L’Instant éternel/Pressentiment

E. Sansot et Cie (p. 168-169).


PRESSENTIMENT


Le soleil est plein de feuilles et d’ombre,
Les lis sont mourants,
Et pour voyager, nuages errants,
Vous êtes sans nombre.

Je sens répandu sur le firmament
Un poignant silence…
Prends garde, ô mon cœur, dans cette heure intense,
À ton battement…

Que se passe-t-il qui me rend si lasse
De tout l’air d’été ?…
Que se passe-t-il dans cette clarté,
Qu’un souffle déplace ?…

Ma vie est mouvante et l’arbre est mouvant,
Leur ardeur succombe…
Et d’elle et de lui quelque chose tombe
Dans le même vent…


Mon âme s’affaisse et la terre est chaude,
Ô lourde douceur !…
Tout autour de toi, prends garde, mon cœur,
Quelque chose rôde…

Quelque chose a l’air de fuir de mes mains,
Ma robe frissonne…
Tout se tait… Pourtant, quelque chose sonne
Dans les lendemains…