L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PIII XXII

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 215).

SECTION XXII.
La Grâce.

La grâce diffère peu de la beauté ; elle se compose en grande partie des mêmes élémens. L’idée de la grâce appartient au maintien et au mouvement, lesquels, pour être gracieux, ne doivent offrir aucune apparence de roideur ; ils exigent, au contraire, une légère inflexion du corps, et un arrangement des parties tel qu’elles ne s’embarrassent pas les unes les autres, et quelles ne paraissent pas divisées par des angles aigus et saillans. C’est dans cette rondeur, cette délicatesse d’attitude et de mouvement que consiste toute la magie de la grâce, et ce je ne sais quoi, si délicieux et si vague à la fois qu’on n’a pu le faire sentir que par l’aveu de l’impuissance de l’exprimer : tout observateur pourra s’en convaincre en examinant attentivement la Vénus de Médicis, l’Antinoüs, ou toute autre statue généralement avouée pour un modèle de grâce.