CHAPITRE XVI

LA POLITIQUE DE LA SABOTIERE. INJURES ET FAVEURS SIMULTANÉES. SOUVENIRS D’ENFANCE.


Jean le sabotier ne perdit rien pour attendre le sermon tant redouté ; il fut cependant autre qu’il ne l’avait imaginé. La Reine Lizet aimait trop son fils aîné pour reprocher à son mari d’avoir recueilli l’orphelin de Sauviac. D’ailleurs, il fut facile de voir, le soir même, que Vittorio ne prétendait pas être nourri à rien faire. Sans être commandé, il aida aux soins du ménage, donna la pâture à la chèvre, amusa les tout petits enfants, et se planta ensuite tout rêveur devant les outils du sabotier, en garçon désireux d’être au lendemain pour commencer à s’en servir.

Mais, dès que le sabotier et sa femme furent seuls, la Reine Lizet fit à son mari quelques questions sur l’aventure de Vittorio, afin d’être édifiée touchant la situation de l’enfant ; puis elle dit :

Écoute, Jean, je ne te blâme pas de ton large cœur ; mais il ne fait pas bon avoir l’air de braver les riches. On s’en repent tôt ou tard. Bien que ce garçon ne t’ait pas dit qu’on l’a renvoyé des Ravières, si on y avait fait bon visage à son malheur, il ne s’en serait pas allé, pleurant par les chemins. Or bien ! prendre Vittorio chez nous, c’est comme qui dirait montrer que le riche Chardet des Ravières a moins d’âme[1] qu’un pauvre sabotier. Tout Chizerot qui louera ta conduite ne manquera pas de se moquer de l’avarice de maître Chardet. Je ne dis pas, entends-tu, que ce soit par avarice qu’il ait renvoyé cet enfant. Est-ce qu’on peut connaitre les idées du grand monde ?… Mais les mauvaises langues baptisent toujours les choses par leur plus vilain nom, et, de ce coup, maître Chardet te sera ennemi. Il a eu la bonté d’attendre pour la location de notre maison ; il ne mérite pas que nous payions d’un affront cette patience.

— Mais, dit le sabotier en se grattant la tête, tu veux donc que, crainte des bavardages, je mette, moi aussi, ce pauvre garçon à la porte ?

— Non, mon homme, mais que tu ailles demain faire ta soumission au maître des Ravières, lui dire comment tu as trouvé cet enfant, lui demander s’il ne lui déplaît pas que tu le gardes chez nous comme apprenti sabotier. Après l’on jasera dans Uchizy si l’on veut ; tu auras agi sagement, et Claude Chardet n’aura pas de sujet d’être en malice contre toi. »

Le lendemain, après le repas de midi, Jean Lizet passa sa veste, et, sans rien dire à Vittorio, il s’en alla aux Ravières, où il trouva Claude Chardet et son fils occupés à relever des comptes dans la salle basse du logis vieux. Cette revue faite des intérêts touchés, des sommes reçues et des créances en souffrance rappela à Claude Chardet la location en retard du sabotier. Si le maître des Ravières n’était pas homme à

XVI
Un jeune garçon, un bébé sur les genoux. Le garçon tient dans la main une silhouette en papier que le bébé souhaite attraper. Trois petits les entourent.
Un jeune garçon, un bébé sur les genoux. Le garçon tient dans la main une silhouette en papier que le bébé souhaite attraper. Trois petits les entourent.
vittorio amusa les petits enfants.


harceler les gens, il n’avait cependant pas la bonhomie de ne pas leur rappeler leurs dettes. Il salua donc Jean Lizet de ces mots :

« Ah ! ah ! Jean Lizet, je lisais ton nom sur ma liste de locataires… Est-ce que tu viens m’apporter un acompte sur ce que tu me dois ?

— Je le voudrais bien, maître Chardet ; mais entre souhaiter et pouvoir, il y a loin, répondit le sabotier qui s’embrouilla dans une série d’explications confuses, jeté hors de son sujet par cette question embarrassante.

