L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Guerre de la Révolution — Batailles de Saratoga et de Monmouth. — Incendie de Fairfield

Le général Putnam escaladant l’escalier de pierre de Horseneck.

LEÇON XV.

guerre de la révolution. — bataille de saratoga et de monmouth — incendie de fairfield.


1. Je vais maintenant vous rapporter un événement qui répandit une grande joie dans toute l’Amérique. Ce fut la bataille de Saratoga. Saratoga est situé au nord d’Albany dans l’état de New-York. Un détachement de l’armée américaine, commandé par le général Gates était près de cette place.

2. Des troupes anglaises venant du Canada sous les ordres du général Burgoyne se dirigèrent sur Saratoga. Là, les deux armées se rencontrèrent et engagèrent une bataille dont les Américains sortirent vainqueurs. Toute l’armée anglaise se rendit et le nombre des prisonniers fut de cinq mille sept cents. Cet heureux événement eut lieu le 17 octobre 1777.

3. Au mois de juin de l’année suivante 1778 fut livrée la bataille de Monmouth à quatre milles de Philadelphie. Le combat fut opiniâtre mais enfin les Anglais pressés de toutes parts abandonnèrent le champ de bataille.

4. En 1779 les Anglais se jetèrent sur le Connecticut et pillèrent la ville de New-Haven, où est situé le collège de Yale. Ils brûlèrent Fairfield, Norwalk et d’autres places. Lorsqu’ils mirent le feu à Fairfield, il survint un violent orage qui ajouta encore à l’horreur de ce spectacle.


QUESTIONS.

1. Quel événement répandit une grande joie dans toute l’Amérique ? Où est situé Saratoga ? Qui commandait l’armée américaine ?

2. De quel pays l’armée anglaise venait-elle ? Qui la commandait ? Où les deux armées se rencontrèrent-elles ? Quelle fut l’issue de la bataille ? Quand cet heureux événement eut-il lieu ?

3. En quelle année fut livrée la bataille de Monmouth ? Dans quel mois ? À quelle distance est Monmouth de Philadelphie ? Donnez quelques détails sur cette bataille ?

4. Que firent les Anglais en 1779 ? Quelles villes brulèrent-ils ? Qu’arriva-t-il pendant l’incendie de Fairfield ?


HISTOIRE.

1. Je vais vous raconter deux histoires ; l’une concernant le général Putnam, l’autre au sujet de Washington,

2. Quand les Anglais eurent incendié Norwalk quinze cents d’entr’eux marchèrent sur Horseneck dans l’île Longue, à treize milles de New-York. Le général Putnam gardait cette place avec cent cinquante hommes et deux canons.

3. Putnam était un homme hardi. Il plaça l’un de ses canons sur un coteau, près de la maison où se tenait l’assemblée des Américains, et dès qu’il aperçut les Anglais, il fit tirer ce canon sur eux. Mais voyant qu’ils s’avançaient toujours, il dit à ses soldats de se réfugier dans un marécage qui était à peu de distance.

4. Putnam resta pour examiner les mouvements des ennemis. Il était à cheval et n’avait aucun moyen de s’échapper parce que la colline était si escarpée qu’aucun cheval ne pouvait en descendre excepté du côté d’où les Anglais approchaient.

5. Le danger était pressant : il aperçut, une espèce d’escalier en pierre d’une centaine de marches, que les habitants avaient pratiqué pour aller jusqu’à la maison de l’assemblée.

6. Il s’agit de la vie ou de la mort, pensa Putnam, et il fit passer son cheval par dessus l’escalier. Les Anglais qui montaient la colline croyaient y trouver leur ennemi et furent très surpris en arrivant au sommet de voir Putnam qui s’enfuyait au galop ; ils craignirent d’escalader l’escalier et se contentèrent de tirer sur lui, mais il n’y eut qu’un boulet qui l’atteignit et ce boulet ne fit qu’emporter son chapeau.

7. Mon autre histoire se rapporte au général Washington. Le trait que je vais vous citer arriva je crois, pendant qu’une partie de l’armée américaine était à West-Point sur l’Hudson à soixante milles audessus de New-York.

8. Non loin de cette place vivait un particulier que le général Washington visitait fréquemment. Il avait été tory, mais alors il prétendait être l’ami dévoué de l’Amérique.

9. Un jour que Washington était allé le voir. « Général, » lui dit-il « voulez vous me faire l’honneur de venir demain diner avec moi ? » « De tout mon cœur, » répondit Washington. « Venez à deux heures » ajouta l’individu, « soyez exact, s’il vous plait, et pour cette fois, général, laissez votre garde chez vous, venez en ami. »

10. Le lendemain à une heure, le général Washington monta à cheval et prenant un chemin de traverse, en une demi-heure il arriva à la maison où il était invité. « Vous êtes bien exact » lui dit son ami, « et vous venez seul. » « Oui » répliqua le général « personne ne m’accompagne. »

11. Le diner n’étant pas encore prêt le général Washington et le particulier allèrent se promener. Ils aperçurent à quelque distance un détachement de cavaliers qui s’approchaient, ils avaient l’uniforme anglais. « Quels sont ces cavaliers ? » demanda Washington. « Dieu me pardonne, ce sont des habits rouges ! qu’est ce que cela signifie ? » et il regarda son ami

12. « Oh ! » répondit ce dernier, on dirait que c’est un détachement de cavalerie légère. Ce sont des Anglais, mais je ne pense pas qu’ils soient mal intentionnés.

13. Dès qu’ils approchèrent l’individu s’arrêtant devant Washington et lui frappant sur l’épaule lui dit : « Général vous êtes mon prisonnier. » « Non » reprit Washington, « vous êtes le mien et voilà mes gens, » continua-t-il en montrant les cavaliers, je leur ai commandé de prendre l’uniforme anglais et de se rendre ici avant que votre parti arrivât. « Soldats, conduisez ce faux ami au camp américain. »

14. Washington accorda la vie à ce traître et lui, rendit sa liberté sous la condition de quitter le pays pour toujours.

15. J’ajouterai encore que cet homme, séduit par la promesse d’une somme immense, s’était déterminé à commettre cette indigne action, et que Washington soupçonna quelque mauvais dessein quand l’individu le pria de venir précisément à deux heures et sans sa garde. J’ignore le nom de l’individu mais l’histoire est véritable.