CHAPITRE XIII

derniers adieux


Sur la route, le fiancé est reparti à l’aube. Vers Saint-Félicien. Il s’en va, revivant son passé, revoyant les gens et les choses de sa vie de défricheur et de bûcheron. Une journée à Saint-Félicien, une journée à Saint-Prime, une journée à Sainte-Edwidge, puis à Saint-Méthode, la paroisse martyre, puis c’est le retour chez les Neuville.

À la porte, il y a un crêpe. La mort a passé ; c’est la veillée mortuaire, puis les funérailles.

Deux personnages assistant aux funérailles devaient exciter la curiosité des badauds.

Le fiancé, qui, triste, mais calme, suivait la morte et une femme vêtue de noir, portant un voile épais au point que personne ne put voir ses traits et la reconnaître.

C’était Rosette, la fille des Sanschagrin.

Au chevet de la mourante, la fille perdue, la femme publique, la tenancière d’un salon de rendez-vous, a finalement été touchée par le repentir. À la mourante, elle a promis de laisser ce commerce immoral bien que lucratif.

À ses parents, elle a répété la même promesse.

— Je ne puis revenir au pays où je vous ferais honte, je ne puis rester en ville dans le monde où la tentation aurait peut-être raison de ma volonté ; mais il y a des maisons de repentir, il y a des institutions, des communautés, où des filles comme moi trouvent un abri contre le mal et les tentations du monde ; il y a des maisons où des filles comme moi peuvent faire de leur vie une vie utile au lieu d’en faire une vie de débauche et de perdition pour leurs semblables.

Lentement, le soir tombe ; bientôt ce sera la nuit. Chez les Neuville, il ne reste que Rosette, son père et sa mère, Irénée le fiancé de la petite morte et les enfants de la famille.

La viveuse convertie enlève le voile qui la masque et au départ de ses parents qui retournent à Saint-Prime, elle dit adieu, adieu au monde, adieu à la vie.