— Allons ! tu as quelque chose à me demander alors ! dit le maître des Ravières. Ce n’est pas la peine pour ça de prendre cet air à porter le diable en terre. Je ne suis pas si méchant que j’en ai l’air. De quoi as-tu besoin ? Je t’estime, je sais que tu ne perds pas ton temps à niaiser, à courir les cafés ; si tu es dans la gêne il n’y a pas de ta faute. Que te faut-il ? Est-ce de l’argent ? Je t’en prêterai tout de même. Tu as bon courage, et me le rendras à la longue.

— Bien grand merci, maître Chardet, répondit le sabotier tout réconforté par cette offre. Il ne s’agit que de votre agrément pour garder chez moi le fils du rebouteur. »

Et, sans remarquer que Claude Chardet avait bondi sur sa chaise à ce nom, et que maître Philibert avait laissé tomber ses mains un gros registre, Jean Lizet raconta sa rencontre de la veille ; il dit ensuite comment il avait cru peu délicat de garder chez lui cet enfant, sans en demander la permission aux gens qui l’avaient hébergé tout d’abord.

« À quoi bon demander une permission pour bien faire ? dit maître Philibert. N’êtes-vous pas, Jean Lizet, libre dans votre maison ?

— Tais-toi, Philibert ! » s’écria Claude Chardet d’un air transporté.

Mais était-ce de colère ou d’émotion ? C’est ce que ni son fils ni le sabotier ne devina.

« Et toi, continua le maître des Ravières en s’adressant à Jean Lizet, combien as-tu d’enfants, dis-moi : quatre ou cinq ?

— J’en ai, ma foi, bien six qui ont toutes leurs dents, et qui mangent, les enragés, comme si j’avais les revenus d’un château.

— Tu as peine à les nourrir, et tu rognes leurs parts pour un étranger !… Tu n’es qu’un imbécile ! cria Claude Chardet, tu gueuseras toute ta vie… »

Puis, après avoir frappé du poing sur la table, il prit une feuille de papier, y griffonna quelques mots de sa haute et large écriture de paysan, et la tendit au sabotier en lui disant d’un ton radouci :

« Tiens, Jean Lizet, voilà ta quittance de l’année dernière et de l’année qui court. Va me chercher Vittorio et amène-le-moi ici avec ses paquets.

— Oh ! maître Chardet, n’ayez crainte, je vous payerai peu à peu, dit le sabotier, car accepter un tel cadeau… »

Le poing de Claude Chardet reprit son chemin vers la table ; mais il s’arrêta en route, et vint s’aplatir sur l’épaule du sabotier.

« Quand je te dis que tu es un imbécile !… Vas-tu pas faire des façons !… Si tu ne prends pas cette quittance, tu sais que je suis dans tous mes droits pour te chasser de ma maison à la Saint-Martin et je ne m’en priverai pas. »

Alice et Paul, transportés de joie, allèrent au-devant de leur ami, qui vint aux Ravières un quart d’heure après, mais sans y apporter ses paquets. Il supplia maître Chardet de le laisser en apprentissage chez le sabotier, en alléguant qu’il préférait cet état à celui de cultivateur. Il promit de passer aux Ravières toutes ses heures de liberté ainsi que ses dimanches, et l’on dut se rendre aux désirs du jeune garçon, qui les exprima avec une fermeté douce, en les appuyant sur la reconnaissance qu’il devait à Jean Lizet, et sur son en vie personnelle d’apprendre vite à gagner sa vie.

Claude Chardet vit bien un ressentiment de fierté dans ce refus de s’installer aux Ravières ; ce sentiment ne lui déplut pas ; il aimait les caractères tranchés, et de ce jour il tint Vittorio en plus haute estime qu’autrefois.

