salomon se réveilla, il réfléchit au songe que lui avait envoyé le Seigneur. Il alla à l’Arche d’alliance, il offrit un sacrifice magnifique, et il donna un grand festin à tous ses serviteurs.

Armand. Grand’mère, si ce n’était qu’un songe, Salomon n’avait pas besoin de tant faire de réjouissances.

Grand’mère. Cher enfant, Salomon sentait en lui-même un tel changement dans son esprit qu’il vit bien que ce songe était une réalité, et que le Seigneur lui avait réellement donné la sagesse et l’intelligence qu’il avait demandées. Il eut peu d’heures après une occasion d’exercer son jugement.