L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PIII XXVI

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 223-224).

SECTION XXVI.
Le Goût et l’Odorat.

Cet accord général des sens paraît avec plus d’évidence encore lorsque l’on considère attentivement ceux du goût et de l’odorat. Nous appliquons métaphoriquement l’idée de la douceur à la vue et au son ; mais comme les qualités des corps, par lesquelles ils sont propres à exciter le plaisir ou la douleur dans ces sens, ne sont pas aussi frappantes que celles qui s’exercent sur les autres, nous renverrons l’explication de leur analogie, qui est très-intime, à cette partie où nous venons à considérer la cause efficiente commune du beau par rapport à tous Tes sens. Je ne pensé pas que rien soit plus propre à établir une idée claire et fixe de la beauté visuelle, que cette manière d’examiner les plaisirs analogues des autres sens ; car il arrive quelquefois qu’une partie évidente pour un de nos sens, est plus obscure pour un autre ; et lorsqu’ils se réunissent par un concours évident, nous pouvons parler de chacun d’eux avec plus de certitude. Par-là ils s’accordent un témoignage mutuel ; la nature est, pour ainsi dire, passée au creuset, et nous n’en rapportons rien qu’elle ne nous ait appris.