La Compagnie de Publication de la Revue Canadienne (p. 37-58).

IV


Élisabeth Moyen appartenait à une famille considérable. Son enlèvement avait consterné toute la colonie ; aussi la joie fut vive à l’hôpital ; et ce soir-là, tout en donnant aux blessés les soins ordinaires, Jeanne Mance pensa beaucoup à la frêle et touchante enfant que la Providence venait de jeter entre ses bras. Son cœur s’était ouvert à une tendresse inconnue et, rentrée dans sa chambre, elle resta quelques instants à regarder la cloison qui la séparait de l’orpheline.

Pauvre petite ! la Vierge l’a gardée, se disait-elle avec émotion. Elle dort sans doute profondément, ces voyages en canot sont si fatigants.

Mais dans son lit blanc et frais, Élisabeth Moyen ne dormait pas.

Un charme céleste l’enlevait au sentiment de la fatigue.

Tous les événements de sa courte vie passaient et repassaient devant ses yeux fermés ; mais une douceur merveilleuse se mêlait aux poignants souvenirs et ses larmes coulaient douces, intarissables. Sans ces bienheureuses larmes, il lui semblait que la joie l’aurait tuée.

Le nom de Lambert Closse était célèbre dans la Nouvelle-France. Maintes fois, Élisabeth avait entendu parler de ce brave entre les braves et elle trouvait un bonheur étrange à revivre les quelques minutes qu’elle avait passées seule avec lui. Il lui semblait sentir toujours le contact de cette virile main qui s’était refermée sur la sienne, et à la pensée que le héros avait failli être scalpé pour elle, tout son cœur se fondait d’attendrissement et de délices.

Elle souffrait cruellement de n’avoir pas su le remercier.

Pendant qu’ils marchaient ensemble, qu’ils attendaient à la porte de l’hôpital, alors qu’elle était seule avec lui, c’était si facile !…

Comme il l’avait doucement plainte ! Il lui semblait sentir encore son regard — et dans ce regard qui devenait si terrible, disait-on, elle avait vu une compassion si tendre… Qu’avait-il pensé en voyant qu’elle ne trouvait pas un mot pour lui dire sa reconnaissance ?… L’avait-il crue ingrate ?… l’avait-il crue sotte ?

La nuit se passa dans ces agitations et ces douceurs étranges.

Un profond silence régnait dans l’hôpital. Mais quelques gémissements, de longs soupirs arrivaient parfois jusqu’à la jeune fille. Alors elle ne tardait pas à entendre Mlle  Mance se lever doucement ; elle la suivait de la pensée dans la salle des malades entrevue la veille. Il lui semblait entendre sa douce voix, sentir encore le contact de ses doigts fins et purs pendant qu’elle lavait son visage endolori.

Élisabeth s’endormit vers l’aube ; quand elle s’éveilla, la matinée était fort avancée.



Comme si elle eût craint que sa délivrance ne fût qu’un songe, elle resta quelques instants sans ouvrir les yeux ; puis elle promena un long regard autour de la chambre. Entre les volets fermés quelques rayons de soleil passaient, rayant de bandes lumineuses les murs blanchis à la chaux.

Élisabeth joignit les mains avec extase et ses larmes recommencèrent à couler délicieuses, inépuisables.

Cette eau du cœur lui mettait dans les yeux des rayonnements, des éblouissements. La petite chambre, pauvre et nue, lui parut charmante, la haute palissade qui interceptait la vue, ne lui sembla point triste. Tout se revêtait à ses yeux d’une beauté étrange, d’un charme inconnu, et Mlle  Mance qui entra doucement, la trouva rayonnante.

Comme la veille elle lava avec grand soin le visage de l’enfant.

— Que dites-vous de ce rideau ? demanda-t-elle gaiement, montrant la palissade… Vous ne trouvez pas ces grands pieux tristes ? Tant mieux !… quand vous voudrez regarder ce pays vert… voir un peu ce qui se passe à la Pointe, vous monterez au grenier.