La ménagère de Jean Lizet n’eut pas à se plaindre d’avoir à défrayer un pensionnaire, tante Catherine s’étant mise à lui envoyer, chaque semaine, soit un panier de fruits, soit une tourte mollet, soit une corbeille de légumes, soit encore des hardes propres à servir à sa nichée d’enfants. Mais bientôt l’oncle Philibert eut à se plaindre de ses élèves.

Paul surtout n’étudiait plus, n’écoutait plus son professeur que d’une oreille distraite. Dès qu’on n’avait plus l’œil sur lui il disparaissait, et la pauvre Alice le cherchait vainement dans tout le domaine. Il revint un jour avec une forte entaille à deux doigts de la main gauche, qu’il s’était faite dans l’atelier de Jean Lizet, en voulant, lui aussi, creuser des sabots. En véritable enfant, Paul s’était engoué du nouveau métier de son ami, et il vivait plus aux Effossés qu’aux Ravières. Vittorio étant sabotier, Paul voulait le devenir ; pendant que son oncle lui débrouillait un texte latin, ou lui faisait une démonstration de mathématiques, la pensée de son élève creusait des pièces de bois ou traçait des losanges sur une empeigne de sabot.

C’est que pour avoir été sur le point de perdre à jamais son ami, Paul et même Alice l’aimaient mieux que jamais. Dans leur visite aux Effossés, ils le questionnaient curieusement sur son enfance, maintenant qu’ils le savaient seulement le fils adoptif de Jacques Sauviac. Il ne leur répondait que par propos interrompus, au milieu du bruit que faisait la petite marmaille des Lizet ; mais, un dimanche que la sabotière avait prié l’apprenti de mener paître la chèvre sur le communal qu’on appelle le Roux, Vittorio put satisfaire tout à son aise l’amicale curiosité de Paul et d’Alice.

Ils avaient renoncé sans peine, pour passer l’après-midi avec lui, à une course en voiture que l’oncle Philibert faisait à Virey, et tante Catherine n’avait pas hésité à confier ses deux enfants à la bonne garde de Vittorio. Alice s’amusait à faire la pastoure, en cueillant à pleines mains les brins de serpolet qui croissent autour des blocs de pierre dont la prairie du Roux est émaillée, et en les offrant à la chèvre. Celle-ci ne donnait aucune peine à ses gardiens. Satisfaite de brouter l’herbe courte et parfumée de ce plateau rocailleux, elle s’écartait peu. Le bruit de sa clochette révélait si bien, à chaque instant, son voisinage, que les trois enfants purent s’asseoir à l’aise sur une assise de granit noirâtre, et causer ensemble du passé de Vittorio, dont ils étaient uniquement occupés depuis quelque temps.

Afin de les contenter, Vittorio rassembla ses souvenirs, tout en leur avouant qu’ils se réduisaient à peu de chose.

« Il y a deux ans, leur dit-il, je n’aurais rien su vous dire ; c’est à mesure que je grandis que la mémoire me revient par échappées. Ainsi, tenez : le jour où je vous ai rencontrés sur la route de Chardonnay, je m’étais oublié dans le bois de pins que vous voyez là-haut, sur le coteau de Marna. L’odeur de ces arbres, le sol, roux de leurs aiguilles séchées, leurs festons découpés sur le ciel qui était orageux, tout cela m’avait rappelé un paysage d’un autre temps. Je m’étais couché à terre, j’avais fermé les yeux pour revoir, quoi ? en moi-même : le paysage où s’était passée mon enfance et qui ne s’était jusque-là présenté à mon souvenir que tout blanc ou tout rouge.

— Comment donc ? lui demanda Alice.

