L. Hachette et Cie (p. 362-366).

CXLI

PALAIS DE SALOMON
IL COMMENCE À BÂTIR LE TEMPLE DE DIEU

(910 ans avant J.-C.)



Salomon étant marié organisa sa maison, c’est-à-dire le service de son palais. Il nomma douze grands officiers : le premier de tous était Azarias, petit-fils du grand prêtre Sadoc ; puis, Banaïas, général de toutes les armées d’Israël.

La fourniture des choses nécessaires à la table du roi et de sa maison était sous la surveillance de douze officiers. Tous les jours on consommait dix bœufs gras, vingt bœufs ordinaires, cent moutons, et une quantité considérable de cerfs, de chevreuils, de gibier sauvage et de volailles.

Douze officiers étaient chargés des écuries du roi, qui avait quarante mille chevaux de chariot et douze mille chevaux de selle.

Petit-Louis. Quelle quantité de chevaux ! Qu’est-ce qu’il pouvait faire de tout cela ?

Grand’mère. Ces chevaux ne servaient pas tous au roi : les officiers, les serviteurs, les hommes de service en faisaient usage pour tout ce qui était nécessaire à la nourriture et au service des hommes et des bêtes. Ainsi tu juges ce qu’il fallait transporter tous les jours de paille, de foin, d’avoine, de son, d’orge, pour la nourriture de cinquante mille chevaux ; et puis la farine, le pain, etc., pour tant de monde attaché au service de la maison.

Salomon s’occupait de tous les détails du gouvernement du royaume ; il composait aussi de très-beaux livres, qui se répandirent dans le monde entier ; il composa trois mille paraboles et cinq mille cantiques, dont cinq seulement nous sont restés ; ils avaient été inspirés par le Saint-Esprit.

La réputation du roi Salomon s’étendit dans tous les pays voisins ; de tous côtés on venait le consulter sur des affaires et des travaux de toutes sortes.

Un jour il reçut des ambassadeurs de Hiram, roi de Tyr, qui lui demandait son amitié et son alliance, comme il l’avait eue du temps du roi David.

Salomon lui fit dire : « Vous savez le désir qu’avait eu mon père de bâtir un temple au Seigneur son Dieu ; il n’a pas pu l’exécuter à cause des ennemis qui lui ont fait la guerre et qu’il a tous vaincus avec l’aide du Seigneur.

« Maintenant le Seigneur m’a donné la paix ; il n’y a plus d’ennemi qui ose m’attaquer, C’est pourquoi je veux exécuter le vœu de mon père et bâtir un temple au Seigneur. Donnez donc ordre à vos serviteurs qu’ils coupent pour moi des cèdres du Liban et des pins ; j’enverrai mes serviteurs pour aider les vôtres, et je récompenserai vos ouvriers comme vous me le demanderez, car je sais qu’il n’y a personne parmi mon peuple qui sache couper et travailler le bois aussi bien que vos sujets, les Sidoniens. »

Hiram, avant entendu ces paroles du grand roi Salomon, en eut une grande joie ; il dit : « Béni soit le Seigneur Dieu qui a donné à David un fils très-sage pour gouverner un si grand peuple. »

Jacques. Pourquoi donc Hiram se réjouit-il tant de ce qu’on lui demande du bois ? En quoi trouve-t-il tant de sagesse à acheter des arbres dont Salomon avait besoin ?

Grand’mère. Hiram se réjouit, parce que son peuple aurait pendant longtemps du travail bien payé. Il se réjouit aussi de vendre son bois à un souverain comme Salomon, qui avait une grande réputation de générosités Il trouve Salomon très-sage d’avoir rendu justice au talent des Sidoniens, et d’avoir, ainsi, bien disposé en sa faveur Hiram et tout un peuple.

Le roi Hiram envoya dire à Salomon : « J’exécuterai tout ce que vous désirez pour les bois de cèdre et de pin. Mes serviteurs les porteront du Liban jusqu’au bord de la mer. Je ferai mettre le bois sur des radeaux pour les transporter jusqu’au lieu que vous m’indiquerez ; je les y ferai débarquer, et vous aurez soin de les faire prendre. Pour payement vous me ferez donner ce qui me sera nécessaire pour nourrir toute ma maison. »

Salomon envoyait donc chercher tout le bois que lui faisait amener Hiram. Il lui envoyait tous les ans, en payement, vingt mille grands sacs de farine et vingt mille tonneaux d’huile très-pure. Salomon et Hiram firent alliance, et demeurèrent toujours en paix et en bonnes relations d’amitié.