Elle la fit passer dans sa chambre où un réconfortant déjeuner l’attendait. Élisabeth y fit honneur ; mais deux portraits suspendus au mur attiraient souvent son attention. L’un représentait un homme en robe rouge bordée d’hermine, l’autre, une femme élégante et frêle.

« Mon père et ma mère morts depuis longtemps déjà, » dit Jeanne Mance.

Elle avait pris du vieux linge dans un chiffonnier à nombreux tiroirs, et ses mains délicates, durcies aux rudes travaux, préparaient de la charpie.

Des années auparavant, quand cette prédestinée aux héroïques sacrifices, secrètement attirée vers le Canada, avait quitté sa ville de Nogent pour venir partager les misères et les périls des colons de Montréal, on avait cru qu’elle allait à Paris faire admirer sa beauté. Cette beauté s’était bien altérée ; mais malgré les humbles besognes, les manières de l’héroïne étaient restées nobles et gracieuses.

Le repas terminé, elle mit sa charpie de côté, fit asseoir Élisabeth sur un escabeau à ses pieds, et maternellement entreprit de démêler sa longue et épaisse chevelure.

Elle était à l’œuvre depuis quelque temps déjà quand des aboiements furieux et quelques coups de fusil tirés tout près lui firent tomber le peigne des mains.

Les détonations furent suivies de hurlements affreux ; et, saisie de frayeur, Élisabeth se jeta au cou de Mlle  Mance.

« Ne craignez rien, dit tranquillement l’héroïne après avoir un peu écouté. Ceux qui sont de garde ont tiré sur des Iroquois cachés dans le voisinage. Voilà tout.

— Cela arrive-t-il souvent ? demanda l’enfant épouvantée.

— De temps à autre, répondit Jeanne Mance. C’est pourquoi il faudra être bien prudente. À Ville-Marie, une fois qu’on a franchi le seuil de sa porte, il n’y a plus de sécurité.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria Élisabeth qui tremblait comme une feuille, et, ici, au moins sommes-nous en sûreté ?

— Oui, car la Vierge nous garde… et ceux qui nous défendent sont bien braves, ajouta Mlle  Mance avec fierté. Les Iroquois ont dispersé trente mille Hurons, mais ils n’ont pu forcer ce poste défendu par une cinquantaine de Français… Ils ont toujours la fièvre du sang… la soif du carnage ; mais, maintenant, il y en a parmi eux qui disent : « N’allons plus à Montréal, ce sont des démons. »

Élisabeth la regardait, subitement calmée. Dans sa pensée, elle avait aperçu le brave des braves… elle le revoyait tranquille et fier tel qu’elle l’avait vu dans la salle du fort, et lorsqu’il marchait à côté d’elle dans le sentier que l’ombre commençait à envahir.

Toutes ses craintes s’étaient évanouies. Ah ! comme elle aurait voulu parler du héros de Ville-Marie dont on racontait tant de choses. Mais elle n’osa, et sur un signe de Mlle  Mance, docilement reprit son siège.

« Soyez prudente, dit Jeanne Mance passant le peigne dans les cheveux qu’elle était parvenue à débrouiller ; soyez prudente, mais aussi soyez confiante, car la sainte Vierge nous garde… Je vous assure qu’elle l’a prouvé ; et, croyez-moi, si elle voulait abandonner ses colons de Ville-Marie, elle ne leur aurait pas envoyé Marguerite Bourgeois, créature céleste s’il y en eut jamais.

— Je l’ai vue hier au fort, dit la jeune fille.

— Elle y restera jusqu’à ce qu’elle puisse ouvrir une école. En attendant, elle soigne les malades, blanchit et raccommode les hardes de nos braves.

— C’est une grande consolation pour vous, Mademoiselle, de l’avoir ici.

