L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PIII XXIII

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 216-217).

SECTION XXIII.
L’Élégance et le Spécieux. [1]

Lorsqu’un corps est composé de parties unies et polies, qui ne se pressent pas les unes sur les autres, qui ne montrent ni confusion, ni rudesse, et qui affectent en même tems une forme régulière, j’appelle ce corps élégant. L’élégance a une étroite liaison avec le beau, et n’en diffère que par cette régularité, qui, néanmoins, causant une différence essentielle dans l’affection produite, peut très-bien constituer une, autre espèce. Je comprends dans cette classe, ces délicats et réguliers ouvrages de l’art qui n’imitent aucun objet déterminé de la nature, tels que les élégans édifices et diverses pièces d’ameublement. L’objet qui possède quelqu’une de ces qualités, ou de celles qui appartiennent aux beaux corps, et qu’il y joint la grandeur de dimension, est tout aussi éloigné de l’idée de la pure beauté : Je l’appelle brillant ou spécieux.

  1. M. Burke, a créé un substantif pour exprimer La qualité dont il veut nous donner l’idée, c’est spèciousness ; n’osant prendre la même liberté, je le traduis par l’adjectif spécieux, qui signifie, dans ce cas, beau en apparence.