— Blanc de neige, ou enflammé par l’incendie. À Marna, je revis pour la première fois comme un tableau déroulé dans ma tête. Je compris que c’était ma montagne ; elle ne ressemblait que peu à votre Marna, mais tout à coup celui-ci me l’avait rappelée. Je vis donc ses bois résineux, sur lesquels erraient des vaches blanches tachées de noir, dont les clochettes tintaient, ses ruisseaux coulant clairs dans leurs lits de cailloux étagés, et, au milieu de ce paysage, il me sembla me revoir, moi, tout petit, vêtu d’une jaquette bleue, d’un gilet rouge, gardant ces vaches en chantant à tue-tête, et m’amusant à lancer des pierres dans le torrent. Ce fut une vision très précise que le premier coup de tonnerre roulant sur Marna fit disparaître.

— Est-ce que tu es sûr que ce n’est pas là une imagination ? lui demanda Paul. Puisque tu ne connais pas tes parents, cela me ferait plaisir de croire que tu es le fils d’un prince. On voit des histoires comme cela dans les contes.

— Oui, dans les contes seulement, reprit Vittorio, qui ne put s’empêcher de sourire. Je suis tout à fait certain que ma naissance n’a rien d’illustre, comme on dit en style de fable. La preuve, c’est que le seul détail qui m’eût échappé, la physionomie de la maison paternelle, m’est revenu il y a deux mois, pendant que je feuilletais l’album de vues que l’oncle Philibert a rapporté de son voyage en Suisse. Cette maison était surement un chalet avec ses balcons découpés, son toit en auvent. Je suis du côté de la Suisse, crois-le, car, en arrivant à Mozat, je n’entendais pas le patois auvergnat, et c’est peut-être le travail qui a dû se faire dans ma tête pour le parler qui a brouillé mes souvenirs. Pendant longtemps ils ont comme dormi en moi. Il paraît que, durant toute une année, j’ai réclamé ma mère, et pleuré chaque soir, ce qui n’a pas contribué à me faire trouver aimable par Mme Sauviac. Enfin je me suis habitué à ma nouvelle vie, et c’est en grandissant tout à coup sans même que j’y pense, que chacun de mes souvenirs se réveille dans ma tête et me raconte des choses oubliées.

— Mais le nom de ton village, de ton père, ne te sont pas revenus ?

— Pas du tout. J’ai pourtant fait bien des efforts pour les retrouver. Il faut que j’y renonce. C’est un peu la faute de mon père Sauviac, qui n’aimait pas que je le questionnasse sur tous ces sujets. À force de vivre avec moi, il m’aimait comme son fils, et il aurait voulu m’habituer à le considérer comme mon véritable père. Mes souvenirs d’enfance ne pouvaient, selon lui, que m’attrister, et il répondait à toutes mes demandes : « De quoi t’inquiètes-tu ? Que te manque-t-il ? Tous les orphelins ne retrouvent pas un père. Est-ce que je n’en suis pas un pour toi ? Ne te tracasse pas l’esprit de ton passé. Prie pour tes pauvres parents, c’est ton seul devoir envers eux. » Je sais seulement que c’est mon oncle, ruiné aussi par cet incendie, qui m’a confié à mon père Sauviac avant d’émigrer en Amérique ; il m’avait cru trop faible pour supporter la traversée.

— Mais ta mère, dit Alice, tu ne te souviens pas du tout de ta mère ?

— Oh ! si, et je suis sûr qu’elle m’appelait Torio, toujours Torio, et d’une voix si douce ! c’était comme de la musique. Tiens, Alice, il n’y a que la tienne qui me l’ait jamais rappelée. Quelquefois, quand je suis à l’autre bout du jardin et que tu me cries : Torio ! Torio ! mon cœur saute d’un seul coup dans ma poitrine. Je ne sais plus si c’est ma mère ou toi qui me parle.

— Mais sa figure, son nom ?

— Rien, je ne sais rien de plus. Mon seul souvenir précis est celui de sa voix dont elle me chantait des chansons à refrains pour m’endormir. C’étaient des cantiques ou des compliments dont quelques fragments d’airs me sont restés. Je les ai chantés à l’oncle Philibert ; il dit que c’est de la musique italienne, que cela ressemble aux cantiques vénitiens, chantés devant les madones des lagunes.