— Oui, sa présence m’est une douceur et une force. Il lui en a beaucoup coûté pour suivre son attrait ou, pour mieux dire, sa vocation. Elle craignait l’illusion… Puis elle connaissait à peine M. de Maisonneuve, et s’effrayait à la pensée de s’en aller si loin avec lui. Mais son confesseur lui dit : « Le fondateur de Ville-Marie est le chevalier de la Reine du ciel… Mettez-vous sous sa conduite comme sous la garde d’un ange. »

— C’était bien dit. M. de Maisonneuve combat les ennemis de Dieu, comme les anges, et l’on dit qu’il fait de la bien belle musique, répliqua naïvement Élisabeth.

— Marguerite Bourgeois a bien aussi quelques traits de ressemblance avec les anges, dit gaiement Mlle  Mance. Avant de s’embarquer pour le Canada, elle distribua aux pauvres tout ce qu’elle possédait. Je pensais, me disait-elle, que si cela était de Dieu, je n’avais que faire de rien porter pour le voyage ; et je partis, sans sou ni maille, n’ayant qu’un petit paquet que je pouvais porter sous le bras.

— Moi, je trouve ce que vous avez fait plus étonnant, plus terrible, dit l’enfant.

Mlle  Mance sourit.

— Puisqu’on venait à Montréal pour faire la guerre aux Iroquois, qui sont les grands ennemis de la foi, il fallait bien une infirmière, dit-elle. Pas de guerre sans blessés, ma fille, et là où la femme n’est pas, le malade soupire.

— Mais c’est terrible de passer sa vie en crainte.

— Je tâche de faire comme M. de Maisonneuve, qui ne craint que Dieu… Puis, vous le savez, les fondateurs de Ville-Marie n’ont qu’un but, la gloire divine. On ne reçoit pas le baptême pour se tenir à l’écart des intérêts de Jésus-Christ… D’ailleurs, on ne choisit pas sa vocation… Je n’y pouvais rien. Toute mon âme s’en allait vers la Nouvelle-France. Je ne savais trop pourquoi, par exemple, je ne voyais pas ce que j’y pourrais faire… je le compris quand je rencontrai M. de la Dauversière à La Rochelle. Il m’était inconnu… lui, non plus, ne m’avait jamais vue ; mais, me saluant par mon nom, il me parla de cette ville qu’on voulait fonder… de la guerre qu’on aurait à soutenir contre les sauvages, et me demanda si je voulais me charger du soin des blessés. Ma vocation était trouvée, j’étais libre… mes parents n’étaient plus.

Élisabeth ne dit rien. Elle regardait les portraits qui l’intéressaient : elle pensa que cet homme et cette femme étaient morts entourés de tous les secours, de toutes les consolations… assistés par leur admirable fille ; et le souvenir de ses parents à elle… de leur terrible fin traversant tout à coup son âme, elle faillit éclater en sanglots.

Mlle  Mance s’aperçut du grand effort qu’elle faisait pour se contenir, et cette exquise pudeur de la souffrance ajouta à l’intérêt que l’orpheline lui inspirait. Pour l’arracher à ces cruelles pensées, elle reprit vivement :

— Qu’est-ce que le bon Dieu ne peut pas adoucir ? Pendant que je me préparais à tout quitter, j’étais si contente que je n’y comprenais rien. Je n’avais qu’un chagrin… la pensée qu’il n’y aurait pas d’autre femme que moi à Montréal… Mais deux des ouvriers engagés pour Ville-Marie refusèrent de partir si on ne leur permettait pas d’emmener leurs femmes ; et, au dernier moment, Geneviève, que vous avez vue hier, se jeta de force dans le vaisseau. Elle m’a été une auxiliaire précieuse.

— Et vous, Mademoiselle, on dit que vous avez été un ange visible pour les colons.

— J’ai tâché d’adoucir leurs souffrances… leurs héroïques misères… j’ai tâché de remplir mon rôle de femme. Mais n’est-ce pas étrange de me voir ici ?… Tous ces héros sont un peu enfants avec moi… ils m’obéissent tous, ajouta-t-elle, riant.

