L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Guerre de la Révolution. - Retraite de Washington — Batailles de Trenton, de Brandywine et de Germantown

L’officier anglais questionnant Madame Darrah.

LEÇON XIV.

retraite de washington. — batailles de trenton, de brandywine et de germantown.


1. Le congrès déclara les colonies libres et indépendantes le 4 juillet 1776. Cependant la guerre dura encore plusieurs années pendant lesquelles les Américains firent de nobles efforts pour assurer leur indépendance et expulser entièrement les Anglais.

2. En 1776 les colons éprouvèrent un cruel revers. L’armée du général Washington fut réduite à trois mille hommes et il fut obligé d’évacuer l’Ile Longue (Long-Island) pour passer dans le New-Jersey et, ensuite dans la Pensylvanie. Pendant cette retraite l’armée endura les plus grandes fatigues. Les soldats n’avaient pas assez de vivres ils manquaient aussi de couvertures, de souliers et des choses les plus nécessaires à la vie. Le sol sur lequel ils passaient était souvent teint de leur sang.

3. Au moment des désastres de 1776 le congrès députa Franklin en France pour obtenir de Louis XVI la reconnaissance de l’indépendance américaine et solliciter des secours contre les Anglais. La cour de France ne voulant pas rompre ouvertement avec l’Angleterre refusa d’envoyer des troupes en Amérique ; mais un jeune Français d’une famille illustre, Laffayette, brûlant du désir de combattre pour une si noble cause, équipa un vaissau à ses propres frais et partit pour l’Amérique.

4. Il débarqua à Charlestown fut reçu avec transport par les Américains et voulut servir dans leurs rangs comme simple volontaire. Le congrès accepta ses services ils furent importants et multipliés. Plusieurs Français et d’autres européens, Saint-Ouary, Fleury, l’ingénieur du Portail, l’officier d’artillerie Duplessis, et les illustres Polonais Kosciuszko et Pulawski, à l’exemple de Laffayette vinrent s’enrôler sous les drapeaux de la liberté américaine.

5. Au mois de décembre de la même année 1776 la fortune parut plus favorable aux Américains, le général Washington et son armée retournèrent dans le New Jersey et engagèrent la bataille de Trenton. Dans ce combat les Américains firent un millier de prisonniers. Ces prisonniers étaient des Hessois. Ils venaient du pays de Hesse en Allemagne.

6. Au mois de septembre 1777 eut lieu la bataille de Brandywine (Delaware), et en octobre suivant fut livrée celle de Germantown à six milles de Philadelphie. Dans ces deux batailles l’armée des Américains essuya de nouveaux désastres.

7. Après la bataille de Germantown, la saison étant avancée les anglais se retirèrent à Philadelphie pour y passer l’hiver et l’armée américaine se tint à quinze milles de cette ville.

8. Cet hiver fut très-déplorable pour les Américains. Trois mille d’entre eux tombèrent malades à la fois, et les pauvres soldats mourants de froid et de faim étaient obligés de coucher sans couvertures, sous leurs tentes et de marcher pieds-nus sur la neige et sur la glace.


QUESTIONS.

1. À quelle époque l’indépendance fut-elle déclarée ? Après cette déclaration la guerre continua-t-elle ? Dans quel but les Américains prirent-ils les armes ?

2. Qu’arriva-t-il en 1776 ? À combien d’hommes l’armée de Washington fut-elle réduite ? Où Washington fut-il obligé de se retirer ? Quel fut l’état de l’armée pendant cette retraite ? De quoi les soldats manquaient-ils ?

3. Que fit le congrès pendant les désastres de 1776 ? Que voulait-il obtenir de Louis XVI ? Pourquoi la cour de France refusa-t-elle d’envoyer des troupes en Amérique ? Qui était Lafayette ? Que fit-il dans cette circonstance ?

4. Où débarqua-t-il ? Comment fut-il reçu par les Américains ? Le congrès accepta-t-il ses services ? Quels sont les noms des autres Européens qui vinrent au secours des Américains ?

5. Quand la fortune fut-elle plus favorable aux Américains ? Quelle bataille fut livrée en New-Jersey ? Combien de prisonniers les Américains firent-ils ? Quels étaient ces prisonniers ? De quel pays venaient-ils ?

6. À quelle époque la bataille de Brandywine fut-elle livrée ? Où est situé Brandywine ? Quand eut lieu la bataille de Germantown ? Où est situé Germantown ? Quel fut le sort des Américains dans ces deux batailles ?