— Nous étions en Suisse avec ton chalet, nous voici à Venise avec tes cantiques, dit Paul avec un peu de mauvaise humeur. Comment veux-tu que nous devinions d’où tu viens ?

— L’oncle Philibert y a renoncé, dit Vittorio, mais pas moi. Voici ce que je ferai plus tard. Quand je saurai un état et que j’aurai déjà économisé un peu d’argent, je m’en irai de ville en ville pour exercer mon métier. Je parcourrai ainsi la Suisse et tout le nord de l’Italie. Je visiterai surtout les villages situés au pied des Alpes et des Apennins. J’apprendrai ainsi lequel d’entre eux a été brûlé dans l’été de 1852. Ce sont des événements qui ne s’oublient pas, et l’on a dû reconstruire des chalets autour de l’église et du presbytère, qui seuls n’ont pas été brûlés. Cela a été affirmé devant moi, par mon père Sauviac, au curé de Mozat… Je finirai bien par trouver mon village.

— Peut-être ton père t’a-t-il laissé du bien, dit Paul. Tu en hériterais.

— Oh ! ce n’est pas cela qui me préoccupe. Pour sur, mon père a été ruiné. Il ne devait rien posséder au monde que son chalet et son bétail ; mais je n’aurai pas le cœur en repos tant que je n’aurai pas pu prier sur la tombe de mes parents. Tous ces souvenirs, vois-tu, c’est comme une énigme dont je ne sais pas le mot et qui me tourmente la tête. Quand ma recherche aura réussi, je verrai au clair tout le long de ma vie ; les gens de ce village se rappelleront mon père et ma mère ; ils me parleront d’eux, me les feront connaître, et je quitterai content mon pays natal.

Tu y trouveras peut-être cet oncle qui t’a donné à Sauviac avant de partir pour l’Amérique, lui dit Paul.

— S’il était revenu du nouveau monde, il serait allé me réclamer à Mozat. Tu sais d’ailleurs ce que nous lisions hier sur le sort des émigrants en Amérique : ou ils s’y plaisent tant qu’ils en oublient leur patrie ; ou ils se prennent de nostalgie et meurent bientôt.

— Ce Paul ne pense qu’à l’intérêt, dit Alice. Moi, je préfère que Vittorio ne retrouve personne de sa famille. Il me semble qu’il nous aimerait moins… Et il y a une chose qui me fâche dans ton projet, Vittorio, c’est que tu parles de voyager, de t’en aller bien loin. Est-ce que tu ne t’ennuieras pas loin d’Uchizy, comme je m’ennuierai, moi, de ne plus te voir ?

— Mais j’y reviendrai toujours, dit Vittorio. Est-ce que vous n’êtes pas ceux que j’aime le mieux au monde ? Seulement ce n’est pas ici que je pourrai gagner assez, étant grand, pour venir en aide à ma mère Sauviac, comme je le dois. Elle a eu beau refuser par fierté, elle m’a nourri étant petit, je dois la nourrir dans sa vieillesse.

— Quoi ! tu ne gagneras pas assez pour cela en faisant des sabots ? » demanda Alice toute rêveuse.

Paul éclata de rire à cette naïveté.

« Nous sommes riches, dit-il à son ami d’un ton sérieux ; nous t’aiderons. »

À son tour, Vittorio se prit à sourire et il répondit :

« Merci, non. Ce n’est pas toi, mais moi qui dois faire ma destinée. À chacun son devoir. Tu n’as que celui de m’aimer, parce que je t’aime. »

  1. Cette expression, qui peut paraitre recherchée dans la bouche d’une paysanne, est foncièrement chizerote. Âme veut dire à la fois esprit et cœur dans le patois du village, et ce mot s’y prononce avec une légère altération. On y dit : éme.