Petit-Louis. Il me semble que le roi Hiram ne devait pas être bien nourri avec de la farine et de l’huile. Pour un roi c’est un peu misérable.

Grand’mère. Il avait certainement d’autres aliments ; la farine était seulement pour faire le pain nécessaire à la maison d’Hiram, et l’huile pour les pâtisseries qu’on pétrissait dans ce temps avec de l’huile au lieu de beurre.

Le roi Salomon fit choisir, dans son royaume, trente mille bons ouvriers. Il en envoyait au Liban dix mille tous les mois, et on ramenait les dix mille qui y avaient déjà travaillé pendant un mois ; de cette façon les ouvriers ne restaient pas longtemps séparés de leurs familles ; ils passaient au Liban quatre mois par an en quatre saisons différentes.

Salomon avait en outre soixante-dix mille ouvriers moins habiles, pour porter les fardeaux et les matériaux nécessaires à la construction du temple ; ensuite, quatre-vingt mille maçons et tailleurs en pierres, et trois mille trois cents surveillants ou chefs qui dirigeaient les travaux.

Marie-Thérèse. Quelle quantité de monde ! tout cela pour bâtir un seul temple !

Grand’mère. Oui, mais ce temple devait être le plus beau, le plus magnifique, le plus riche du monde entier ; c’était le temple du vrai Dieu ; et Salomon voulait que tout y fût d’une beauté merveilleuse ; les pierres mêmes devaient être en marbres les plus précieux qu’on apportait tout taillés, tout polis, de sorte qu’il n’y avait plus qu’à placer les pierres les unes sur les autres, et qu’on n’était importuné par aucun bruit de marteaux ni autres outils.

On commença à bâtir le temple quatre cent quatre-vingts ans après la sortie d’Égypte du peuple d’Israël, la quatrième année du règne de Salomon.

Le sanctuaire de ce temple avait quarante mètres de longueur, environ quinze mètres de largeur et vingt mètres de hauteur. Le vestibule, ou première entrée, avait quinze mètres de longueur.

Jacques. Je ne trouve pas que ce soit très-grand pour un si beau temple.

Grand’mère. Mais ce n’était que le sanctuaire, le saint des saints ; il y avait ensuite les salles du temple qui étaient immenses. Tout autour du sanctuaire on bâtit, jusqu’à la hauteur des fenêtres, des galeries et des salles pour le service du temple et pour les diverses réunions et cérémonies.

Le sanctuaire était tout entier recouvert intérieurement et extérieurement de lames ou feuilles d’or, rattachées avec des clous d’or. La charpente et la menuiserie étaient en bois de cèdre. Tout l’autel était recouvert d’or le plus pur.

Dans une des salles, qu’on appelait l’Oracle, qui était avant le sanctuaire, et qui formait une partie du temple intérieur, Salomon fit faire deux immenses chérubins en or ; ils avaient les ailes étendues ; ils touchaient le mur par le bout d’une de leurs ailes, et ils se touchaient du bout de l’autre aile.

Paul. Mais alors on ne pouvait pas passer ?

Grand’mère. Pourquoi cela ?

Paul. Parce qu’ils bouchaient le passage avec leurs ailes.

Grand’mère. Pas du tout ; ils étaient placés très-haut, et on pouvait passer dessous.

Salomon fit faire aussi une quantité considérable de chérubins et d’ornements sculptés pour les autres parties du temple ; tout était en or ou recouvert de plaques d’or, au dehors comme au dedans ; les portes, les pavés même sur lesquels on marchait étaient en or.

Henriette. Grand’mère, tout cela était certainement magnifique, mais il me semble que ce ne devait pas être joli.

Henri. Comment, pas joli ? Tout cet or qui brillait partout devait être charmant, surtout au soleil.

Henriette. Non, pas charmant ; magnifique, superbe, brillant, oui ; mais joli, non.

Henri. Mais qu’appelles-tu donc joli ?

Henriette. J’appelle joli, ce qui est agréable, ce qui plaît à regarder. Et vous, Grand’mère, est-ce que vous ne trouvez pas cela ?

Grand’mère. Je trouve, chère enfant, que tu as raison en général ; mais pour le temple de Jérusalem, Salomon n’avait pas cherché à faire une chose jolie, mais d’une magnificence merveilleuse, pour faire honneur à Dieu, pour exciter le respect et l’adoration de ceux qui venaient prier dans le temple, pour y attirer du monde, afin que le Seigneur fût plus honoré et visité dans sa demeure. Et puis l’or a toujours été le symbole, c’est-à-dire la figure, de ce qu’il y a de meilleur, c’est-à-dire l’amour. L’argent, à cause de sa blancheur, est le symbole de l’innocence.