L’Instant éternel/Tout parle de départ

E. Sansot et Cie (p. 170-171).


TOUT PARLE DE DÉPART…


Tout parle de départ, le vent du sud qui passe,
Les tilleuls effeuillés,
Et le grand fleuve ouvrant, aux confins de l’espace,
Ses yeux ensoleillés.

Tout parle de départ, le souffle des eaux bleues,
Le pont profond et noir,
Une barque qui vient de faire tant de lieues
Dans la lune et le soir.

Tout parle de départ, le silence à ma porte,
Et mon âme tout bas,
Et, surtout, cet émoi plus vif qui me transporte
Au-devant de son pas.

Tout parle de départ, mes pleurs dans mes mains nues,
L’horloge, le destin,
Et le vol véhément et si changeant des nues
Sur le ciel du matin.


Tout parle de départ, la lampe qui se voile
Et dont meurt le regard
Sur mon cœur et mon livre, en un reflet d’étoile…
Tout parle de départ…