Elle n’exagérait pas, l’intrépide et l’infatigable ! Son abnégation lui avait acquis un grand empire sur les cœurs. Elle poursuivit :

— La fondation de Ville-Marie était jugée un projet impossible. À Québec, on voulait nous forcer de nous établir à l’île d’Orléans. Mais, à toutes les raisons, M. de Maisonneuve répondit : Je ne suis pas venu pour discuter, mais pour exécuter. Quand tous les arbres de l’île de Montréal se changeraient en Iroquois, il est de mon devoir et de mon honneur d’aller y établir une colonie.

— Et cela ne vous glaçait pas le sang dans les veines, de le suivre ?

— Le renom de cruauté des Iroquois n’était pas sans me donner des transes. Mais notre arrivée à Montréal fut si agréable. L’île nous apparut comme une sorte de paradis terrestre… Tout était si beau, si frais, si tranquille. La messe de ce matin-là nous a laissé à tous un souvenir inoubliable. Et Dieu voulut que les Iroquois fussent plus d’un an sans s’apercevoir de notre présence à Montréal. Cela nous donna le temps de nous bâtir… de nous fortifier… Avec les froids, nous nous attendions à voir apparaître le mal de terre ; mais personne ne fut malade. Cela ne s’était jamais vu dans les nouveaux établissements, et cette préservation nous semblait un encouragement d’en haut. Mais, vers Noël, notre foi fut mise à une rude épreuve. Le fleuve commença à déborder. Personne n’avait prévu ce péril lorsqu’on avait choisi l’emplacement du fort, et l’inquiétude devint bientôt extrême. Songez-y ! nous allions nous trouver sans abri en plein hiver ; les provisions, les munitions allaient être gâtées ; nous allions être à la merci d’ennemis plus féroces que les bêtes des bois… M. de Maisonneuve fit faire une croix, la planta lui-même à quelque distance de la rivière, s’engageant par vœu, si l’inondation s’arrêtait, à la porter jusqu’au sommet de la montagne. L’eau continua de monter. Le 24 décembre, elle dépassa la croix… Ah ! ma chère enfant, quelle veille de Noël !… Jamais je n’ai vu rien de triste comme notre souper ce soir-là… Personne ne parlait, sauf M. de Maisonneuve, qui disait de temps à autre : — Soyez tranquilles… la sainte Vierge éprouve notre confiance, mais elle ne peut pas nous abandonner. Il ne se trompait point : les vagues couvrirent les marches du perron, l’eau monta jusqu’à la porte, mais pas une goutte ne passa le seuil.

— M. de Maisonneuve porta la croix sur la montagne.

— Oui, après en avoir été fait chevalier… C’est un trajet d’une lieue ; mais on se mit aussitôt à ouvrir un chemin, et le jour des Rois, M. de Maisonneuve, chargé de sa lourde croix, gravit la montagne à travers les souches et la neige… Tous les colons suivaient et la croix fut plantée solennellement… Avant que les Iroquois nous eussent découverts, nous y allions souvent en pèlerinage.

— Quel dommage qu’ils n’aient pas été plus longtemps sans s’apercevoir de votre arrivée !

— Ma chère enfant, puisque Ville-Marie est fondée pour étendre le règne de Jésus-Christ, il faut qu’elle porte le signe de la Passion, il faut que tout y saigne, que tout y souffre. C’est au mois d’octobre 1644 que je m’installai à l’hôpital. Ah ! je me rappelle bien ce jour. On veut bien m’accorder du courage ; mais, ce soir-là, comme je me sentis seule et triste… Je me demandais lâchement : Pourquoi suis-je venue ici ? et, une fois dans ma chambre, je pleurai longtemps. Mais bientôt on m’apporta des blessés. Cette terrible guerre de surprises avait commencé… Me sentir utile à ces braves me rendit l’énergie, la gaieté. Le danger devint si grand que M. de Maisonneuve nous obligea tous à nous retirer au fort. Les Iroquois se cachaient partout, dans les grandes herbes… derrière les souches… dans les broussailles… Ils tombaient des arbres, agiles comme des chats sauvages. Nous aurions tous péri bien des fois, sans les chiens qui donnaient l’alarme.

