L’Instant éternel/Mon âme, un peu de paix

E. Sansot et Cie (p. 221-222).


MON ÂME UN PEU DE PAIX…


Mon âme un peu de paix, mon âme un peu de calme,
Désirez la douceur, désirez la bonté,
Ayez le rythme lent et noble de la palme
Quand, dans le jardin chaud, souffle le vent d’été.

Vous pleurâtes, c’est bien… Vous pouvez mieux encore :
Améliorez vos pleurs… Semez dans votre champ…
Travaillez, le matin, d’avoir goûté l’aurore,
Reposez-vous, la nuit, d’avoir vu le couchant…

Combattez-vous, mon âme… Ayez l’ivresse grave
De vous sentir meilleure au soir de chaque jour,
Et cela, parce que, dans une ardeur suave,
Vous porterez en vous l’amour de votre amour.

Ayez le culte grand, secret de votre peine,
Mon âme abîmez-vous dans un silence pur,
Soyez l’auguste sol où l’on jette la graine,
Et l’onde recueillie où se verse l’azur.


Non, point de désespoir misérable et farouche,
De stérile regret, de dépit véhément,
Soyez, quand vous souffrez, la forêt qui se couche
Et répand son parfum dans ce beau mouvement.

Ah ! le meilleur de vous, pauvre âme, c’est vos larmes,
Eh bien ! jusqu’à l’extase, au fond des soirs passés,
Au bord des soirs présents, pleins de douloureux charmes,
Ma belle âme, aspirez l’odeur des pleurs versés…

Devenez sage, juste, afin que nulle offense
Ne soit faite par vous à votre amour si cher,
Vivez dans le devoir, l’orgueil et l’innocence,
Mon âme, méritez d’avoir autant souffert…