L’Ombre des roses/Nieuport-Ville


NIEUPORT-VILLE.


à Mme L. G.


À Nieuport-Ville, où les hirondelles sont dames,
Rien ne vit plus autour du clocher rond
Que leur douce et criarde prière, pour les âmes
Des femmes qui sont toutes mortes dans les maisons,
Et des hommes qui, sans doute, en mer mourront…

À Nieuport-Ville, les géraniums seuls sont aux fenêtres,
Et l’océan est au delà du canal blanc
Et des écluses peintes, mais le soir, on l’entend
Crépiter tendrement, comme s’il arrivait, peut-être
Du bout du monde, pour chanter avec les hirondelles, à vêpres.

À Nieuport-Ville, il y a des rues larges, avec au bout,
La voile rouge d’un bateau restée debout,
Plus loin des arbres en procession légère…
Et au ciel tous les bleus et tous les verts de la mer.

À Nieuport-Ville, j’ai pensé que St-François
Le « Vilain Petit Frère », celui d’Assise,
Aurait peut-être, de par sa belle et bonne Foi,

Mené tous les petits poissons droit dans l’Église…
Et les oiseaux, et ceux de l’air et ceux de l’eau,
Et fait éclore joyeusement mille merveilles,
Et mille douces Fioretti nouvelles.