7. Où les Anglais passèrent-ils l’hiver ? Et les Américains ?

8. Les Américains n’eurent-ils pas à souffrir pendant cet hiver ? Donnez quelques détails sur les maux qu’ils endurèrent ?


HISTOIRE.

1. Je vous raconterai maintenant l’histoire de Lydia Darrah. Cette dame vivait à Philadelphie avec son mari nommé William.

2. Au moment où se passa l’événement que je vais vous rapporter l’armée anglaise stationnait à Philadelphie, et les Américains étaient campés à quelque distance de là.

3. Un officier anglais logeait dans la maison de William et de Lydia Darrah. Un jour cet officier dit à Lydia qu’il attendait la visite de deux de ses camarades, ce même soir, qu’ils devaient rester tard, qu’elle pouvait se coucher ainsi que sa famille et qu’il l’appellerait pour ouvrir les portes, lorsque les officiers voudraient s’en retourner.

2. Ils arrivèrent dans la soirée. Lydia envoya toute sa famille se coucher de bonne heure. Mais elle resta éveillée. Elle soupçonnait quelque mauvais dessein et ses craintes lui causaient une violente agitation. Elle ne put s’empêcher d’écouter ce qui se disait.

5. Les officiers parlaient d’attaquer le général Washington et son armée par surprise, à deux nuits de là. Lorsqu’elle eut entendu ce complot elle descendit se jeter sur un lit et feignit de dormir afin de ne point donner de soupçons. Bientôt après l’officier appela, mais elle ne vint pas, il appela plus fort, une seconde et une troisième fois, car il croyait qu’elle était endormie. Enfin il descendit et frappa à l’appartement de Lydia : celle ci se leva, débarra la porte de la maison et les officiers s’en allèrent.

6. Lydia fut alors indécise sur le parti qu’elle avait à prendre. Elle n’osait confier son secret à personne pas même à son mari. Le lendemain son plan était arrêté. La famille avait besoin de farine, elle dit à William qu’elle en irait chercher. William lui répondit qu’il voulait y aller lui-même ; mais Lydia le pria tant de la laisser partir qu’il y consentit, tout en trouvant bien singulier que sa femme désirât si fort acheter de la farine.

7. Lydia prit un sac se rendit chez le général Howe chef de l’armée anglaise, lui dit qu’elle desirait aller à un moulin hors de la ville, acheter de la farine, et lui demanda une permission pour passer devant les troupes Anglaises. Il la lui donna.

8. Quand elle arriva au moulin, elle y laissa son sac et s’avança rapidement jusqu’à ce qu’elle vit un officier américain. « Monsieur, » lui dit-elle, « j’ai un secret à vous communiquer » et elle lui raconta ce qu’elle avait entendu dire aux officiers anglais. « Allez trouver le général Washington » ajouta-t-elle « et avertissez le afin qu’il se tienne prêt ; mais ne me trahissez pas. »

9. Alors Lydia retourna au moulin, prit sa farine et revint chez-elle. La nuit désignée pour l’expédition arriva. Les troupes anglaises défilèrent silencieusement hors de la ville et s’avancèrent pour attaquer l’armée américaine. Le général Washington les attendait ; il fit tirer le canon, et ses soldats se rangèrent en bataille. Les Anglais, voyant qu’ils étaient découverts, se retirèrent sans combattre.

10. Le lendemain l’officier anglais appela Lydia en particulier et lui dit d’un air pensif. « Lydia, nous avons été trahis. » « Trahis ; Monsieur ! » répéta-t-elle avec une surprise apparente. « Qui a pu vous trahir ? » « Je ne sais pas, » répartit l’officier et son regard pénétrant se fixait sur la contenance modeste de Lydia. « Quelqu’un de votre famille, peut-être : »

11. « Monsieur, » dit Lydia, « vous m’avez dit de l’envoyer se coucher de bonne heure et je vous ai obéi. » « Êtes vous sûre que personne n’était éveillé ? Quant à vous, vous dormiez, je le sais car je vous ai appelée plusieurs fois et même j’ai frappé à votre porte avant que vous ne m’eussiez répondu. Mais votre famille… »

12. « Monsieur, je vous assure qu’ils dormaient tous — J’en suis certaine, car je les ai envoyés se coucher ainsi que vous me l’avez dit. »

13. « Eh bien, » dit l’officier. « Je ne sais pas qui nous a trahis — mais ce que je sais c’est que nous avons trouvé le général Washington préparé à nous recevoir, et que nous avons été obligés de nous retirer. »