— J’ai beaucoup entendu parler de Pilote, dit Élisabeth, dont un sourire éclaira pour la première fois le visage.

— Pilote mérite sa célébrité… elle éventait les plus fines ruses indiennes. Tous les jours, elle allait avec ses petits faire des rondes autour du fort et dans les bois… Sa constance, son instinct jetaient tout le monde dans l’étonnement. Nos hommes en raffolaient. Ils la disaient invulnérable. Les Iroquois lui ont envoyé bien des balles, mais sans jamais l’atteindre.

— Ils tirent pourtant très bien.

— Oui, mais pas comme plusieurs des nôtres… Avec son mousquet, Lambert Closse mouche une chandelle à plus de cent pas… sans jamais la briser.

En entendant ce nom Élisabeth avait rougi et pâli.

— Est-ce bien vrai que sa blessure n’est rien ? demanda-t-elle d’une voix mal assurée.

— Une simple entaille, dit le docteur Bouchard ; mais, à première vue, cela m’a paru terrible. Le pauvre major était tout en sang… Il me dit : Je vous assure que j’ai bien failli mériter le nom de Crâne sanglant.

— Comment a-t-il pu se dégager ? demanda Élisabeth toute frémissante.



— Comment ? Mais en serrant la gorge de l’Iroquois qui l’avait renversé… J’aurais bien voulu l’étrangler tout à fait, nous disait-il pendant le pansement ; mais, à ses bariolages et à ses plumeaux, j’avais reconnu un chef, et j’ai pensé à cette pauvre petite qu’il faut racheter si elle vit encore… Dans les plus grands périls, il garde tout son sang-froid, toute sa présence d’esprit.

— Je lui dois ma délivrance, dit Mlle  Moyen, joignant les mains avec transport.

— Nous lui devons tous la vie… C’est le grand défenseur de Ville-Marie, répliqua paisiblement Jeanne Mance, qui avait fini sa tâche et promenait le peigne dans la splendide chevelure de la jeune fille.

— Avez-vous jamais vu un combat, Mademoiselle ? demanda Élisabeth, après l’avoir remerciée.

— Un combat ! Mais, chère enfant, nous sommes sur un champ de bataille. Il y a quatre ans, j’ai vu le major, avec un petit bataillon de treize hommes, défendre l’hôpital contre au moins deux cents Iroquois… depuis six heures du matin jusqu’à six heures du soir… Les sauvages l’appellent le Diable blanc, et vraiment son audace, son adresse à manier ses armes semblent surnaturelles. M. de Maisonneuve dit qu’il a l’élan, la première des qualités militaires.

— Il a aussi une grande bonté, dit Élisabeth, qui avait écouté avec un bonheur étrange.

— Oui, il est bon, dit Mlle  Mance, sans remarquer l’effet que l’éloge de Lambert Closse produisait sur l’enfant. Comme tous les sauvages, les Iroquois emportent d’ordinaire leurs blessés et leurs morts, mais il arrive souvent qu’ils n’y peuvent suffire. Alors, au risque de sa vie, le major m’apporte ceux qui respirent encore…

— Les colons de Ville-Marie sont bien généreux, murmura la jeune fille.

— Oui, ce ne sont pas des chrétiens à fleur de peau… On veut faire revivre à Montréal la charité, la pureté de la primitive Église… L’on n’y songe qu’à faire des folies pour Dieu ; et lorsqu’on reproche au major de tant s’exposer, il répond : Je ne suis venu ici que pour combattre et mourir pour Dieu.

Élisabeth avait l’âme haute et noble. Malgré son extrême jeunesse, elle était capable d’apprécier cette parole. Mais sans qu’elle sût pourquoi, elle sentit sa joie se fondre subitement, lui laissant un froid douloureux autour du cœur.